La lassitude du lecteur de fond (II)
Suite de notre note http://www.alexandreanizy.com/article-la-lassitude-du-lecteur-de-fond-i--41980257.html
Le deuxième remède à cette lassitude du lecteur de fond a l’avantage de maintenir une sorte de cordon ombilical avec le monde de la représentation, un fil ténu qui aurait pour objectif de ré-enchanter le sujet assommé par tant de produits frelatés. Comment ?
Par la poésie, évidemment.
Techniquement, la poésie permet les doses homéopathiques, c'est-à-dire de courtes phases de lecture. Elle maintient ainsi le rite en s’affranchissant de la pénibilité, i.e. la durée.
Reste à choisir entre la relecture des anciens et la découverte de nouveaux talents. Pour notre part, nous varions le menu : l’envie du moment guide notre main dans les rayons de la bibliothèque ou du libraire.
Par exemple, savourons aujourd’hui ces deux tercets :
« Vers la gaze de feu que trament les rayons,
Vole le frêle essaim des riches papillons
Qu’enivrent la lumière et le parfum des sèves ;
Alors mes doigts tremblants saisissent chaque fil,
Et dans les mailles d’or de ce filet subtil,
Chasseur harmonieux, j’emprisonne mes rêves. »
Sonnet la sieste (« les Trophées »)
De José-Maria de Heredia
Alexandre Anizy