Epargnants de la Northern Rock Bank, sauvez-vous !

Publié le par Alexandre Anizy

C’est en Grande-Bretagne que le marché financier se fissure, ce qui n’étonne personne, tant ce pays est inféodé aux USA.

Parce que la 8ème banque de ce pays, la Northern Rock Bank, ne trouvait plus un seul prêteur sur le marché interbancaire, la Banque d’Angleterre a dû se résoudre à jouer son rôle de prêteur en dernier ressort. 
Comment analyser ces informations ?

La Northern Rock Bank est touchée par la crise américaine des crédits immobiliers à risque, où elle s’est lourdement engagée. Les experts financiers le sachant, les ordres des gros clients (des institutionnels, des banques : ils ont accès aux bonnes informations…) pour solder les comptes avec cette banque sont partis : en fermant leurs comptes, ces grands opérateurs ont placé la Northern Rock dans une situation délicate, que les confrères n’ignorent pas … Les marchés financiers fonctionnant par mimétisme(s) (voir les travaux remarquables de l’économiste André ORLEAN), le phénomène de rejet a pris de l’ampleur pour aboutir à un refus général de prêt sur le marché interbancaire. C’est à ce moment-là que la Banque d’Angleterre est obligée d’intervenir.

Vendredi 14 septembre, les épargnants ont retiré 1,5 Milliards d’euros des caisses de cette banque. Le soir, l’action de la Northern Rock Bank a chuté de 30 % à la bourse : l’effet mimétique était à l’oeuvre.

Qui reproche aux gros clients de s’être enfuis ? Personne.
Qui reproche aux autres banques d’avoir refusé de prêter sur le marché interbancaire ? Personne.
Mais que lit-on à propos des « petits épargnants » ? 
« Les clients paniqués se dépêchent de retirer leurs économies » ; « des milliers de clients affolés de la Northern Rock Bank se sont rués » etc.
Quand les spécialistes quittent le navire en perdition (information qu’ils détiennent en primeur), ils agissent en gestionnaire responsable ; quand les clients lambda vont sauver leurs économies, ils se comportent comme des sauvages ayant perdu la raison (voyez les mots : paniqués, affolés…). Vous avez saisi tout ce qu’il y a de méprisant dans cette représentation différente d’une même opération de salut personnel.   

Car en fait, les petits épargnants prennent eux aussi une sage décision : en cas de faillite, il faudra bien qu’il y ait des perdants…
Le comble de l’hypocrisie a sans doute été atteint, quand l’Association des Banquiers Britanniques (BBA) a affirmé qu’il n’y a « absolument aucune raison que les clients (de Northern Rock Bank) dépositaires ou emprunteurs s’inquiètent ». Si c’était vrai, pourquoi n’ont-ils pas soutenu leur confrère sur le marché interbancaire au moment opportun ?
Les conseilleurs ne sont jamais les payeurs.

Epargnants de la Northern Rock Bank, soyez raisonnables : reprenez l’oseille et tirez-vous !

Alexandre Anizy