La goinfrerie des banques au guichet de la BCE

Publié le par Alexandre Anizy

 

Le mercredi 21 décembre 2011, 523 établissements bancaires de la zone euro se sont présentés au guichet de la Banque Centrale Européenne (BCE) pour une demande de refinancement à long terme (LTRO, pour les initiés) de 489,191 Milliards d'euros, que la BCE a servie au taux juteux de 1 %. Pour certains analystes, environ 61 % de ce montant serait en fait un recyclage de lignes de crédit à 7 jours, 3 mois et 1 an, soit les 230 Milliards qui arriveront à échéance au 1er trimestre 2012 avec les 50 Milliards échus, ce qui porterait l'apport net de liquidités au système bancaire à 191 Milliards.

Une deuxième distribution est programmée en février 2012.

Comme l'a précisé Mario Draghi, le président de la BCE, les banques sont libres de « choisir ce qu'elles feront » de cet argent.

 

Que faut-il penser de cette opération ?

 

La veille de cette "soupe bancaire", les experts estimaient la demande entre 100 et 400 Milliards (soulignons la précision : de 1 à 4…). Ils observaient également qu'emprunter à 1 % pour ensuite acheter des obligations italiennes à 6 % constitue une aubaine tentante, quasiment sans risque, utile puisque les dites obligations peuvent être gagées pour encore emprunter à la BCE. Ils ajoutaient : si la demande se situe dans le bas de la fourchette, cela signifierait que les banques se seraient limitées à leurs propres besoins ; si elle atteint le haut de la fourchette, les banques n'auraient pas résisté au profit facile.

 

Nous constatons que les prévisions hautes sont allègrement dépassées. Il faut en conclure que les banques se sont goinfrées d'un crédit juteux et illimité.

 

Dans la Tribune du 22 décembre, le spécialiste Jean-Louis Mullenbach commente ainsi l'évènement : « Même avec ce prêt à 3 ans de la BCE au taux de 1 %, je ne vois pas les banques acheter massivement des emprunts d’État. »

Le mot-clé du propos, c'est massivement.

 

 

Alexandre Anizy