Mauvaise note pour Moritz Kraemer de Standard & Poor's
Moritz Kraemer est le responsable Europe de la notation des pays chez Standard & Poor's, et c'est sans doute pour cela que les colonnes du Figaro lui sont ouvertes, comme ce fut le cas le lundi 1 février 2010. Puisque nous avons déjà eu le loisir de mettre en évidence l'incohérence du raisonnement de cet agent examinateur, nous vous invitons à (re)lire cette note :
http://www.alexandreanizy.com/article-27525105.html
Dans son nouveau papier sans consistance, titré « pourquoi la zone euro n'éclatera pas » (il est bon de rappeler ici que les agences de notation n'ont rien vu venir en 2007 … et même pire que ça) , il affirme que l'éclatement de la zone euro est plus qu'improbable : la démonstration n'est pas convaincante. Elle l'est d'autant moins qu'il persévère dans ses contradictions.
L'agent examinateur Kraemer soumet au lecteur l'hypothèse de la sortie de l'euro d'un pays très endetté. Qu'en dit-il ?
« Adopter une nouvelle monnaie et la laisser se déprécier semble attrayant pour doper les exportations et la croissance, réduire les déséquilibres extérieurs, relancer l'emploi et les rentrées fiscales. Cette stratégie, en réalité, ébranlerait la confiance des créanciers. La reprise ne serait sans doute pas durable (…). »
Ce qui est mauvais pour ce pays aujourd'hui, était bon pour un autre en février 2009, en tout cas suffisamment bon pour que Standard & Poor's maintienne sa note : la stratégie de change flexible était même considérée comme un avantage compétitif.
« (…) nous maintenons le AAA, notamment parce que la Grande-Bretagne a un taux de change flexible : depuis l’été 2007, la livre a perdu 30 % de sa valeur. Ceci donne au pays un avantage compétitif par rapport à ceux de la zone euro (…) ». (Toujours Moritz KRAEMER)
L'agent examinateur Moritz Kraemer n'ayant toujours pas résolu son problème de cohérence théorique, nous devons le sanctionner par une mauvaise note.
La seule information intéressante de l'article, qui n'est bien sûr pas développée, est la suivante :
« Quitter la zone euro serait infiniment complexe et coûteux. Sans compter que, selon nos critères de notation, cette modification unilatérale d'un engagement contractuel constituerait un défaut de paiement. »
Le défaut de paiement sanctionné par une baisse de la note des agences.
Si l'adhésion librement consentie d'un pays à l'euro est un contrat, en quoi sa sortie de l'euro constitue-t-elle une « modification unilatérale » dudit contrat ? Chez les agences de notation, de quel principe découle la qualification de défaut de paiement pour cette sortie de l'euro ?
Si Moritz Kraemer ne fournit aucune réponse à ces questions, il suggère par contre la menace d'une baisse de la note, ce qui est peut-être l'unique objectif de cet article inconsistant.
Alexandre Anizy