Tristan Bernard : aux abois
Nous ne sommes ni nostalgique des auteurs du temps jadis ni fanatique des littérateurs de l'époque moderne : seuls le style et le propos retiennent notre attention. Avec Tristan Bernard, qui avait toute la sale réputation pour nous décourager, puisque l'histoire le conserva comme un théâtreux aux mots faciles, nous eûmes l'heureuse surprise de découvrir un texte, aux abois (poche, février 2013, 190 pages, 6,10 €), dont certains écrivaillons devraient s'inspirer pour sortir de leur nombrilisme obscène.
Dans ce récit, Paul Duméry relate d'une écriture simple, neutre, les circonstances de son meurtre et sa cavale. Avant que de comparaitre aux assises :
« Demain je passe un examen. On va me dire si je suis reçu assassin. »
L'auteur n'a pas résisté à la tentation d'un bon mot.
Dans la postface, Olivier Barrot dit que pour Tristan Bernard ce personnage constitue « sa plus stupéfiante création romanesque, (…) frère aîné du Meursault de L'étranger. » C'est vous dire qu'on est en mauvaise compagnie de haut vol.
Alexandre Anizy