"à rebours" de Joris-Karl Huysmans

Publié le par Alexandre Anizy

 

Lire Huysmans est un plaisir qu'un lecteur raffiné doit connaître sous peine de passer pour un rustre, car personne n'oserait reprendre le flambeau d'une prose alanguie et daubeuse :

« Il est juste d'ajouter que si son admiration pour Virgile était des plus modérées et que si son attirance pour les claires éjections d'Ovide était des plus discrètes et des plus sourdes, son dégoût pour les grâces éléphantines d'Horace, pour le babillage de ce désespérant pataud qui minaude avec des gaudrioles plâtrées de vieux clown, était sans borne. » (« à rebours », Joris-Karl Huysmans, édité en 1884, bouquinel gratuit sur Feedbooks, page 30)

 

Mais qui se soucie encore de ratiociner sur les mérites des Anciens ? Qui s'intéresse aux activités d'un oisif décadent comme l'est Des Esseintes, l’antihéros de ce livre culte, qui méprise l'humanité :

« En même temps, il aperçut les libres penseurs, les doctrinaires de la bourgeoisie, des gens qui réclamaient toutes les libertés pour étrangler les opinions des autres, d'avides et d'éhontés puritains, qu'il estima, comme éducation, inférieurs au cordonnier du coin. » (à rebours, idem, p.9)

Se délecter de la prose ciselée de Huysmans dans « à rebours » est une parenthèse dans nos vies encombrées de futilités et d'obligations factices.

 

Être à rebours s'imposait aujourd'hui pour marquer cette millième note.

 

Alexandre Anizy

 

 

 

Publié dans Notes culturelles

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