Service Littéraire pour amateurs
Service Littéraire est une revue (2,50 €) lancée par François Cérésa avec quelques amis : tous les mois, une bande de journalistes – écrivains disent sans ambages, et souvent avec humour, ce qu'ils pensent de la production littéraire en France.
Prenons par exemple celle dont nous avons dit tant de mal dans notre dernière note culturelle. L'article est signé Guillaume de Sardes.
Le titre :
« est-il vraiment possible de la lire ? »
Le sous-titre :
« La réponse est non, car le dernier roman de Christine Angot, comme les précédents, est écrit à la pelle à tarte, négligé, insignifiant, banal, démagogique et con comme la lune. »
Démonstration :
le journaliste débute sa critique par un incipit d'Aragon (« La première fois qu'Aurélien vit Bérénice,il la trouva franchement laide. ») qu'il compare à la rencontre chez Angot (« La première fois que Billy a vu Hélène, c'était dans le couloir de l'hôtel. » p.7), puis il revient à Aragon (« Elle lui déplut, enfin. Il n'aima pas comment elle était habillée. ») pour estoquer l'Angot (« Ca sentait l'herbe dans sa chambre, il voit quelqu'un qui regarde, il lui demande si elle est flic. »).
D'un côté, le rythme portant une vérité nue, de l'autre la platitude amplifiant l'insignifiance.
La suite de l'article est du même tonneau, humour et vacheries en sus.
Vous pourriez penser qu'il est facile d'enfoncer Angot en la confrontant à un génie tel qu'Aragon, comme si Doc Gynéco jouait sur la même planète que Bob Marley, ou bien que Ribéry se mesurait à Kopa … Que nenni ! Il faut du métier et beaucoup d'abnégation, ce qui auraient manqué en l'occurrence à 3 journalistes du Figaro se trouvant « dans l'impossibilité de critiquer le nouveau roman de Christine Angot : personne n'a réussi à le lire. », comme le rapporte un certain "N.U"dans une brève drôle et venimeuse (22 janvier 2011).
Si même le Figaro Magazine se met à défourailler …
Alexandre Anizy