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Le nouveau de Keigo Higashino

Publié le par Alexandre Anizy

            A Paris, on peut lire Higashino dans le système de Prêt Numérique en Bibliothèque, dont le catalogue est indigne de la Ville Lumière.  

 

C’est le cas notamment pour Le nouveau (Actes Sud, 2021), dans lequel Keigo Higashino étonne toujours par son brio architectonique (lire Doigts de Higashino sur mezzanines de Françoise Nyssen ou bien encore Un café maison ).     

 

Alexandre Anizy  

 

La scierie

Publié le par Alexandre Anizy

            Qui aime les arbres doit connaître cette activité particulière : la scierie. En 1953, un anonyme a raconté.

 

Grâce à notre librairie de quartier (c’est tout l’intérêt de les fréquenter), nous sommes tombés sur un exemplaire de La scierie (éditions Héros-Limite, 2013), que nous qualifions de récit documentaire sur le début professionnel d’un jeunot qui attend l’appel du service militaire : le décor, l’ambiance,  les machines, les rapports humains, les cadences infernales… Si la technique a progressé, peut-on vraiment dire que tout cela a changé ?    

 

Alexandre Anizy  

 

Heureux qui lit Bartelt

Publié le par Alexandre Anizy

            Avec le temps, on peut devenir sage.

 

Franz Bartelt est à sa manière un sublime¹ du monde des « Lettres françaises » : il  montre une nouvelle fois (lire par exemple Franz Bartelt écrit ce qui lui plait ) son talent dans Je ne suis pas malheureux (Le Dilettante, 2023).   

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) Cf. Denis Poulot, Question sociale. Le Sublime ou le travailleur parisien tel qu’il est en 1870, Maspéro, 1980.

 

Des destins de William Cliff

Publié le par Alexandre Anizy

            William, un vieux garçon toujours dans le vent...

 

 

 

Je passe tout mon temps écrivant de la poésie

comme pour graver dans l’écoulement du temps

une éternité que j’aurais choisie.

 

Hélas ! hélas ! j’ai la tête toute moisie

par des idées, des lambeaux noirs entre mes dents

me faisant croire avoir des soucis importants

malgré mon rêve ancré aux abysses du Vide.

 

Eh bien, mon cœur, à travers ce temps qui vous mord,

tendez votre aile frêle et sans plus de remord

prenez votre envol et gravissez la grisaille !

 

Allez, allez malgré tout ce qui vous assaille,

ces noirs autans qui vous mitraillent de tous bords,

allez, allez déverser votre âpre criaille

au mauvais temps qui vous canarde là dehors !

 

 

William Cliff

(Des destins, La Table Ronde, 2023)

A part d'Andrée Chedid

Publié le par Alexandre Anizy

 

A part

 

A part le temps

Et ses rouages

A part la terre

En éruptions

A part le ciel

Pétrisseur de nuages

A part l'ennemi

Qui génère l'ennemi

 

A part le désamour

Qui ronge l'illusion

A part la durée

Qui moisit nos visages

 

A part les fléaux

A part la tyrannie

A part l'ombre et le crime

Nos batailles nos outrages

 

Je te célèbre ô Vie

Entre cavités et songes

Intervalle convoité

Entre le vide et le rien.

 

Andrée Chedid

(Rythmes, poésie-Gallimard)

 

Terra Alta II et III de Javier Cercas

Publié le par Alexandre Anizy

            Que penser de la trilogie (pour l’instant) ?

 

Quand nous avons lu le premier tome au moment de sa parution, nous n’avons pas estimé utile d’en parler, d’autant que nous avions déjà écrit sur cet auteur (lire ici). Mais puisque rien ne suscitait notre envie dans la production pléthorique des polars, nous achetâmes la suite.

Indépendance (Acte sud, 2022) est caustique : Javier Cercas dégomme la bourgeoisie d’affaires indépendantiste de Catalogne, plus intéressée par le Pouvoir que par l’indépendance de la province.

Le château de Barbe-Bleue (Actes sud, 2023) surfe sur l’actualité des milliardaires prédateurs sexuels, et la corruption à Majorque. Structuré habilement, bien écrit.

