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De la centralité du contrat social

Publié le par Alexandre Anizy

Pour mieux occulter leur adhésion à la globalisation néolibérale, les questions de l'identité et de la laïcité seront en tête de gondole de tous les néoconservateurs en lice pour la Présidentielle 2017, alors qu'il s'agit tout bonnement du contrat social.

Comme le "prix Nobel d'économie" Joseph Stiglitz découvre tardivement les avantages de l'encadrement du crédit :

« Voici un mécanisme qu'un pays quittant la zone euro, ses restrictions et ses cadres juridiques pourrait utiliser. D'abord la banque centrale (l'Etat) met aux enchères [les "nouveaux keynésiens" adorent le marché et donc les enchères... ] les droits d'émission des nouveaux crédits. Les montants de ce crédit s'ajoutent à "la monnaie" qui se trouve au sein du système financier. L'envergure du crédit net que ce système autorise à ajouter chaque mois sera déterminée par la banque centrale du pays, sur la base de son évaluation de la situation macroéconomique - autrement dit, si l'économie est plutôt faible, elle fournira davantage de crédit pour la stimuler. » Extrait de son livre L'euro : comment la monnaie unique menace l'avenir de l'Europe (éditions Les Liens qui Libèrent, septembre 2016, 25 €), cité par Marianne du 9 septembre 2016 ;

Bienfaits de l'informatisation en plus, l'américain Stiglitz revisite l'encadrement du crédit comme l'apprenaient les étudiants dans le manuel remarquable du professeur Raymond Barre...

« [L'encadrement du crédit] est la forme la plus rigoureuse d'action globale sur le crédit : les autorités monétaires fixent le maximum des concours qui peuvent être accordés par les banques, ou déterminent le taux de progression des encours de crédit pendant une période déterminée. » Raymond Barre, Economie politique, tome 2, chapitre "la politique monétaire" pages 386 à 409 (PUF, 9ème édition, 3ème trimestre 1980) ;

En bref, le retardataire Stiglitz préconise en 2016 (mais mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ?) ce que nous demandions déjà en 2011 :

http://www.alexandreanizy.com/article-la-creation-de-monnaie-doit-redevenir-une-fonction-regalienne-95827279.html

après avoir contribué à la victoire hégémonique du néolibéralisme dont le Nouveau Keynésianisme n'est qu'une variante, le philosophe empiriste Yves Michaud reformule quant à lui Jean-Jacques Rousseau, avec modération dit-il, dans son livre Contre la bienveillance (Stock, avril 2016, 180 pages, 18 €), parce que :

« Si nous voulons que le mot citoyen garde le sens qu'il a pris depuis les théories du contrat social, il nous faut en finir avec la bienveillance, la compassion et le moralisme, et revenir aux conditions strictes de l'appartenance à une communauté républicaine, revenir aux conditions strictes du contrat politique. » (p.16)

Les événements terroristes qui ont ensanglanté la France montrent « que la communauté politique peut être détruite au nom du fondamentalisme religieux par des membres de cette communauté politique même » (p.19) : le meurtre est un mode d'action assumé. Comme autrefois dans la secte des Assassins (1), les nouveaux fanatiques peuvent recruter sur leurs territoires dans une population conditionnée, policièrement dominée. Mais en France, si on se réfère à l'étude de l'Institut Montaigne (2), ce sont 28 % des musulmans qui « adhèrent à des croyances religieuses directement opposées aux principes démocratiques, à commencer par leur adhésion à la charia, loi religieuse de compétence universelle et non territoriale qui s'opposent de manière catégorique au droit positif des sociétés démocratiques » (p.24), et qui forment un vivier significatif pour les prédateurs.

Révélant la déliquescence de l'intégrité républicaine, l'expression faire société fait florès : « cette expression informe et insaisissable qui dit si bien l'absence d'engagement » (p.27). Or, dans une aédie (3) démocratique, c'est à dire un espace historiquement, économiquement et politiquement défini, on ne devrait pas devenir citoyen par le simple fait d'avoir un certain âge : un acte d'adhésion aux principes démocratiques devraient être nécessaire, marquant ainsi le contrat social.

