Après la guerre : Le Corre est too much
Les gazettes le portent au pinacle : comme avec un Manoukian en haut de l'affiche (1), nous aurions dû nous méfier... Mais comme nous aimons lire dangereusement, nous achetâmes le dernier Hervé Le Corre titré Après la guerre (Rivages, 2014, livrel à 13,99 € - trop cher !), qui vient de nous achever.
Ce n'est pas que ce gars-là écrive platement et qu'il sache peaufiner une architectonique d'enfer pour un thriller, qui nous font renâcler pour ce billet. Non ! C'est l'empilement des livres dans le livre. Pensez donc : on a droit à la Collaboration, la Résistance, les flics pourris de Bordeaux, les camps de la mort (c'est quand même pas du Primo Levi ou Boris Pahor), le retour des déportés et l'incommunicabilité de l'horreur, les gueules cassées, et même l'Algérie, les saloperies de l'armée française, la désertion, et puis la vengeance, les retrouvailles du final... Ça fait beaucoup, Le Corre.
D'ailleurs le final, parlons-en. Après nous avoir mené en cargo, passant d'un lieu ou d'une époque à un autre, le méchant finit par être tué mais pas par le gentil qui rentre du bled comme d'aucuns pouvaient l'imaginer... Du coup, ils s'interrogeront peut-être sur l'utilité d'un si long détour en Algérie ? (Pour notre part, nous avons allègrement sauté ces chapitres, préjugeant qu'ils étaient hors sujet) Le final étant si ordinaire, on parierait, si on était joueur, que l'auteur l'a torché après un conseil appuyé de l'éditeur pour mettre un terme à son histoire filandreuse.
Franchement, avec Après la guerre, Le Corre est too much.
Alexandre Anizy
(1) lire notre billet Avec Ian Manook l'hebdo Elle vous prend pour des connes
http://www.alexandreanizy.com/article-avec-ian-manook-l-hebdo-elle-vous-prend-pour-des-connes-124255779.html