Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

notes culturelles

Un autre eden pour James Lee Burke

Publié le par Alexandre Anizy

Il y avait longtemps que nous n’avions pas lu un « noir mélancolique » de James Lee Burke, sans doute l’un des plus grands auteurs américains du genre (lire ici ). Un autre eden (Rivages noir, 2024) nous permit d’en retrouver la patte.

Hélas, si le versant psychologique y est soigné, le versant surnaturel masque la débilité de l’affaire en nous ennuyant. De plus, malgré la palanquée de personnes remerciées par l’auteur, il est navrant de voir une Mustang rouge (c’est au mitan des années 1960 que Ford sortit cette voiture ; p.27/222), quand la présentation de l’ouvrage situe l’action au début des années 1960… Ce n’est pas sérieux.

Oublions vite cet opus, peut-être alimentaire.  

        

Alexandre Anizy  

 

Françoise Hardy vue par Prévert

Publié le par Alexandre Anizy

            C'est ce qu'elle inspira au poète. 

 

Une plante verte  

 

            Dans les serres de la ville, une plante verte chante la vie

 

            Françoise Hardy

 

            Elle écrit les paroles, les mots de ses chansons et c'est cartes à jouer ! reines de l'enfance, reines de la jeunesse, de la tendresse coupées par le roi noir de la lucidité.

            Elle chante le désarroi des amours d'aujourd'hui, la liberté dangereuse de l'amour libéré, le lancinant tourment de l'amour séparé.

            La vie d'« fille comme tant d'autres », c'est tout cela qu'elle chante, tout simple, tout vrai.

            Peu importe de savoir où elle est si elle est « dans le vent ».

            Le vent est dans le temps.

            Le temps est un oiseau vivace, rapide, indifférent et lent.

            Dans les serres du temps, une belle fille toute droite chante contre lui, en souriant. 

            Chante l'amour perdu, retrouvé, partagé et l'on est sous le charme.

            D'autres attendent sous l'orme, regardent le temps passer sans voir ce qu'il y a dedans.

            Sous le charme de Françoise Hardy on entend palpiter la vie.

 

Jacques Prévert

(Textes divers, Pléiade, Oeuvres complètes, vol.II)

 

C'est fini d'après Cavafis

Publié le par Alexandre Anizy

            L'incertitude radicale tétanise certains, libère d'autres pour le meilleur et pour le pire.   

 

 

C'est fini

 

Dévorés de peur, assaillis de doutes,

l'esprit tourmenté et les yeux pleins d'horreur,

nous nous évertuons à chercher ce que nous pourrions faire

pour écarter de nous le danger

inéluctable dont l'imminence nous terrifie.

Pourtant, nous nous trompons, ce n'est pas lui sur le chemin ;

les renseignements étaient faux

(ou nous les avons mal entendus, ou mal compris).

Une autre catastrophe, que nous n'avions pas imaginée,

fond subitement sur nous tel l'éclair

et à l'improviste ― trop tard, maintenant ― nous emporte.

 

 

Constantin Cavafis          

(En attendant les barbares, Poésie/Gallimard)

 

La fin de la Yougoslavie sous la plume de Mehmedinović

Publié le par Alexandre Anizy

 

Karadžić

 

(…) Au café, il parlait rarement ; il écoutait. Quand il intervenait dans la conversation, ses mots avaient un effet apaisant, sans doute à cause de sa longue pratique de la psychiatrie. Personne ne retenait les poèmes de Radovan Karadžić. C’est ainsi que la haine contenue dans ses poèmes de jeunesse échappa à l’attention des lecteurs, alors que le vers « nous descendons en ville, pour castagner la vermine » est l’essence même du programme guerrier de Radovan.

            Dans tous les cas,  Karadžić faisait l’effet d’un homme paisible et bienveillant. Lors des premières élections pluripartites, après la chute du socialisme, il avait été le fondateur du parti des Verts. Et cela, m’avait-il semblé alors, lui ressemblait tout à fait. Fonder un tel parti dans le contexte balkanique relevait davantage d’une performance artistique que d’un véritable engagement politique. Et la première action des Verts à Sarajevo allait dans ce sens : ils avaient revêtu les branches des acacias dans la rue principale de sacs plastiques de toutes les couleurs. Quelques mois plus tard, il devenait leader nationaliste serbe et, conformément à son nouveau rôle, il écartait tendancieusement son bras gauche pour laisser voir aux curieux la crosse de son pistolet sous sa veste. Le changement était radical. Sauf que Radovan n’avait pas besoin de s’enfoncer une chaussette sur la tête pour que l’on remarque son changement de physionomie : son expression était devenue plus sauvage, ce n’était plus l’homme que j’avais connu. L’humilité s’était évaporée de son visage, exactement comme l’âme s’échappe d’un homme mort.

