La question du pétrole (III)
(Lire les notes (I) du 10 octobre et (II) du 18 octobre 2007)
Sans l’Arabie Saoudite, l’OPEP n’existe plus et la prospérité occidentale s’évanouit. Alors, dans les années 1970, quelle est la réalité pétrolière de ce pays ?
Entre 1973 et 1976, les 4 compagnies américaines (Exxon, Texaco, Mobil, Chevron) ont peur d’être nationalisées (ce qui arrivera à hauteur de 60 % en 1976) et elles veulent profiter au maximum de la hausse du prix du pétrole : elles augmentent fortement la production, au mépris des normes techniques de pompage et de préservation. Les procédures indispensables de pressurisation des puits ne sont pas appliquées, ce qui provoquent des difficultés techniques. Ceci est révélé par Jack ANDERSON. (cité par E. LAURENT)
Pire : un rapport secret de Chevron affirme que cette surproduction effrénée au mépris des règles endommagent le champ de Ghawar et celui de d’Abqaiq !
En 1979, Seymour HERSH publie un article fondé sur des documents internes à Exxon et Chevron (2 membres de l’Aramco). C’est un tableau inquiétant de la situation pétrolière saoudienne : l’état des réserves permettrait de produire 14 à 16 millions de barils par jour pendant moins 10 ans, niveau estimé nécessaire pour éviter les ruptures d’approvisionnement dans les pays consommateurs. Ces documents sont transmis à la Commission des Affaires étrangères du Sénat américain, avec une étude détaillée réalisée à la demande du gouvernement saoudien.
Cette étude prévoit « (…) au début des années 1970, que si le rythme quotidien ne dépasse pas 8,5 millions de barils/jour, la production totale déclinera en l’an 2000. (…) La dernière projection est la plus inquiétante : avec un rythme d’extraction de 14 ou 16 millions de barils/jour, le pétrole saoudien atteindra son « pic » (niveau maximum) dans un délai de 6 ou 10 ans, avant de décliner rapidement. » (E. LAURENT, déjà cité, p.187)
En 1972, ce royaume produit 5,4 millions de barils/jour pour atteindre 8,4 millions à la veille du choc d’octobre 1973.
Parce qu’elle est informée de l’état réel de ses réserves, la famille royale saoudienne pense à sa survie.
Alexandre Anizy
A suivre … la question du pétrole (IV)