Les économistes Michel Aglietta et Jean-Hervé Lorenzi sont des Gamelin

Publié le par Alexandre Anizy

            Depuis 2008, l'économiste Michel Aglietta a publié presque un livre par an, quasiment tous consacrés à la crise financière et au fiasco de l'Europe (du moins pour le côté français), i.e. l'Union Allemande. Cette année ne fait pas exception : Sortir de la crise et inventer l'avenir (Michalon, novembre 2014, 327 pages, 19 €).

 

            Enseignant tardif, Michel Aglietta a retenu d'une pédagogie rudimentaire que la répétition fait partie de la boîte à outils. Hélas ! Le papy de l'école de la régulation confond aujourd'hui répétition et ressassement : il est vrai qu'en ce qui concerne la France la faillite du système l'y encourage forcément. A moins qu'il ne soit convaincu, comme les politiciens psumpesques qui persistent dans l'erreur depuis 15 ans mais serinent au peuple les mêmes pensées positives que les faits contredisent, que le martèlement d'un message suffit à sa réalisation. (1)

 

            Le 10 mai 1940, à la veille de la trouée de Sedan, le commandant en chef de la défense nationale, le Général Gamelin, a refusé de comprendre dans les observations aériennes montrant l'avancée d'une force importante de blindés et de troupes allemandes dans les Ardennes ce qu'elles impliquaient, tant il était abruti par la doctrine (2).

 

            Hic et nunc, aveuglé par son idéologie fédéraliste et ses croyances économiques, l'économiste Michel Aglietta est un Gamelin qui ne voit pas venir le désastre. Pire : il prescrit le médicament qui tuera le malade.

            Comme Jean-Hervé Lorenzi, économiste en cercle qui sautille de micros en tribunes, de studios radio ou télé en conférences, passant quelques heures en chaire pour pouvoir enfiler une robe d'expert indépendant sur son costume de "conseiller des banques", qui annonce trois problèmes majeurs (3) en omettant celui de l'hypertrophie de la sphère financière... (4) Un oubli révélateur de son indigence d'idées.

            Force est de constater que la sagesse a déserté le camp du pouvoir.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) Nous n'entrerons donc pas dans son sillage : nous renvoyons le lecteur à nos articles précédents, notamment :

http://www.alexandreanizy.com/article-zone-euro-le-fol-jusqu-au-boutisme-d-un-michel-aglietta-119957920.html

 

(2) Dès janvier 1940, les Services de Renseignement des Alliés avaient pourtant annoncé la future attaque allemande vers Sedan.

 

(3) Colloque "2014 : sommes-nous au bord du gouffre ?", 8 décembre 2014, Palais Bourbon.

 

(4) Quelques chiffres : le poids des produits dérivés (10 fois le PIB mondial !) est aujourd'hui plus élevé qu'en 2008 ; le commerce à haute fréquence (ces robots qui agissent à la nanoseconde selon des programmes préétablis...) constituent 50 % des transactions sur les marchés actions (USA et Europe) ; un effet de levier supérieur à 50 pour 12 % des hedge funds britanniques. (Source : Jean-Michel Naulot, qui vient de publier Crise financière : pourquoi les gouvernements ne font rien, Seuil)

Concernant le cataclysme financier à venir, nous renvoyons le lecteur au livre de François Morin , La grande saignée, Lux éditeur, 3ème trimestre 2013, 10 €), qui nous avait inspiré le billet ci-dessous :

http://www.alexandreanizy.com/article-anticiper-la-saignee-d-avant-2017-grace-a-francois-morin-121507060.html