La joueuse de go de Shan Sa
Si Shan Sa n’avait pas été recrutée par Balthus, aurait-elle joui d’une telle aura dans le milieu littéraire dès son apparition ? A la lecture de son roman « la joueuse de go » (Grasset, août 2001, 343 pages, 19,50 €), nous en doutons.
C’est une bluette, ni plus ni moins affligeante que « la bicyclette bleue » de Régine DESFORGES. Le style est lassant dans son minimalisme : peu de phrases ont une proposition subordonnée.
Exemple :
« Il devait être tard mais j’ignorais l’heure. Le silence me pesait. Il faisait chaud. Je me levai et allai tirer les cloisons ouvrant sur la véranda.
La lune était ceinte de nuages opaques. Dans l’obscurité, le coassement des crapauds répondait aux soupirs des grillons. Je fermai les portes et regagnai ma couche. » (p.113)
Apprend-on beaucoup sur la situation politique de la Mandchourie ? Non.
Sur les conditions sociales ? Non plus.
Sur les subtilités du jeu de go ? Pas vraiment.
Sur la psychologie des joueurs ? Un peu.
Alors ?
Le contexte sert à dramatiser un amour improbable.
Et l’invraisemblance de la fin de l’histoire parachève la légèreté du récit.
Néanmoins, on peut comprendre que l’exotisme de SHAN SA intéresse.
Alexandre Anizy