« Comment peut-on trouver normal de persécuter les adeptes de l'église de Scientologie et de tenir sous surveillance les sectes d'allumés (...) et, dans le même temps, tolérer les anathèmes contre les mécréants, les appels au meurtre, la diffusion de la propagande salafiste (...) » (p.32)

Si on s'accorde volontiers avec Yves Michaud pour dire que « quasiment toutes les religions sont obscurantistes, intolérantes et antidémocratiques » (p.30), on admet aussi que :

« C'est en effet un des concepts-clés de notre conception de la vie politique qui est remis en cause par le fondamentalisme islamique : celui du contrat social. » (p.36)

« Les théories du contrat social ne sont pas toutes des théories de la démocratie, mais elles ont un point commun essentiel : elles définissent toutes la souveraineté comme émanant du peuple se constituant en Commenwealth ou Res publica ― quelle que soit la manière dont cette souveraineté est ensuite déléguée et est exercée par un agent souverain effectif. » (p.40) Les atteintes à la souveraineté par les revendications religieuses disent formellement, à des degrés divers, le refus d'adhérer avec une volonté d'autonomie absolue, mais pas de sécession parce qu'il est appréciable de prendre tous les avantages de la Res publica.

Ne pas remédier à cette situation, c'est laisser proliférer les ferments de la discorde : à terme, c'est la guerre de tous contre tous.

« La seule réponse viable est donc de revenir, comme les pensées contractualistes, à un concept fort et rationaliste, à un concept robuste de la souveraineté, et à une conception forte et rationaliste des conditions d'appartenance à la communauté, notamment pour tout ce qui concerne les ferments religieux de dissolution. » (p.50)

Les Transformateurs doivent aussi remettre en chantier le contrat social, pour que le citoyen soit un agent engagé et non pas un bénéficiaire passif de droits. C'est l'expression réelle de la volonté consciente de l'individu qui fait le citoyen, et non pas la nationalité.

N.B. : le concept de nation n'a pas de consistance, puisque le sentiment d'appartenance ne peut être mesuré scientifiquement ; ce concept n'est pas non plus pertinent parce qu'il échappe à toute définition sociale. Sur ce sujet, on peut lire le livret de Gérard Noiriel : Qu'est-ce qu'une nation ? (Bayard, 2015, 105 pages, 14 €).

C'est la centralité du contrat social qui exprime en permanence la volonté générale, condition de la souveraineté.

Alexandre Anizy

(1) Lire le roman de Vladimir Bartol : Alamut (Phébus, 2012, 13,80 €).

(2) Etude publiée dans le Journal Du Dimanche du 18 septembre 2016. Quelques chiffres : les musulmans représentent 5,6 % de la population de la métropole (mais 10 % des moins de 25 ans) ; 75 % des musulmans sont Français (dont 50 % de naissance), 30 % ne vont jamais à la mosquée, et 28 % ont « un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République » (compte tenu de la méthode employée pour l'enquête, la marge d'erreur pour un sous-ensemble est de l'ordre de 8 points).

(3) Nous préciserons notre concept d'aédie dans un prochain ouvrage.

Le télégrammisme de Karine Tuil

Publié le par Alexandre Anizy

Gallimard a recruté et mise sur Karine Tuil pour obtenir le César de l'édition. Mais la lessive "Tuil" mérite-t-elle de l'emporter chez les jurés ? Surtout pas.

Trois ans après L'invention de nos vies, où l'auteur plongeait une fois encore dans les spécificités sémites, l'écrivailleuse Karine Tuil revient en librairie pour fourguer L'insouciance (août 2016, livrel à 14,99 € - toujours cher chez Antoine G.), avec les gros moyens en finance et en vassalité du principal éditeur français. (1)

Cette année, pour échapper au soupçon de communautarisme, l'auteuse introduit les quotas dans ses personnages (bonne remarque de Jérôme Dupuis dans L'express du 24 août) : un Juif milliardaire, un Noir des banlieues, un Blanc, et une Blonde aux gros seins. Les caractères caricaturaux ayant été posés, l'histoire peut avancer à coups de clichés. Chez Tuil, l'imagination n'est pas au pouvoir.

Peut-être l'auteuse a-t-elle soigné l'écriture ? Las ! Il semble qu'il y ait confusion entre le style et un vocabulaire enrichi (liste non exhaustive des incongruités relevées par Frédéric Pagès dans le Canard du 31 août : "pulvérulence intime", une mer "d'iridescences", "sa vie avait déflagré"). Affligeant.

