La banqueroute est la voie royale

Publié le par Alexandre Anizy

Pourquoi les Républicains seraient-ils plus vertueux que les rois ? Il faut être économiquement et historiquement inculte, ou bien sot ou aveuglé par la doxa ordo-libérale, ou bien intéressé d'une manière ou d'une autre par l'accaparement monstrueux opéré par les forces financières sur la richesse mondiale, pour persister sur la route de la servitude comme un mauvais président, le culbuto molletiste Hollande.

            Pour informer le bon peuple de France, ce que ne font jamais vraiment les medias possédés par de grandes fortunes (il n'y a rien d'exceptionnel dans cette situation), Thomas Morel et François Ruffin ont eu l'excellente idée de piocher dans l'histoire de France des cas exemplaires de réduction drastique de la dette souveraine, qu'ils ont rassemblés dans un livre salutaire titré Vive la banqueroute ! Comment la France a réglé ses dettes, de Philippe le Bel au général de Gaulle (Fakirs éditions, 2ème trimestre 2013, 134 pages, 6 €) (1)

 

            Commençons par Philippe le Bel. Ne faut-il pas du "courage" à ce souverain pour brûler sur la place publique les financiers performants de son époque, i.e. les Templiers, et ce faisant mettre la main sur la fortune de cette secte ? C'est qu'il ne transigeait pas avec la raison d'Etat qui était d'abord et surtout la sienne, à Philippe le Bel, car il n'avait pas hésité pas avant ce bon coup de l'an 1307 à dévaluer sa monnaie (il mettait moins d'or et moins d'argent dans les pièces : un "faux monnayeur", disaient les mauvaises langues). Il est vrai qu'en 1288 le remboursement de la dette absorbait 66 % des recettes royales !

            Passons à Henri II (avait-il lu ou conversé dans ses rêves avec Sun Zi ?). En 1557, la crise monétaire part de l'Espagne et les dominos tombent en quelques mois (Portugal, Pays-Bas, villes d'Italie, et même l'Allemagne). La France croulait sous les dettes en 1547 avec un taux d'intérêt de 16 %, quand Henri II monta sur le trône. Alors que fit-il dix ans plus tard ? Il profita de la crise pour unilatéralement baisser les taux et suspendre le remboursement. Mieux que ça ! Henri II emprunta sans compter, car les banquiers avaient trop peur de tout perdre s'ils refusaient de lui faire crédit ... Ils avaient déjà compris  à leurs dépens l'avantage d'un grand principe de la finance : too big to fail (trop gros pour faire faillite).

            Arrivons au XXe siècle, au franc Poincaré. C'est une grande leçon de réalisme économique. En 1926, Raymond Poincaré devient président du Conseil après l'échec du Cartel de gauche (1924 - 1926) qui s'est heurté au mur de l'argent, lorsque la Banque de France (à l'époque, c'était une banque tenue par les grandes fortunes françaises) a refusé de faire de nouveaux crédits à l'Etat. Ceci est navrant, certes, mais la faute économique et politique du Cartel est de ne pas avoir compris que la France avait commis une erreur monétaire (comme l'Angleterre d'ailleurs) : maintenir la parité franc / or de 1913 alors qu'avec la grande boucherie, 25 % de la richesse nationale et 10 % de la population active ont disparu. Pour financer la guerre, la France s'est endettée et le budget croule sous cette charge du passé qui en pompe 40 % ! C'est à un Cartel frileux et respectueux des créanciers que les 200 familles ferment le robinet du crédit, pour mieux revenir aux affaires qu'elles n'avaient pas vraiment quittées. Que va faire Poincaré après avoir donné du temps au temps ? Dévaluer le franc de 80 % !

            La Libération de 1945 est un autre exemple à méditer pour les parlementaires psumpesques et quelques autres. En lisant Vive la banqueroute, vous prendrez de l'avance (intellectuelle) par rapport à tous ces suiveurs doxistes qui se croient responsables, voire pis courageux. Vous découvrirez qu'en 1945 le sage Mendès-France était un piètre économiste et un politicien médiocre. Même l'orthodoxe Jacques Rueff en fit le constat : « Il me parut que, dans l'état d'ivresse de la Libération, avec des administrations désorganisées et très peu efficaces, il n'y avait aucune chance pour que de pareilles dispositions [celles préconisées par Mendès-France, ndAA] puissent être l'objet d'une application cohérente et rigoureuse.» (cité p.103) 

            Enfin, les auteurs n'oublient pas de se gausser du "meilleur économiste" de France, Raymond Barre, dont le bilan calamiteux n'a échappé à personne.

 

 

            Alors il ne vous reste qu'une chose à faire : passer directement commande aux éditions Fakir pour ne pas devenir un des moutons que les gouvernants actuels voudraient berner pour mieux les tondre.

 

 

 

Alexandre Anizy

 

 

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                                   http://www.fakirpresse.info 

puisque les libraires (la Fnac par exemple) sont en train de le retourner à l'éditeur. Vous serez livrés sous 8 jours, ce qui est parfait (il n'y a pas le feu au lac, n'est-ce pas ?)