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notes culturelles

A Macron et à la Convention (CCC) le tant pis de Jacques Prévert

Publié le par Alexandre Anizy

            Jupiter Junior ne veut pas descendre du manège : les rêveurs de la Convention Citoyenne pour le Climat (CCC) le comprennent à leurs dépens.   

 

 

Tant pis

 

Faites entrer le chien couvert de boue

Tant pis pour ceux qui n'aiment ni les chiens ni la boue

Faites entrer le chien entièrement sali par la boue

Tant pis pour ceux qui n'aiment pas la boue

Qui ne comprennent pas

Qui ne savent pas le chien

Qui ne savent pas la boue

Faites entrer le chien

Et qu'il se secoue

On peut laver le chien

On peut laver la boue

Et l'eau aussi on peut la laver

On ne peut pas laver ceux

Ceux qui disent qu'ils aiment les chiens

A condition que ...

Le chien couvert de boue est propre

La boue est propre

L'eau est propre aussi quelquefois

Ceux qui disent à condition que...

Ceux-là ne sont pas propres

Absolument pas.

 

Jacques Prévert

(Pléiade, oeuvres complètes, vol. II)

 

Un principe de Charles d'Orléans

Publié le par Alexandre Anizy

Bel-Ami Macron l'a toujours appliqué à foison.

 

Rondeau 67

 

Il faut toujours garder

Une chose pour soi ;

On ne peut pas montrer

Son intention entière.

 

Quand on frôle le risque 

D'un propos imprudent,

Il faut toujours garder

Une chose pour soi.

 

Si Pensée la frivole

Veut gaspiller les mots,

Raison doit épargner,

En tant que trésorière,

Une chose pour soi.

 

 

Charles d'Orléans

(En la forêt de longue attente, Poésie/Gallimard, édition bilingue de Gérard Gros, novembre 2001)

Nature humaine de Serge Joncour

Publié le par Alexandre Anizy

            Encore un dans sa besace !

 

            Contrairement au héros de Soie d'Alessandro Baricco (lire ici ), Joncour n'a pas d'inflexion féminine, mais il avait d'autres atouts. En matière littéraire, c'est en lisant Nature humaine (Flammarion, 2020), dont l'architectonique subtile rythme le récit, que nous avons apprécié le style sobre et élégant. Echantillons ?

 

            « L'enfance était éteinte depuis longtemps, elle avait été faite de rires et de jeux, entre assemblées et grands rendez-vous de l'été pour les récoltes de tabac et de safran. Puis les sœurs étaient parties vers d'autres horizons, toutes en ville, il n'y avait rien de triste ni de maléfique là-dedans. » (p.7 sur 319)

            « Ce soir-là, Alexandre avait remis des bûches dans le grand poêle, il les surveillait pour contenir la braise. Une fois de plus Agathe traînait dans sa chambre, plus boudeuse que jamais. Quant au père il était dehors à réparer la porte de la grange, et la mère terminait de mixer une soupe à la cuisine avec cet énorme mixeur qui faisait un bruit de débroussailleuse. » (p.176 sur 319)   

 

            Le dames du Femina ont couronné Nature humaine : peut-on résister au beau Serge ?

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 P.S. :  Cette année, les paysans sont à l'honneur, puisque le Renaudot vient d'être décerné à Marie-Hélène Lafon pour Histoire d'un fils (lire ici ). Intéressant de lire et d'écouter le phrasé de ces deux-là.

2 extraits de Xavier Bordes pour Julia de Funès

Publié le par Alexandre Anizy

Extraits de La Pierre Amour

( Poésie Gallimard )

 

Dans le moindre brin d'oseille, il y a plus de vérité

que dans tous les propos du philosophe

disait le truand

 

***

 

Elle erre comme un chien dans la nuit

qui renverserait toutes les poubelles du langage

 

***

 

Xavier Bordes

 

Pike de Benjamin Whitmer

Publié le par Alexandre Anizy

            Âmes sensibles s'abstenir.

 

            Il y a mille raisons pour lire du "noir" : simplement s'évader (curieuse expression, n'est-ce pas ?), les stratagèmes, la psychologie, la toile de fond économique et sociale, le style, etc. Vous trouverez un peu tout ça dans Pike de Benjamin Whitmer (Gallmeister, 2012, en livrel), mais une chape de violence plombe tellement ce roman de bout en bout qu'il est sage de le déconseiller aux personnes sensibles. Pour les autres, disons pourquoi il est possible de s'infliger cette crade vision de l'humanité : tenir un style, voilà la performance. Trois exemples le montrent.   

            Prenons l'incipit : « Le bras gauche du gosse saille en biais de la neige sale comme une branche de bois noir cassée. Derrick tâte le corps de la pointe de sa botte de cow-boy. Aucun mouvement. Il rengaine son Colt 911 et balaye la ruelle du regard. »

            Complétons par le final : « Tenant sa cigarette dans sa petite griffe de main, elle l'éteint en se l'enfonçant dans l'avant-bras, juste pour avoir pensé ça. Sa peau frémit et brûle.