Puisqu'on est au supermarché (des idées reçues), glanons quelques échantillons :

« Oh, arrêtez avec ça, reprend Issa. On en a plein la tête de l'antisémitisme ! A l'école on nous enseigne quoi ? L'holocauste. C'est pas la Shoah, c'est le show permanent... Les pauvres juifs... Ah, ça on y a droit ! Mais l'esclavage, le colonialisme, rien, pas une ligne !

― La Shoah est le plus grand génocide de l'histoire ! s'exclame Sonia.

― Ce génocide, comme vous dites, a été commis par des Européens et tu sais pourquoi ? Parce que ces colonisateurs n'ont jamais traité les autres peuples que comme des sous-hommes.

― Et vous voudriez qu'on l'oublie ? demande Sonia. Qu'on n' en parle plus ?

― Y a deux poids deux mesures, c'est tout ce que je dis. C'est l'homme blanc qui écrit l'histoire et tout ce qu'il fait, c'est d'effacer la souffrance de l'homme noir. Ils instrumentalisent tous la Shoah pour se donner bonne conscience. » (page 190/461)

[La tête enfermée dans une prison virtuelle, c'est ainsi que Karine Tuil fait penser à certains textes de Roger Knobelspiess.]

« (...) ils étaient fiers de montrer qu'ils n'avaient pas cédé aux attraits de la capitale mais de nombreux Parisiens avaient décliné l'invitation : "la Seine-Saint-Denis, la nuit, c'est trop dangereux". Ceux qui avaient accepté l'avaient fait avec réticence en demandant si "on" n'allait pas "leur casser la voiture". » (p.302/461)

Puis pour la banlieusarde chic vient forcément le moment...

« A cet instant, elle préfèrerait être à sa place, en Irak, au milieu de ces chefs d'entreprise, ou à l'Elysée, en train d'écrire un discours. L'effervescence lui manque. Les réunions quotidiennes aussi. La grossesse va la mettre sur le banc de touche. » (p.364/461)

[Avec la blondasse aux seins opulents, la maternité handicapante pour la carrière... Tuil ne porte pas un discours valorisant pour les femmes.]

« Chacun se replie dans un coin du lit. La climatisation est en marche, pourtant la chaleur est étouffante, les nerfs brûlent, ça pourrait s'embraser. Marion est réveillée, elle fixe un point du mur, elle voudrait avoir la force de se redresser, de faire sa valise et de partir rejoindre Romain mais elle se contente de suivre François du regard tandis qu'il se lève et se dirige vers la salle de bains. » (p.368/461)

[L'écri-nain pipole Christine Angot a fait des émules : le télégrammisme - ce que Bernard Pivot appelle « une écriture énergique et diablement efficace »(2) - est tendance !]

Quant aux scènes de sexe, elles sont "détumescentes", comme l'écrit Jérôme Dupuis.

Avec Insouciance, Karine Tuil déflagre la littérature : ses lecteurs sont à compter parmi les "Blessés", auxquels elle dédie son produit.

Alexandre Anizy

(1) A lire la chronique de Bernard Pivot dans le JDD du 4 septembre 2016, on pourrait croire qu'une voix est acquise.

(2) Ibidem.

La consistance de Dolores Redondo

Publié le par Alexandre Anizy

Sans redondance, Dolores Redondo livre un polar surnaturel.

Avec parcimonie, Dolores Redondo a nimbé de surnaturel les enquêtes de l'inspectrice Salazar, sans quoi nous aurions fissa lâché l'affaire. Mais comme elle a soigné à la fois l'architectonique et le style, on lit d'une seule haleine De chair et d'os (Mercure noir, 2015, en livrel).

Alexandre Anizy

Démondialisation ou déglobalisation ?

Publié le par Alexandre Anizy

Jacques Nikonoff est candidat à la présidentielle 2017 au titre d'un Rassemblement pour la Démondialisation. Son discours est inintelligible.

