Le débat fracassant selon Jean-Christophe CAMBADéLIS

Publié le par Alexandre Anizy

Pour Jean-François CAMBADéLIS, l’objet du prochain congrès du Parti Socialiste doit être « la modification du code génétique du PS », à savoir une émancipation de la théologie de la rupture avec le marché : « il s’agit d’une mutation idéologique, stratégique et organisationnelle » (dans le Nouvel Observateur du 4/10/07).

D’abord, il est suspect d’entendre un socialiste, qui plus est un ex lambertiste (organisation trotskiste ayant le goût du secret, de l’entrisme, bref, de la manipulation), utiliser des termes qui renvoient au « sacré » pour parler, en dernière analyse, du rejet du capitalisme.

Les mots ne sont jamais anodins.

Ensuite, il nous semble que tous les politologues sérieux estiment que les socialistes français ont accepté dans la pratique les règles de l’économie de marché en 1983, car dans la théorie c’est en 1920 que la mutation idéologique s’est produite. Il faut donc croire que CAMBADéLIS et ses amis préparent un nouveau maquillage de leur positionnement politique.

Enfin, pour la mutation stratégique et organisationnelle, le domaine d’expertise de monsieur CAMBADéLIS, il est certain qu’elle se produira. Selon les desiderata de CAMBADéLIS ? C’est une autre histoire.

 
Quel est le fond de ce débat fracassant ? D’aucuns comme Jean-Luc MéLENCHON considèrent que la mondialisation est un obstacle pour des réformes locales et qu’il convient par conséquent de résister à l’expansion de la marchandisation des choses : cette position a le mérite de la cohérence. D’autres, comme Laurent FABIUS, Henri EMMANUELLI, Lionel JOSPIN, croient dans la possibilité des réformes, mais la conquête du pouvoir ne peut réussir que sur une mystification, à savoir la contestation de la mondialisation : ceux-là sont bien dans la lignée des BLUM, MENDèS-FRANCE, MOLLET, MITTERRAND. Pour les amis de CAMBADéLIS, la mondialisation est une chance si on trouve « une nouvelle voie qui mêle efficacité, justice et développement durable » : on ne voit pas très bien quel homme politique français ne serait pas d’accord avec ce triptyque…

En fait, le « nouveau socialisme, c’est l’émancipation individuelle et collective », comme Vincent PEILLON l’analyse aujourd’hui : « le socialisme de JAURès  ne voyait pas de contradiction entre l’émancipation individuelle et l’émancipation collective ». En effet, il nous semble que même un marxiste, s’il place ces 2 émancipations dans un rapport dialectique, n’en conclue pas forcément à une contradiction.

Alors qu’est-ce qui est nouveau chez les DSK boys ?

« Nous sommes, nous, partisans d’une parlementarisation du parti qui remettent les élus au centre ». En clair, cette mutation organisationnelle permet une prise en main totale du parti par les apparatchiks dont les élus sont la « crème » : c’est la confiscation du pouvoir du militant par une élite autoproclamée et cooptée, qui renvoie à l’opposition démocrate / républicain développée par Jacques RANCIèRE (voir notre note « la haine de la démocratie »).

Le philosophe Slavoj ZIZEK n’a-t-il pas dit que le stalinisme est l’avenir de la démocratie parlementaire ? TROTSKI étant un STALINE raté, il n’est pas étonnant que CAMBADéLIS aboutisse à cette prescription organisationnelle.

Quant à la stratégie des DSK boys, elle nous paraît une resucée improbable de la gauche plurielle, compte tenu de l’acceptation de l’expansion de la mondialisation.

Alexandre Anizy

Publié dans Notes politiques

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