Le talent de Vladimir Pištalo
Ceux qui penseraient que le peuple serbe suivait unanimement la chienlit nationaliste à la fin du siècle dernier devraient lire sans tarder « Millénaire à Belgrade » (Phébus, septembre 2008, 274 pages, 20,90 €), le bon roman de Vladimir Pištalo.
En racontant l'éparpillement inéluctable d'un groupe de Belgradois, l'auteur dévoile les déchirements d'une jeunesse perdue dans ce qui fut un naufrage : tel un radeau sans gouvernail, la Yougoslavie filait de cascade en cascade …
Le projet romanesque est servi par une écriture ciselée :
« Après la guerre, lorsqu'il fit un tour dans Belgrade, Bané Yanovitch eut l'impression d'une ville irréelle. Celui qui rentrait de la guerre s'étonnait de voir que les gens étaient capables de confondre ce mirage civil avec la vie. Après la boue de Slavonie, Belgrade paraissait d'une beauté envoûtante. » (p.112)
Bien que Vladimir Pištalo possède un style, il n'est pas parvenu à livrer une fin de roman satisfaisante. Mais ce n'est qu'un bémol pour ce texte de qualité.
Alexandre Anizy