Depuis avril 2016, il existe un Parti de la Démondialisation, dont Jacques Nikonoff est le président. A ce titre, il veut faire campagne pour la présidentielle 2017, comme il l'explique dans une tribune médiatique (1), parce que notre pays est atteint d'une maladie chronique et dégénérative :

« (...) une explication majeure apparaît pourtant en pleine lumière : la mondialisation. Pas n'importe quelle mondialisation, mais la mondialisation néolibérale. »

L'analyse par Nikonoff du projet néolibéral, qui repose sur 3 piliers (libéralisation financière, libre-échange, traités internationaux et institutions multilatérales), est correcte, sauf que les néolibéraux visent la globalisation du monde et non pas la mondialisation, parce qu'en soi les particularités locales ne les gênent pas tant qu'elles ne s'opposent pas à leurs règles cardinales. En fait, axer un projet politique sur le concept de démondialisation est une double erreur.

La première erreur, c'est d'apparaître comme des opposants au comportement naturel de l'humanité : l'histoire de l'Homme et de ses déplacements montrent qu'il a pris la planète entière pour son terrain de vie. Sous cet angle anthropologique, vouloir démondialiser, c'est d'abord heurter le bon sens des citoyens, et ensuite suggérer la délimitation d'espaces qui finiront par rivaliser. Sous l'angle économique, l'historien Fernand Braudel a montré la pertinence du concept d'économie-monde :

« En résumé, si on la compare aux économies du reste du monde, l'économie européenne semble avoir dû son développement plus avancé à la supériorité de ses instruments et de ses institutions : les Bourses et les diverses formes de crédit. Mais, sans exception aucune, tous les mécanismes et artifices de l'échange se retrouvent en dehors de l'Europe, développés et utilisés à des degrés divers, et l'on peut y discerner une hiérarchie : à l'étage presque supérieur, le Japon ; peut-être l'Insulinde, et l'Islam ; sûrement l'Inde, avec son réseau de crédit développé par ses marchands banyans, sa pratique des prêts d'argent aux entreprises hasardées, ses assurances maritimes ; à l'étage au-dessous, habituée à vivre sur elle-même, la Chine ; et finalement, juste au-dessous d'elle, des milliers d'économies encore primitives. » (2)

Si la mondialisation existait bien avant la formalisation du projet néolibéral à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce que reconnaît Nikonoff, alors c'est l'ambition de cette doctrine qu'il convient de nommer.

La seconde erreur, c'est de confondre démondialisation et déglobalisation. Car quel est le but des néolibéraux ? Ce qui leur importe est l'application globale, c'est à dire sur la Terre entière, des règles de gouvernance fondées sur leurs principes. La globalisation, c'est le processus qu'ils ont mis en branle dès le début des années 1960. La globalisation, c'est le culte du libre-échange qui nécessite le rabougrissement des Etats, ce qui favorise le capitalisme puisque comme l'écrivait Fernand Braudel :

« ― Le capitalisme reste fondé sur une exploitation des ressources et des possibilités internationales, autrement dit il existe aux dimensions du monde, pour le moins il tend vers le monde entier. Sa grosse affaire présente : reconstituer cet universalisme.

― Il s'appuie toujours, obstinément, sur des monopoles de droit ou de fait (...).

― Plus encore, malgré ce que l'on dit d'ordinaire, le capitalisme ne recouvre pas toute l'économie, toute la société au travail ; il ne les enferme jamais l'une et l'autre dans un système, le sien, et qui serait parfait : la tripartition dont je vous ai parlé - vie matérielle, économie de marché, économie capitaliste (celle-ci avec d'énormes adjonctions) - conserve encore une étonnante valeur présente de discrimination et d'explication. »(3)

Dans la globalisation néolibérale en cours, force est de constater que les systèmes sociaux et fiscaux sont mis maintenant ouvertement en concurrence pour un nivellement par le bas : ce sont donc la vie matérielle et l'économie de marché des différentes sociétés qui sont attaqués, comme le dit à sa manière Nikonoff.

Soulignons au passage la contradiction du néolibéralisme : visant à réduire l'Etat à son strict minimum, il favorise le développement du capitalisme, alors que « [celui-ci] ne triomphe que lorsqu'il s'identifie avec l'Etat, qu'il est l'Etat. » (4)

Vers la fin de la globalisation, on assisterait à des explosions sociales dans toutes les sociétés : pour les éviter, les hommes responsables et de bonne volonté doivent prôner la déglobalisation.

