Visage slovène de Brina Svit
Sur une table de notre bibliothèque municipale favorite, nous avons remarqué le titre singulier : Visage slovène, dans la blanche de Gallimard (septembre 2013, 154 pages, 14,90 €). Peut-on réduire toute une population en un visage ? avons-nous pensé illico. Alors on saisit le livre et on lit la quatrième de couverture :
« Ma mère venait de mourir, je n'étais plus la fille de personne. En fixant son dernier visage, j'avais envie de comprendre quelque chose au mien, à cet héritage qui se transmet par la langue maternelle et s'appelle identité. Ce n'était pas l'identité tranquille et évidente qui m'intéressait, mais celle des exilés, ceux qui en sont plus conscients que les autres et qui doivent lutter pour la garder. »
Pour ce faire, Brina Svit va s'intéresser à la communauté slovène de Buenos Aires, après avoir assouvi son unique passion dans un précédent voyage : tango. Et parler du Polaco. En imitant un peu W.C. Fields, nous disons qu'une femme qui aime le tango et Gombrowicz ne peut pas être franchement mauvaise.
Nous avons embarqué. Le voyage fut agréable parce que nous étions en résonnance, mais il nous semble que tout un chacun peut être sensible à cette quête.
« Oui, c'était ça, son viejo, exactement : il prenait donc des notes en espagnol, mais les calligraphiait en cyrillique. Pour que ses ouvriers ne les comprennent pas, mais aussi pour continuer à tracer des ponts partout, même entre les langues. » (p.125)
Une pratique étonnante, n'est-ce pas ? Autant que Gombrowicz sous la plume de l'auteur. A la fin de sa vie, lorsqu'il se marie avec Rita, Gombrowicz lui dit : « Maintenant tu es entrée dans la littérature polonaise. » Rien que ça.
Les écrivains sont des êtres impossibles.
Alexandre Anizy