Dehors, rien ne change. Dedans non plus. »

            Terminons par un extrait pris au hasard : « Momifiés dans leurs combinaisons de ski, deux tout jeunes enfants jouent dans la neige gris charbon devant la petite maison. Le ciel au-dessus d'eux semble un immense vomi répandu sur la ville. (...) Derrière eux, une femme mince se tient sur le seuil de la porte, en pantoufles et manteau d'hiver taille homme, fumant une longue cigarette blanche. Elle est blonde. Son visage pend sur les os de son crâne. » (p.156 de 289).

            Le choix des mots contribue à l'expression picturale de Benjamin Whitmer.

 

Alexandre Anizy

Le droit chemin de Jacques Prévert

Publié le par Alexandre Anizy

Oseront-ils prendre la traverse ?

 

 

Le droit chemin

 

A chaque kilomètre

chaque année

des vieillards au front borné

indiquent aux enfants la route

d'un geste de ciment armé.

 

Jacques Prévert

(Paroles, dans la Pléiade volume 1, 1992)

Histoire du fils de Marie-Hélène Lafon

Publié le par Alexandre Anizy

            Quittons l'industrie de Minier et Bussi, revenons à l'artisanat d'art avec Marie-Hélène Lafon.

 

            L'autrice gratifie les amateurs lettrés d'un nouvel opus : Histoire du fils (Buchet-Chastel, mai 2020, en livrel).

            Dans tous ses états, la France profonde a son scribe. Ne boudons pas notre plaisir :

            « Il réfléchit beaucoup aux odeurs et aux couleurs des gens, des choses, des pièces ou des moments et, quand Antoinette vivait avec eux à Chanterelle, il la faisait rire avec ce qu'elle appelait ses folies, et elle riait elle riait, elle pleurait aussi du coin des yeux à force de rire tellement ; maintenant il ne peut plus dire ses folies à personne. » (p.8/103)

            Finesse psychologique et sociologique, sobriété lexicale, phrasé personnel. Que du talent !  

 

 

Alexandre Anizy

 

Bussi is not Buzy

Publié le par Alexandre Anizy

            Bourré de talents, Michel Bussi embarque sans gémir vers les Marquises dans son dernier roman Au soleil redouté (Presses de la Cité, juin 2020).

 

 

D'abord, d'abord y a l'style

Qui est pas folichon

Qu'est juste travaillé

Pour ne pas nous lâcher

 

Et puis y a l'histoire

Qui vous prend la tête

Mais pas trop quand même

Sinon on s'rait cuit

Et pas du tout content

Et que ce s'rait fini

Bussi et compagnie

 

Faut vous dire Monsieur

Qu'ça sent la resucée

D'un mémoire passé

Côté géographie

Alors j'le crois Monsieur 

Y a pas de p'tit profit

Pour un gars plein d'sous

 

Et puis y a le final

Où l'prof fait le malin

Des fois qu'ses clients

N'auraient pas tout compris

C'est alors qu'il les barbe

Aux Marquises

 

 

            Ainsi, parce qu'il n'est ni messin ni dyslexique, pour fabriquer son produit Bussi ne fut pas trop Buzy.

 

 

Alexandre Anizy

 

Le dernier wagonnet de Bernard Minier

Publié le par Alexandre Anizy

            La production de Bernard Minier ne doit pas être déplaisante.

 

 

            En tout cas, la lecture de La vallée (XO éditions, 2020, en livrel) n'est pas rebutante. L'auteur sait y faire en matière de suspense (évoquant aussi des choses d'actualité ― comme la décrépitude des bâtiments publics, p.56/430 ―, de manière consensuelle évidemment), moins en écriture. Il devrait éviter les envolées comme celle-ci : « Toute cette indifférence millénaire, cette montagne inhospitalière, qui n'offrait au regard que le hideux visage de sa mort prochaine. » (p.6/430... on a craint le pire !)

 

 

 

Alexandre Anizy

 

Tetsuya Honda dans l'atelier

Publié le par Alexandre Anizy

            Dans nos emplettes pré-estivales, nous eûmes la main heureuse.  

 

 

            Il est vrai que l'affaire s'annonçait sous les meilleurs auspices, puisque l'Atelier Akatombo est une maison d'édition animée par Dominique Sylvain, dont nous avions parlé en juillet 2007 (lire ici ).  

            Cruel est le ciel (2020, en livrel) de Tetsuya Honda nous a donc permis de découvrir un auteur japonais notoire et Atelier Akatombo.

            Heureux qui comme Anizy a fait un beau voyage... 

 

 

Alexandre Anizy