Le Brexit n'en est-il pas la deuxième manifestation, la première étant le rejet de la Constitution européenne par le peuple français en mai 2005 ?

La déglobalisation doit être la priorité politique des Transformateurs, parce qu'elle est la condition sine qua none de la réussite des autres. Malheureusement, en choisissant le concept inintelligible de démondialisation, Jacques Nikonoff et ses amis ont mal engagé leur combat politique. Or comme dit Albert Camus : « Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde. »

Alexandre Anizy

(1) Marianne du 26 août 2016.

(2) Fernand Braudel, La dynamique du capitalisme, pages 38-39 (Arthaud, avril 1985, 121 pages).

(3) Ibidem, page 115.

(4) Idem, page 68.

Cas de conscience avec Etienne de Montéty

Publié le par Alexandre Anizy

Avec un inédit de Dumas, le directeur du Figaro littéraire prescrit de la daube. Est-ce une règle du vade-mecum de la presse ?

Le 26 juillet 2016, Etienne de Montéty utilise un quart de page du Figaro pour louer un livre, Un cas de conscience d'Alexandre Dumas (Phébus, 105 pages, 11 €, et en livrel) : il aurait pu s'abstenir, tant ce texte repêché élève la platitude et l'ennui à un niveau inimaginable pour un Dumas. Alors pourquoi cette recension élogieuse ?

Etienne de Montéty (1) est un homme instruit et cultivé dont nous reconnaissons les facultés intellectuelles, même si cet homme-là a de bien mauvaises fréquentations, comme le commandant félon Hélie Denoix de Saint-Marc (2), ou bien le totalitaire Thierry Maulnier, et même si nous n'avons pas apprécié son roman La route du salut :

http://www.alexandreanizy.com/article-la-deroute-de-montety-et-les-moeurs-de-l-edition-120471868.html

Alors pourquoi un médiacrate comme Etienne de Montéty prend-il un quart de page du Figaro pour recommander une daube d'Alexandre Dumas ? Réponse dans notre article en lien ci-dessus.

Alexandre Anizy

(1) En est-il ? Montéty (de) : ancienne famille bourgeoise du Rouergue (Séverac-le-château) répandue un peu partout aujourd'hui. Dictionnaire de la vraie & fausse noblesse, Tallandier 2008.

(2) Denoix de Saint-Marc : fausse noblesse ; bourgeoisie fieffée du Périgord (Campsegret, Bergerac). Ibidem.

Plonger dans la piscine d'Alan Hollinghurst

Publié le par Alexandre Anizy

Pourquoi Alan Hollinghurst nous fait penser à Donna Tartt avec "La piscine-bibliothèque" ?

C'est une chose entendue : La piscine-bibliothèque (en livrel et en poche) est un bon roman ; il est même culte relativement à l'homosexualité. Mais nous refusons de le cantonner dans le genre "roman gay", bien qu'il faille prévenir qu'il tombera des mains de lecteurs du fait de son érotisme animal.

De quoi s'agit-il ? Alan Hollinghurst dépeint une pratique sexuelle débridée, situant son roman dans les clubs anglais où se côtoient les aristocrates puissants et les gens fortunés, dans le cadre d'une vengeance.

Le problème est qu'il ne conclut pas son affaire, comme Donna Tarrt :

http://www.alexandreanizy.com/article-donna-tartt-n-a-pas-coupe-dans-le-chardonneret-122874500.html

Or pour nous, un écrivain doit apporter une vision du monde : celle d'Alan Hollinghurst paraît ici incomplète. Volontairement tronquée par un sage calcul ?

Alexandre Anizy

Rêve frontalier de Michel Foucher

Publié le par Alexandre Anizy

Quand le diplomate chevronné Michel Foucher est abruti par les vieilles chimères eurofédéralistes.

Il faut s'étonner du titre de l'opuscule que vient de publier Michel Foucher, à savoir Le retour des frontières (CNRS éditions, mai 2016, 56 pages, 5 €), quand on y lit dans le premier chapitre qu'elles n'ont jamais disparues, notamment dans la version "mur" comme en Corée, Chypre, Israël.

