Nicolas Dupont-Aignan et son arnaque du siècle (I)

Publié le par Alexandre Anizy

 

Dans son livre récent, titré « l'euro, les banquiers et la mondialisation L'arnaque du siècle » (éditions du Rocher – aller à Monaco pour publier ce document au vitriol, n'est-ce point drôle ? -, avril 2011, 154 pages, 13 €), Nicolas Dupont-Aignan montre à nouveau son talent politique, qui s'appuie notamment sur une connaissance sérieuse des faits, qui sont têtus comme disait Lénine.

 

Ne résistons pas au plaisir de partager avec vous quelques petites cruautés à l'encontre des tenants de l'euro, en reprenant leurs arguments et propos de 1992.

Valéry Giscard d'Estaing (sur RTL, le 30 juillet) : « Si le traité était en application, finalement la Communauté européenne connaîtrait une croissance économique plus forte, donc un emploi amélioré. » (cité p.16)

On peut examiner les chiffres : moins de croissance que les décennies précédentes … donc moins d'emploi.

Martine Aubry (à Béthune, le 12 septembre) : « L’Europe, ce sera plus d'emplois, plus de protection sociale et moins d'exclusion. » (citée p.16)

Carton rouge plein pour la fille du social-traître Jacques Delors.

Ne soyons pas injuste avec Marie-Ségolène Royal : déjà la madone perçait sous la passionaria mitterrandienne.

 

Passons aux chiffres.

La volonté politique d'un euro fort se traduit par un euro cher, i.e. une surévaluation de 20 à 30 % par rapport au dollar. Conséquences ? En 10 ans, la France voit son excédent commercial de 5 Milliards devenir un déficit, et l'excédent de l'Allemagne est divisé par deux. Pire : la surévaluation encourage les délocalisations. Par exemple, les constructeurs automobiles français produisaient en France 3 millions de véhicules en 2004, pour seulement 1,5 million en 2009 … Divisé par 2 en 5 ans ! Et que fait le fleuron de la technologie européenne ? Selon son président Louis Gallois, EADS doit s'installer en zone dollar, payer ses fournisseurs en dollars, inciter ses fournisseurs à délocaliser leurs productions en zone dollar.

Selon l'économiste Jacques Sapir, 10 % de surévaluation ferait perdre 1 % de croissance ; comme des économistes de la théorie dominante ou comme Nicolas Bouzou* le libéral reconnaissent un manque beaucoup plus faible, nous penchons plutôt pour une fourchette de [0,5 – 0,7] %.

Tordons le cou à une autre contre-vérité : l'euro serait un bouclier. En 2009, l'Europe a une récession de 4 % quand les USA – le chaudron d'où a jailli le poison financier - n'ont que 2,5 % ; pour 2011, la prévision de croissance est de 1,5 % pour l'Europe, mais 3,1 % pour les USA.

« Chaque jour de l'euro est un jour de plus vers l'enfoncement de l'Europe dans une crise structurelle durable. (…) En économie, on finit toujours par payer. » (p.62)

Quant au soi-disant plan de sauvetage de l'euro, qui ne sauve en vérité que les banques, c'est une réponse bricolée laborieusement qui mène à une impasse financière : toutes choses égales par ailleurs, ajouter une dette pour remédier à un problème d'endettement, n'est-ce pas un moyen sûr qui tuera inéluctablement le malade ? C'est aussi une impasse économique : comment la Grèce peut-elle rétablir sa compétitivité sans sortir de l'euro et dévaluer ? En ajoutant plan d'austérité sur plan d'austérité, comme elle s'apprête à le faire aujourd'hui, qui aboutiront à une faillite nationale. Même un Polytechnicien mathématicien qui fait dans l'économie, Jean Tirole, le reconnaît :

« Les aides de l'UE et du FMI sont des solutions indispensables à court terme. (…) D'autant qu'il restera toujours un problème de compétitivité et d'exportation dans certains pays comme la Grèce ou le Portugal, auquel il faudra s'attaquer. »*

 

Tel qu'il est construit, l'euro n'est pas la solution mais le problème de l'Europe.

 

 

Alexandre Anizy

 

* le Monde du 19 avril 2011