Avoir 3 longueurs d'avance : le contre-exemple Guillaume Pépy

Publié le par Alexandre Anizy

 

Au printemps 2008, la Cour des Comptes dressait un tableau accablant du chemin de fer français dans un rapport de 170 pages, dont nous avons parlé dans notre note du 25 avril 2008 :

http://www.alexandreanizy.com/article-19035910.html (titre : l'échec du rail (RFF) : l'aveuglement des eurocrates)

 

Dans un entretien (le Monde du 26 mars 2011), le président de la SNCF Guillaume Pépy fait le constat suivant (ne soyons pas naïfs, c'est en partie pour se dédouaner de toute impéritie)  :

« Le réseau ferroviaire s'est dégradé et n'est plus aujourd'hui en situation de supporter correctement le développement du trafic. »

Il ne manque pas d'ajouter, voyant venir la critique que d'aucuns lui adresseront un jour (la qualité d'un grand patron, qui lui fait défaut, n'est-elle pas d'être un visionnaire?) :

« Je suis frappé qu'il y a encore 15 ans les mots d'ordre étaient "fermez les petites lignes" ou "enlevez les rails des centres-villes". (…) Personne, y compris à la SNCF, n'avait anticipé un tel retour en grâce du train. »

Il tire enfin le bilan de la casse de l'outil ferroviaire en 1997 (conséquence logique du fameux livre blanc de 1986 du social-traitre Jacques Delors, assisté du malfaisant Pascal Lamy) :

« Nous allons vers une impasse financière. Notre système RFF – SNCF n'a pas d'avenir. »

Force est de constater que le président Pépy se range à notre avis … de 1997 (ceux qui nous connaissent bien savent que nous le pensions déjà en 1986) : nous sommes donc « en avance de 2 ou 3 longueurs », comme l'écrivait en son temps le chanteur des opticiens (Antoine).

Si Guillaume Pépy est peut-être un grand commis de l’État, il n'est certainement pas un visionnaire.

 

La suite de l'entretien le confirme en quelque sorte.

Pépy apprécie le compromis réalisé par les Allemands pour ne pas couler dans le grand marché européen en ruine instauré par Delors et ses sbires. Pourquoi ?

« Nos voisins ont surtout réglé de nombreux problèmes : désendettement total, prise en charge du surcoût lié au statut des cheminots par le biais d'une caisse spécifique, large financement public par les Länder. »

Que de la finance … avec le contribuable en payeur de dernier recours.

 

Tirons une conclusion de la découverte du président Pépy : à la SNCF, comme au ministère de l’Économie qui prône le rapprochement fiscal, comme la majorité de notre pseudo élite, on pense allemand.

L’Histoire nous a pourtant montré récemment le résultat d'un tel alignement : la débâcle.

 

 

Alexandre Anizy