Le bluff commercial chinois (III)

Publié le par Alexandre Anizy

3ème exportateur mondial, la Chine connaît des taux importants de croissance de ses exportations : + 44 % en Europe, + 30 % aux USA, 1er fournisseur du Japon. En tout, 177 Milliards USD d’excédent commercial en 2006. Le PIB est tributaire à 70 % des ventes hors de Chine.

Cette configuration ne peut pas tenir longtemps : le marché domestique doit prendre le relais pour devenir le pilier de l’activité économique. Car actuellement, la Chine est d’autant plus vulnérable que 60 % de son commerce extérieur est réalisé par des sociétés à capitaux étrangers, 40 % avec des entreprises totalement étrangères.

« Ce n’est pas la Chine qui exporte ses produits mais les pays développés qui sourcent leurs produits en Chine. (…) Bref, il ne faut pas confondre le made in China et le made by foreigners in China. » (Thierry WOLTON, le grand bluff chinois, page 98).

Quant aux champions chinois comme TCL, LENOVO, HAIER, BOASTEEL, ils doivent leurs performances plus au soutien de l’Etat qu’à leurs capacités commerciales. « Soyez global, a dit le Parti Communiste à ces entreprises,  en leur octroyant des surcapacités d’investissement (…) se contenter d’une rentabilité sur capitaux très inférieure à celle exigée par les actionnaires des firmes occidentales » (T. WOLTON, idem, page 105)

Depuis son adhésion à l’Organisation Mondiale du Commerce (OMC) en 2001, 700 procédures anti-dumping ont été ouvertes. « En entrant à l’OMC, la Chine voulait le beurre, elle a eu aussi l’argent du beurre. Elle tient toujours la concurrence à distance sur son marché intérieur (…) » (T. WOLTON, ibidem, page 106)

1.100 Milliards USD de réserves de change : que fait la Chine de son pactole ? Elle achète des Bons du Trésor américain : c’est le 2ème détenteur après le Japon. C’est ainsi qu’elle veut empêcher la hausse des taux d’intérêt américains pour que la consommation ne faiblisse pas, ce qui soutient les exportations chinoises qui, rappelons-le, représentent 70 % de la production. Le Japon et la Corée du Sud agissent aussi de la sorte.

Parce qu’il n’est pas utilisé pour développer le marché domestique, pour investir dans la Recherche et Développement et dans la production de produits à plus forte valeur ajoutée, le succès commercial de la Chine a son revers : une pression à la hausse inéluctable du yuan. Or, si sa monnaie s’apprécie, les prix de vente des produits chinois augmenteront, ce qui fera baisser le niveau des exportations : alors le taux de croissance passera sous la barre fatidique des 7 %, et la Chine rentrera dans une période de récession.

Alexandre Anizy
P.s : 4 notes à suivre sur la Chine.