"Dublinesca" d'Enrique Vila-Matas

Publié le par Alexandre Anizy

« Dublinesca » d'Enrique Vila-Matas (Christian Bourgois éditeur, mars 2010, 341 pages, 22 € ; traducteur André Gabastou) est un roman subtil qui enchantera les lecteurs amateurs de flânerie littéraire : un vieil éditeur à la retraite se morfond ; pour s'activer, il choisit d'organiser un enterrement à Dublin, sur les traces de James Joyce.

 

Le passage sur le lecteur actif a retenu notre attention :

« Il rêve d'un jour où les éditeurs de littérature, ceux qui se saignent aux quatre veines pour un lecteur actif, pour un lecteur suffisamment ouvert pour acheter un livre et laisser se dessiner dans son esprit une conscience radicalement différente de la sienne, pourront de nouveau respirer. Il pense que, si l'on exige d'un éditeur de littérature ou d'un écrivain qu'ils aient du talent, on doit aussi en exiger du lecteur. Parce qu'il ne faut pas se leurrer : ce voyage qu'est la lecture passe très souvent par des terrains difficiles qui exigent une aptitude à s'émouvoir intelligemment, le désir de comprendre autrui et d'approcher un langage différent de celui de nos tyrannies quotidiennes. » (p.75)

 

La charge d'un personnage contre ce que nous appellerons l'empreinte française est savoureuse :

« (…) mais il n'y a rien de plus français qu'une théorie générale du roman. » (p.77)

        Plus loin, il dit :

« Tu devrais arrêter d'être un penseur de café. Je veux dire de café français. » (p.77)

 

A propos des écrivains ?

« Ses amis se comportent parfois non pas en amis mais comme des écrivains ou d'anciens auteurs, et sont alors identiques aux autres : de vrais porcs. » (p.220)

 

 

Bref, 341 pages de cogitations, de rêveries, de références intellectuelles.

Un livre parfait pour Philippe Sollers.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Publié dans Notes culturelles

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