Flore Vasseur l'intermittente de la pose
En août 2006, Flore Vasseur, une jeune femme de bonne famille, publiait un premier roman, « une fille dans la ville » (éditions Equateur, 220 pages, 17,50 €), où elle raconte l'histoire ordinaire d'une fille qui lui ressemble.
« A la sortie d'HEC, je fais comme tout le monde : j'emprunte le tapis rouge de la très grande entreprise. » (p.13)
Le problème chez Flore, c'est que son héroïne se croit une rebelle :
« Je démissionne du cercle des quinquas. Je ne ferai jamais partie de la famille. » (p.109) ;
alors qu'elle vit grotesquement les soubresauts de l'Histoire :
« En feu [les tours de Manhattan, le 11 septembre 2001 ; ndAA]. Tom, un de mes collaborateurs, me prend en photo devant. Been there, done that, got the tee-shirt. » (p.93) ;
et qu'elle incarne sans difficulté les clichés de sa classe.
Faisons le pitch (comme dirait cet auteur branché, qui offre une discographie à la fin de son bouquin – quel chic ! quel humour (de connivence) !) : Flore Vasseur confond un agenda d'entrepreneur de la Toile maquillé pour l'auto-promotion avec un roman. Si Gérard de Villiers écrit des « SAS » pleins de tumultes et de sexe, le lecteur de Flore Vasseur crie vite SOS !
Le style ? Disons que sa nervosité voudrait cacher le vide intérieur des personnages. Flore Vasseur est un écrivassier terriblement tendance, horriblement chiant. You know what I mean ...
Au printemps dernier, Frédéric Taddéï recevait cet écrivassier dans son émission « ce soir (ou jamais) », puisqu'il vient de commettre un nouveau livre. Nous avons beaucoup ri en voyant les efforts de Flore pour imposer sa marque dans l'émission malgré sa transparence intellectuelle : elle parvint tout de même à prendre la parole au final pour synthétiser les propos des autres, comme on lui a appris à l'école …
Flore Vasseur est une intermittente de la pose dans la société du spectacle.
Alexandre Anizy