Sur le territoire de Michel Houellebecq
Dans son dernier roman (« la carte et le territoire », Flammarion, septembre 2010, bouquinel de 322 pages), Michel Houellebecq a placé suffisamment de propos contestataires pour susciter la polémique, pour faire du ramdam sur la Toile et ailleurs : nous pensons en particulier à ceux portés sur la valeur du peintre Picasso (« De toute façon Picasso c'est laid (...) » p.135), et passons sur celle du "pompage de wikipédia".
L'opération fut couronnée de succès (prix Goncourt), et c'est tant mieux pour lui, car l'auteur est revenu à son meilleur niveau, c'est à dire celui de son premier roman (« extension du domaine de la lutte »).
La simplicité voire la platitude du style est une nécessité pour représenter correctement la vision houellebecquienne de la société. Cependant, si l'auteur revendiquait une quelconque portée sociologique, ce qu'il ne fait pas à notre connaissance, alors l'opinion de Tahar Ben Jelloun serait pleinement acceptable, à savoir un livre médiocre.
Néanmoins, l'auteur gagnerait à se relire : cela lui éviterait quelques fautes, des phrases étonnantes qui fleurent bon le remplissage (ex. : « Jed était maintenant un homme riche, et les arches métalliques du métro aérien surplombaient un paysage adouci, létal. » p.174-175 ; quel est le rapport entre les 2 propositions ?), comme celles fortement inspirées des pages wikipédia par exemple.
Au bout du compte, nous avons un livre avec une trame soigneusement élaborée, un style qui élimine sciemment toutes sortes d'enflures ou joliesses : bref, les matériaux d'une œuvre significative.
Alexandre Anizy