Argent brûlé de l'argentin Ricardo Piglia
C'est le bouche à oreille qui nous a conduit à l'écrivain argentin Ricardo Piglia, et non pas le travail mercatique de son éditeur pour son dernier livre sorti en janvier 2013. Pour une raison pratique, nous optâmes pour le livrel de Argent brûlé (Zulma, epub de 2013, à 9,99 €)¹.
Piglia raconte sans fioriture le braquage d'un convoyeur dans le Buenos Aires de septembre 1965, la cavale et le Fort Chabrol sanglant à Montevideo, deux mois plus tard. Mais parce qu'il a sérieusement étudié cet épisode du banditisme argentin (rencontres des témoins, accès aux dossiers policiers de l'enquête, lectures des récits de presse, etc.), il nous livre mieux qu'un polar exaltant, car il s'attache à révéler la décomposition des milieux politiques et policiers de son pays.
« Malito, le chef, avait pensé à tout : il avait établi les contacts avec les politiques et les flics qui lui avaient passé les infos, les plans dans les moindres détails avec les noms de ceux à qui on devrait remettre la moitié du paquet. Cela faisait beaucoup de gens sur cette affaire, mais Malito pensait qu'avec dix ou douze heures d'avance, on pourrait tous les planter et filer avec le flouze en Uruguay. »
Funeste choix donc, car la traque sera impitoyable.
Alexandre Anizy
(¹) : Piglia met en exergue une citation de Bertolt Brecht, furieusement d'actualité : « Il y a pire que braquer une banque : en fonder une. »