La dernière fumette de Patrick Modiano
Le temps n'a pas prise sur Patrick Modiano : on le quitte dans les années 80 sur on ne sait plus quoi, et on le retrouve avec L'herbe des nuits (Gallimard, octobre 2012, 178 pages, 16,90 €), toujours dans ce même Paris obscur qui n'appartient qu'à lui …
Le lecteur avisé survole donc ces nouvelles pages, savamment travaillées pour distiller la nostalgie des eaux troubles d'un passé sans cesse revisité, parce qu'on est blasé de l'inconsistance que d'aucuns prennent pour du mystère.
« Il y avait ainsi, à cette époque, à Paris, la nuit, des points trop lumineux qui servaient de piège et je tâchais de les éviter. Quand j'y échouais, au milieu d'étranges consommateurs, j'étais sur le qui-vive et j'essayais même de repérer les sorties de secours. « Tu te crois à Pigalle », m'a-t-elle dit. » (p.35)
Quand la musique se répète, le lecteur se lasse.
Et nous est alors revenu ce vers de René Char :
« L'oscillation d'un auteur derrière son œuvre, c'est de la pure toilette matérialiste. » (Pléiade, p.70)
Alexandre Anizy