Dans le chapitre suivant, l'auteur rappelle que l'empire américain a décidé en 2003 de redessiner le Moyen-Orient, avec l'Irak devant être "décentralisé à l'extrême" (position exprimée dès 2006 par le vice-président Joe Biden et réaffirmée en 2016) comme ils l'ont voulu et réalisé en Bosnie avec l'accord de Dayton, ainsi que de reconfigurer le continent européen, avec notamment la volonté d'arrimer l'Ukraine à l'Europe occidentale via l'OTAN et l'UE au mépris de l'histoire russe et des réalités économiques et sociales de ce pays.

Dans le dernier chapitre, Michel Foucher regrette que des contrôles frontaliers internes à l'espace européen aient été réintroduit en 2015 à Vintimille (frontière franco-italienne), puisqu'il prône quant à lui « la construction d'une citoyenneté européenne, d'un sentiment d'appartenance politique à une fédération stato-nationale ». Vaste programme flou.

Qui donc ira mourir pour l'Ukraine, par exemple, ce pays sous la férule de crapules comme Piotr Porochenko, Ioulia Timochenko, etc., aujourd'hui sous la coupe yankee, hier sous celle des Russes, quant à demain ? En tout cas, l'histoire nous enseigne que ce ne sont jamais des nantis ou des intellectuels comme Michel Foucher qui risquent leurs peaux dans ce genre d'aventure.

Alexandre Anizy

Flinguer le petit jeu de Céline Minard

Publié le par Alexandre Anizy

Avec Céline Minard, la littérature a failli être plombée.

Bon petit soldat du monde de l'édition, l'écrivain Céline Minard applique à merveille une règle bien connue : ce n'est pas parce qu'on n'a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule.

Alexandre Anizy

Alessandro Pascali au Furnirussi Tenuta dans les Pouilles

Publié le par Alexandre Anizy

Entre Lecce et Otrante (Serrano, précisément), découvrez un havre de paix où officie le Chef Alessandro Pascali (♣).

Dans le Salento, campagne pouilleuse où l'on peut voir les ravages de la bactérie Xylella fastidiosa dans les champs d'oliviers, il existe un domaine agricole spécialisé dans la figue au cœur duquel se loge un hôtel d'une simplicité luxueuse, le Furnirussi Tenuta : dans cet antre règne Alessandro Pascali, un jeune Chef bourré de talent (♣) (1).

Alain Ducasse, avec qui le maestro italien a travaillé à Saint-Tropez, a retenu cette adresse dans sa Châteaux&Hôtels Collection.

Alexandre Anizy

(1) Dans ses plats, Alessandro Pascali joue beaucoup avec les saveurs des végétaux ― chez lui, la règle des 3 saveurs de Bernard Loiseau n'est pas de mise ―, mettant aussi en valeur les poissons et les viandes, sans parler des pâtes ! Dans notre tableau gastronomique (très limité et très subjectif), il obtient un ♣ (sur une échelle de 3).

A titre de comparaison, L'atelier de Robuchon Drugstore Etoile n'obtient qu'un ♣ parce qu'il ne met pas assez en valeur les végétaux.

Le polar psy de Wendy Walker

Publié le par Alexandre Anizy

Chez Wendy Walker, le psy conduit l'enquête à sa manière.

Au fur et à mesure, Wendy Walker captive le lecteur, non pas par le style de bonne facture mais l'architectonique subtile de son polar Tout n'est pas perdu (Sonatine, 2016, livrel à 14,99 € - trop cher !). De plus, l'enquête progresse au rythme des séances chez le psy, au cours desquelles la victime et ses parents sont analysés. L'auteur nous place à côté du psy, et il nous interpelle comme ici :

« Ne le voyez-vous pas ? Ne le savez-vous pas en votre for intérieur ? Nous aimons les gens pour ce qu'ils sont et ce qu'ils nous font ressentir. Nous pouvons d'ordinaire tolérer leurs défauts et les passer sous silence. Mais une fois que nous voyons dans leurs yeux le moindre reflet de nous-mêmes qui n'est pas celui que nous voulons voir, celui que nous avons besoin de voir pour nous sentir bien, le pilier de l'amour est brisé. » (p.55/287)

Originalité et habileté narrative, avec des assertions à méditer : que de choses appréciables dans ce "wendyfull world" !

Alexandre Anizy