La tristesse de Victor Del Arbol

Publié le par Alexandre Anizy

 

La vague des polars nordiques va se retirer après avoir inondé le marché de produits frelatés, dans lesquels la neurasthénie plombe la peinture d'une société sclérosée. Il faut espérer que les joyaux resteront dans les rayons des librairies, comme les bâches des plages du Nord, pour que nous puissions y revenir.

Maintenant l'air frais vient du sud.

 

Avec « la tristesse du samouraï » (Actes Sud, 2012, livrel de 345 pages), Victor Del Arbol a frappé un grand coup grâce à une architectonique sophistiquée et un style d'une élégance maîtrisée (traduction de ClaudeBleton).

Voyons l'incipit : « Il y a des gens qui refusent d'être aimés, ils préfèrent qu'on les quitte. Maria était de ceux-là. »

Et puis : « Un enterrement gris, sous un ciel lourd de nuages obscurs, balayé par un vent glacé. Elle se rappelait une petite chambre dans la pénombre, éclairée par deux candélabres où la flamme vacillante des chandelles formait un cercle jaunâtre autour de la couche où gisait sa mère, les mains croisées sur la poitrine, tenant un crucifix. » (p.40)

Et encore : « Un gamin se faufilait entre les coques rouillées des navires marchands abandonnés le long d'un quai du port ; il sautait de grue en grue comme un singe, au-dessus des eaux pestilentielles, essayait de pêcher des mulets, poissons énormes qui étaient à la mer ce que les rats étaient aux décharges. » (p.188)

 

L'arrière-plan de ce polar, c'est 50 ans d'histoire de l'Espagne. Sur ce fond noir, Victor Del Arbol a tissé une intrigue infernale, dont vous voudrez connaître le dénouement si vous êtes entrés dans le cercle des lecteurs intrépides et curieux.

 

 

Alexandre Anizy


 

Publié dans Notes culturelles

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