« Après Le Monarque des ombres, le premier livre – très difficile – que j’aie jamais voulu écrire, car il parlait du passé franquiste d’une partie de ma famille, j’ai eu la certitude que j’avais clos le cycle narratif de l’autofiction. Si je le poursuivais, je courais le risque de me répéter ou de m’imiter. J’ai senti l’urgence de me réinventer », racontait Cercas en 2021¹.

 Changement réussi, et bénéfique puisque l’auteur a reçu le prix Planeta en 2019.

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) imMonde du 21 mai 2021.

Pas la dalle chez Fred Vargas

Publié le par Alexandre Anizy

            Avec cette autrice, on lit à sa faim.

 

Nous étions en froid avec Fred Vargas (lire ici ), mais son nouvel opus Sur la dalle (Flammarion, 17 mai 2023, en livrel¹) la remet à son niveau, mis à part le titre faiblard : à ce compte-là, pourquoi pas « dans le foyard » ?

 

Alexandre Anizy  

 

(¹) Ayant dû changer très souvent la taille de police pour ne pas en perdre des bribes, nous ne félicitons pas Flammarion pour la qualité du produit, encore moins le sous-traitant Pixellence pour la fabrication.

Emotion de Nakahara Chûya

Publié le par Alexandre Anizy

Emotion d’un soir de printemps

 

Cesse la pluie, souffle le vent.

 Les nuages passent, cachent la lune.

Messieurs dames, ce soir est un soir de printemps.

 Très tiède, souffle le vent.

 

Je ne sais quel profond soupir,

 Je ne sais quelle lointaine vision,

S’éveille, et pourtant insaisissable.

 A quiconque, indicible.

 

C’est une chose à quiconque

 Indicible, et pourtant, justement,

N’est-ce pas ce qu’on dit être la vie ?

 Et pourtant, inexplicable…

 

Ainsi, les hommes, seul à seul,

 Sentent avec leur cœur, et s’ils se regardent,

Se sourient gentiment, mais c’est tout.

 Et ainsi donc, s’en va leur vie !

 

Cesse la pluie, souffle le vent.

 Les nuages passent, cachent la lune.

Messieurs dames, ce soir, est un soir de printemps.

 Très tiède, souffle le vent.

 

Nakahara Chûya

(Poèmes, traduction de Yves-Marie Allioux, éditions Philippe Picquier, poche, 2018)

De Pessoa à Montaigne

Publié le par Alexandre Anizy

Presque anonyme tu souris,

Le soleil dore tes cheveux.

Ah, pourquoi donc, pour être heureux,

Est-ce qu'il faut n'en rien savoir ?

 

Fernando Pessoa

(Pléiade, Oeuvres poétiques)

 

Nous reviennent alors les mots de Montaigne :

Jamais homme n'est donc heureux puisqu'il ne l'est qu'après...

 

 

La gemme d'Ali Cobby Eckermann

Publié le par Alexandre Anizy

            Vient le temps du renouveau poétique : l’exemple Eckermann.

 

            Il nous semble que partout dans le monde les lecteurs sont lassés des romans sortis des fabriques d’écriture, des pleurnicheries autofictionnelles, des choses écrites sans âme ni souffle. Ah ! La chaîne, forcément. Ils peuvent alors se tourner vers la poésie, si elle ose déborder du formalisme qui la cadenasse depuis si longtemps.

            Ruby moonlight d’Ali Cobby Eckermann (éditions Au vent des îles, 1er trimestre 2023, traduction de Mireille Vignol), qui illustre notre propos, est un récit poétique du massacre des aborigènes et d’un amour impossible. En voici deux extraits.

 

Embuscade

 

crac

crac

crac

crânes

corps

cœurs

clan massacré

mourants

mourants

morts

 

En quelques mots qui claquent, cognent, saignent, on y baigne…

 

Tempo

 

lever de soleil

passent les jours

coucher de soleil

 

les feuilles se transforment

passent les semaines

les étoiles se décalent

 

le soleil s’adoucit

passent les mois

l’air se rafraîchit

 

     l’hiver revient

 

Ali Cobby Eckermann

Ruby moonlight. Un roman sur l’impact de la colonisation en Australie du Sud dans les années 1880.  

 

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