 

 

Les frontières des prénoms

 

En Bosnie, les musulmans donnaient à leurs enfants des prénoms orthodoxes. C’est le complexe du partisan : ces malheureux enfants étaient nés de l’union contre-nature de leurs parents avec un Etat qui essayait subtilement de les assimiler. (…)

 

 

Semezdin Mehmedinović

Sarajevo blues, Le bruit du monde, 2024   

 

 

La Yougoslavie ne pouvait pas s’en sortir. Alexandre Anizy.

 

 

Cimetière au lion de Mehmedinović

Publié le par Alexandre Anizy

 

Cimetière au lion

 

L’ancien cimetière de la ville, ranimé par la guerre. La pelleteuse creuse de nouvelles tombes dans la terre, elle les creuse à l’avance, comptant sur les corps. Quand les grenades tombent  ̶  et elles tombent souvent sur ce cimetière  ̶  le conducteur de la pelleteuse et le fossoyeur qui l’assiste sautent dans les fosses fraîchement creusées. Tranchée de fortune : l’espace d’un instant, une chose qui appartient à la mort est au service de la vie.

 

Semezdin Mehmedinović

Sarajevo blues, Le bruit du monde, 2024

 

Le miroir de Nietzsche

Publié le par Alexandre Anizy

 

La vie est un miroir

Se reconnaître en elle

C'est là ce que j'appelle

Notre premier vouloir.

 

Friedrich Nietzsche

            (Poèmes complets, Les Belles Lettres, mai 2019)

 

Origine selon Marie-Claire Bancquart

Publié le par Alexandre Anizy

Douleur : explosion, spasmes.

 

Le fond de la gorge

se dévoile en chair animale,

humide  pantelante.

 

Brutal, ce qui nous tient le plus à l'être. 

 

Dans l'extrême nous retrouvons

la soupe d'origine, où tressaillaient vaguement des cellules.

 

 

Marie-Claire Bancquart

(Terre énergumène, Poésie Gallimard)

 

Souvenir de Louis-Philippe Dalembert

Publié le par Alexandre Anizy

souvenir

 

je me souviens d’une rue

étroite et longiligne

une venelle d’une cité

dont je n’ai plus mémoire

 

la rue donnait sur une petite place

ocre fermée d’un côté

ouverte de l’autre sur un port de pêche

ou de plaisance allez savoir

des bateaux arrimés à des pontons

dansaient au gré des flots

dans le bruissement lancinant des drisses

fouettant les vergues et les mâts

 

des hommes et des femmes

installés sur la place

autour de tables en bois carrées

recouvertes de nappes à carreaux rouge et blanc

bavardaient en sirotant des cocktails multicolores

à l’abri des bus à toit ouvert

qui rasaient les murs

et le rire insouciant des enfants

 

le temps était si sombre

qu’il ressemblait au crépuscule

ou à un matin d’automne

à l’heure où le ciel indécis

tarde à appareiller vers le grand jour

 

le temps passe si vite désormais

que je ne me souviens plus très bien

ni du nom de la ville

ni de celle qui m’accompagnait

peut-être n’y avait-il personne

 

le temps passe si vite

tellement vite que le soleil même

s’est perdu en chemin

 

 

Louis-Philippe Dalembert

(Cantique du balbutiement, éditions Bruno Doucey, 2020)

 

Eva Garcia Saenz de Urturi en fétiche ?

Publié le par Alexandre Anizy

Si l’on admet le principe qu’un auteur puisse être fétiche, qu’en est-il pour Eva Garcia Saenz de Urturi ?   

 

            Ne prenant que les 2 premiers tomes de la trilogie, i.e. Le silence de la ville blanche (Pocket, mars 2022) et Les rites de l’eau (Fleuve noir, livrel 2022), puisque le 3ème (Los señores del tiempo, 2018) n’est pas encore publié en France, il nous semblerait exagéré d’auréoler une autrice dont le style est plus Alafair Burke (lire ici ) que Dolores Redondo (lire ici ), mais rien que par la qualité de son architectonique elle se lit plaisamment.

 

Alexandre Anizy  

 

Valerio Varesi et 68

Publié le par Alexandre Anizy

            Valerio Varesi s’intéresse cette fois-ci à l’époque et à l’évolution des gauchistes italiens. En France, un auteur qui oserait railler pépé Dany se ferait démolir médiatiquement, tant cet infâme a ses entrées partout (après avoir fourgué la dope macronienne, il fait l’article du mercenaire Raphaël Glucksmann, sans vergogne).  

 

Comme nous avons déjà dit beaucoup de bien sur Varesi (lire ici), il est inutile de nous répéter. Ce n’est qu’un début, commissaire Soneri (Agullo, 2023) est à lire, un point c’est tout, notamment pour comprendre la suite en Italie.

 

Alexandre Anizy  

 

1 2 3 4 5 6 7 8 9 10 20 30 40 50 60 70 80 > >>