La gauche est-elle sauvée si Bernard-Henri LEVY en est ?

Publié le par Alexandre Anizy

Après « American Vertigo » (au demeurant, un modèle du genre « name droping ») qui nous avait saisi de vertige, non pas à cause de la profondeur de ses propos mais plutôt pour l’indigence de ses pensées, le milliardaire Bernard-Henri LEVY vient de commettre un nouveau pensum, « ce grand cadavre à la renverse » (Grasset, 420 pages, 18,50 €), où il nous explique pourquoi il est de gauche, et que nous résumons ainsi :

  • Vichy est un fascisme ;
  • La guerre d’Algérie (« J’appelle gauche le parti de ceux qui croient que le colonialisme, la soumission d’un peuple à la loi d’un autre peuple, est un crime, lui aussi, inexpiable » Nouvel Observateur 4 octobre 2007, page 12) ;
  • Mai 68 (nouveaux droits, libertés nouvelles, émancipation de la femme, acte de naissance d’un antitotalitarisme de gauche et de masse) ;
  • Affaire Dreyfus (la défense des Droits de l’Homme à travers le cas d’un homme, de la liberté, de la vérité, de l’esprit critique, de la laïcité… le parti d’un individu contre la Déraison d’Etat).

Si penser de la sorte vous estampille « de gauche », alors nous connaissons beaucoup de « Jourdain » à droite !

Hormis la question de Vichy, où le radicalisme primaire du « nouveau philosophe » se répand sans mesure, ce qui est regrettable puisque cela occulte le fait que l’idéologie de Vichy imprègne toujours la pensée de l’oligarchie française, tout le monde peut souscrire à cette « charte de gauche ». Alors, est-ce vraiment sérieux ?

 
Michel ONFRAY écrit ce qui se cache derrière la « pensée de gauche » du milliardaire Bernard-Henri LEVY : « Une détestation de la gauche « de gauche » au nom de sa gauche « de droite » ; un fétichisme de l’Europe libérale ; une passion pour l’Amérique porteuse de vraies valeurs – ah ! Cette phrase qui brille comme une lame de guillotine : « l’antiaméricanisme est une métaphore de l’antisémitisme » ; une célébration du commerce et de l’argent qui libèrent et civilisent ; autrement dit, un corpus idéologique très compatible avec la droite libérale de BAYROU et SARKOZY – sinon de la « gauche » de Ségolène ROYAL… »

Il est quand même curieux que le milliardaire Bernard-Henri LEVY de gauche ne dise rien sur la question sociale, ce qui explique sans aucun doute son incapacité à analyser politiquement « le poids absurde, inexplicable » de la gauche antilibérale. Et Michel ONFRAY de souligner : « Quand dira-t-on le rôle de la gauche caviar dans l’exceptionnelle bonne santé du Front National depuis le renoncement à la gauche de Mitterrand en 1983 ? »
On pourrait dire aussi sous le règne du « francisquain Mitterrand », pour revenir aux propos précédents de BHL.   

Le milliardaire Bernard-Henri LEVY est un libéral. Il est aussi un homme rationnel. En économie, cela donne un comportement sur les marchés : il privilégiera toujours son intérêt personnel, même contre l’intérêt général. C’est humain, et nous ne lui jetterons pas la pierre quand, en dernière analyse, il protégera ses biens dans ses choix politiques.  

La gauche caviar, dont BHL fait partie, est de retour : n’est-ce pas elle qui va héberger l’organisation royaliste ? Et tant que la gauche sera portée, structurée par des personnages de cet acabit, on peut être sûr que rien ne changera au royaume de France.

Alexandre Anizy