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Là où écrit Laurent Guillaume

Publié le par Alexandre Anizy

            La condescendance des loups old school s'ajoute à leur rapacité.   

 

 

            Il semble que Laurent Guillaume produise beaucoup de scenarii : il a donc du métier. C'est pourquoi vous ne serez pas déçus par Là où vivent les loups (Denoël, mai 2018, 302 pages, 19,90 €).

 

            Mais quand nous lisons : « Remerciements à Marguerite de Bengy et Christine Herme, pour avoir rendu ce texte meilleur. » (p.303), nous restons perplexe.  

 

 

Alexandre Anizy

 

L'école de Richard Brautigan

Publié le par Alexandre Anizy

            A bien y réfléchir, il y a un poème de Brautigan pour chaque moment de l'existence.

 

 

Les mémoires de Jesse James     

 

Je me souviens de ces milliers d'heures

passées à l'école les yeux rivés à l'horloge,

j'attendais la récré, la cantine ou

le moment de rentrer à la maison.

            J'attendais : n'importe quoi sauf l'école.

Mes instits auraient facilement pu chevaucher

avec Jesse James

            vu tout le temps qu'ils m'ont volé.

  

 

Richard Brautigan

(C'est tout ce que j'ai à déclarer, Le Castor astral, édition bilingue, novembre 2016)

Le journal de Camilla Grebe

Publié le par Alexandre Anizy

            Pas de gerbe pour Camilla.

 

 

            Avant même de commencer, Camilla Grebe dévoile ses valeurs quand elle place un pseudo proverbe bosniaque en exergue de son polar Le journal de ma disparition (Calmann-Lévy, 2018, en livrel). Heureusement, elle soignera son architectonique ; on ne peut pas en dire autant du style.

 

            « Tu aurais pu être celle qui fuit la guerre et la famine, dit Andreas à Malin. C'est ce message simple, mais essentiel, que je veux transmettre à travers mon roman. » (p.341/346) Un discours léger pour flotter sur le courant mainstream d'un "droit-de-l'hommisme" dévoyé, parce qu'il n'y a pas de petits profits...

 

 

Alexandre Anizy

 

Doigts de Higashino sur mezzanines de Françoise Nyssen

Publié le par Alexandre Anizy

            Chez Actes Sud, on ne perd jamais le nord, comme chez Keigo Higashino. 

 

 

            Dans Les doigts rouges (Actes Sud, 2018, en livrel), le japonais Keigo Higashino livre un polar de bonne facture : si le style ne brille toujours pas (1), la méticulosité architectonique mérite notre reconnaissance.

            Dans cette histoire, le lecteur connaît l'assassin : tout l'intérêt se porte donc sur le maquillage du crime qui évolue en fonction des progrès de l'enquête, avec un dénouement qui montre un oubli trompeur.

 

 

            Hasard ? Nous lisons ce "rompol" au moment où le Canard enchaîné révèle que Françoise Nyssen, patronne propriétaire des éditions Actes Sud (via une cascade de sociétés visant une optimisation fiscale tout à fait légale), présentement et accessoirement ministre de la Culture notamment en charge des bâtiments et monuments historiques, a peut-être posé une nouvelle fois par inadvertance son cul sur le Code d'urbanisme, lorsqu'elle décida d'agrandir son bien immobilier du 18 rue Séguier à Paris... Ou bien "pas vu, pas pris... et après, si malchance, on régularise le méfait à moindre coût", était-ce le plan ? Ou bien « Négligence » en Arles (selon ses propres mots), oubli à Paris ?

            Grâce à Keigo Higashino, on sait que la simulation du détraquement peut être un stratagème efficace.

 

 

            En France, les voleurs de pomme vont en prison, quand les rappeurs friqués y passent vite et quand les mauvais citoyens comme la milliardaire Liliane Bettencourt et le comte Jean Lefèvre d'Ormesson (évasion fiscale en Suisse pour l'une, au Lichtenstein pour l'autre) échappent aux justes poursuites judiciaires : l'Etat de Droit fonctionne, mais pour qui ?  

            Chez Keigo Higashino, la vieille dame donne des indices ; Françoise Nyssen obtiendra-t-elle une immorale indulgence de l'Etat contre son retrait en coulisse (2) ?

