Edwin Le Héron : la PpL des banques (II)

Publié le par Alexandre Anizy

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http://www.alexandreanizy.com/article-la-preference-pour-la-liquidite-des-banques-selon-edwin-le-heron-i--40533959.html

 

Que mettent en perspective les articles de 1937 de Keynes ?

  • La préférence pour la liquidité (PpL) des banques apparaît, et l’insuffisance de financement est envisagé ;
  • Le motif de financement de la production est développé : la conception de flux est privilégiée, rendant explicitement la monnaie endogène ;
  • La nécessité d’une théorie ex ante du taux d’intérêt.

Tout ceci n’est pas exploité. Il faudra attendre les années 1970 pour que les postkeynésiens s’y attèlent.

 

Du fait de sa nouveauté, le motif de spéculation de la Théorie Générale a favorisé dans l’analyse monétaire keynésienne l’idée que la détention de monnaie était comme une réserve de valeur, ce qui rentre dans le cadre cambridgien de la théorie quantitative.

« Reprenant de la Théorie Générale une offre de monnaie exogène et la demande « enrichie » (motif de spéculation), le modèle IS-LM de John Hicks a été popularisé en laissant penser que les controverses sur la théorie de l’intérêt étaient inutiles du fait de l’équivalence, dans un système d’équilibre générale simplifié [voir l’économiste Walras ; ndAA], entre fonds prêtables (marché du capital) et préférence pour la liquidité (marché de la monnaie). De plus Hicks avait relevé dès 1935 que le concept de liquidité (déjà présent dans le « Traité de la monnaie » [de Keynes ; ndAA]) permettait d’appliquer la théorie traditionnelle des choix à la monnaie. Cette idée fut ensuite développée par Tobin qui proposa une interprétation de la préférence pour la liquidité comme aversion face au risque permettant une explication rationnelle du comportement de détention de monnaie. En intégrant les actifs réels, Milton Friedman ne remettait pas en cause le cadre analytique précédent, mais le dépassait. (…) Toutefois l’offre de monnaie était considérée par tous comme exogène. » (ELH, p.101)

Dans ce paragraphe, Edwin Le Héron résume avec brio le processus d’incorporation de la pensée keynésienne dans le schéma dominant des sciences économiques : c’est ainsi que les économistes sont tous devenus keynésiens, hormis les irréductibles d’un libéralisme pur et dur.

(A suivre)

 

Alexandre Anizy

 

Rappel : « La préférence pour la liquidité des banques : une analyse postkeynésienne du comportement bancaire » est la contribution d’Edwin Le Héron au numéro des Cahiers lillois d’économie et de sociologie titré « Monnaie et taux d’intérêt en analyse keynésienne »  (L’Harmattan, septembre 2002, 182 pages, 16 €).