 

 

Alexandre Anizy

   

 

(1) Voir notre billet :

http://www.alexandreanizy.com/article-un-cafe-maison-de-keigo-higashino-108824801.html 

 

(2) Pour les politicards et les serviteurs de l'élisphère comme Jupiter, le pouvoir n'est qu'un théâtre où les comédiens changent de rôles. (Aveuglé par la soif de reconnaissance et le goût du pouvoir, Jean-Luc Mélenchon conversait en privé, lui respectueusement, avec le délinquant Serge Dassault et le comte fraudeur Jean Lefèvre d'Ormesson...)

Au bar de Louis Brauquier

Publié le par Alexandre Anizy

            En été, il faut se désaltérer. 

 

 

Le barman

 

Sur le zinc rutilant où, vainqueur des névroses,

Dorment les gins dorés et le pâle soda,

Inquiet de son cocktail fameux que l'on vanta,

Le barman, docteur ès alcool, combine et dose.

 

Et tandis qu'il s'amuse aux couleurs qu'il dispose

Pour des sièges très hauts dans des verres très bas

Il apprend, malgré lui, que, si Lulu les a,

Simone qui vécut attend la ménopause

 

Confident fraternel et sans sexe, il prévient

Sa cliente gênée et lui montre au besoin

Le miché barré d'or qui veut se mettre en vogue.

 

Ainsi vêtu de blanc lilial, rasé de frais,

Il garde seulement en mixturant ses drogues,

L'imperceptible orgueil d'user de mots anglais.

 

 

Louis Brauquier

(Je connais des îles lointaines - poésies complètes, La Table ronde, 2000)

Impression saharienne de Hawad

Publié le par Alexandre Anizy

 

                           Sept fièvres et une lune ― 1995

 

 

                                        Le crépuscule

                        étirait l'horizon jusqu'aux gencives

                       incolores du vide. Mort la lumière,

               jaune rouge aplatis et âpres, râle du silence,

             écho assourdi par les crissements du sable,

         désert. Soudain, des contorsions de la fin du jour,

       jaillirent cinq ombres, effilées, asexuées, silhouettes

     à la Giacometti, en exil loin du corps. Elastiques,

      tremblantes, elles épousèrent la toge grinçante de

         la nuit, qui déjà incarnait la face hallucinée d'une

              lune prête à enfiévrer les galets. Insomnie. Alors

               les ombres devinrent cinq pas de la nuit ralentie

                et le vent, corde serpent relieur de lisières,

                    s'étouffa entre les cuisses d'une dune

                      frustrée languissant le fouet de la

                                 tempête.

 

                                            Hawad

                          ( Furigraphie, poésie Gallimard)  

 

 

Pas de pêche dans le Salon de Melba Escobar

Publié le par Alexandre Anizy

            Passer de la crème sur "Le Salon de beauté" ne serait pas raisonnable. 

 

 

            Melba Escobar usait de quelques facilités pour rédiger en 2015 un polar La Casa de la Belleza , que Denoël vient de publier sous le titre Le Salon de beauté (avril 2018, en livrel). Hormis la structure narrative déconcertante qui tient le lecteur en haleine, l'auteur n'a pas assez travaillé son texte, qui nécessiterait plus un lifting qu'un polissage.

 

Alexandre Anizy

Le sexe pris en Venaille

Publié le par Alexandre Anizy

            De Franck Venaille, je pose tout et retiens un.

 

 

 

Fuir à jamais la chaleur équivoque des vallées

Là où les corps s'unissent par la sueur et la peur

Partagée de mourir, comme si l'union sans grâce

De la chair à une chair semblable, n'était pas que

Cruauté d'un leurre

 

 

Franck Venaille

( La descente de l'Escaut, Poésie Gallimard, p.171 )

 

Shibumi de Trevanian

Publié le par Alexandre Anizy

            A déguster au Spritz, avec modération ; c'est mieux qu'un museau sur un transat.

 

           

 

            Quelle bonne idée d'avoir réédité Shibumi de Trévanian (Gallmeister, 2016, en livrel et en poche) ! Ceux qui aiment le Japon, le pays basque, les histoires bien ficelées, seront ravis.

 

 

Alexandre Anizy

Niko Tackian au taquet

Publié le par Alexandre Anizy

            Niko Tackian fait penser à Elsa Marpeau (1) : une polardeuse alimentaire.

 

 

            En lisant Fantazmë de Niko Tackian, on se dit vite que le roman porte bien son titre, tant le travail stylistique paraît squelettique. Heureusement pour l'auteur, il sait construire une histoire. Est-ce suffisant pour vous le conseiller ? Non.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1)  http://www.alexandreanizy.com/article-la-truelle-d-elsa-marpeau-101735455.html