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notes culturelles

Le dernier wagonnet de Bernard Minier

Publié le par Alexandre Anizy

            La production de Bernard Minier ne doit pas être déplaisante.

 

 

            En tout cas, la lecture de La vallée (XO éditions, 2020, en livrel) n'est pas rebutante. L'auteur sait y faire en matière de suspense (évoquant aussi des choses d'actualité ― comme la décrépitude des bâtiments publics, p.56/430 ―, de manière consensuelle évidemment), moins en écriture. Il devrait éviter les envolées comme celle-ci : « Toute cette indifférence millénaire, cette montagne inhospitalière, qui n'offrait au regard que le hideux visage de sa mort prochaine. » (p.6/430... on a craint le pire !)

 

 

 

Alexandre Anizy

 

Tetsuya Honda dans l'atelier

Publié le par Alexandre Anizy

            Dans nos emplettes pré-estivales, nous eûmes la main heureuse.  

 

 

            Il est vrai que l'affaire s'annonçait sous les meilleurs auspices, puisque l'Atelier Akatombo est une maison d'édition animée par Dominique Sylvain, dont nous avions parlé en juillet 2007 (lire ici ).  

            Cruel est le ciel (2020, en livrel) de Tetsuya Honda nous a donc permis de découvrir un auteur japonais notoire et Atelier Akatombo.

            Heureux qui comme Anizy a fait un beau voyage... 

 

 

Alexandre Anizy

 

Le Parme de Valerio Varesi

Publié le par Alexandre Anizy

            Tout suffocant et blême, quand Soneri leurre, Varesi ni ne s'emmêle ni ne pleure.

 

 

            Grâce aux Agullo Editions (une petite maison dans la banlieue bordelaise), depuis 2016 il est possible de lire les enquêtes du commissaire Franco Soneri, mais c'est seulement en juin que nous l'apprîmes. En prévision de vacances méritées en Avoriaz, nous fîmes nos provisions : Le Fleuve des brumes (2016, en livrel) et Or, encens et poussière (2020, en livrel).

 

            Comme le Pepe Carvalho de Manuel Vasquez Montalban, le Salvo Montalbano d'Andrea Camilleri, le Franco Soneri de Valerio Varesi régale aussi le lecteur avec des plats de la cuisine locale et surtout, comme ses collègues espagnol et sicilien, par un travail soigné d'écriture et d'architectonique.

            Ainsi avec Le Fleuve des brumes, nous plongeons un peu dans la Résistance italienne.

            Pour Or, encens et poussière, Alain Léauthier a écrit un bon article dans Marianne du 21 août (rien à ajouter).

 

            Alors en légion, sautez sur Varesi !

 

 

 

Alexandre Anizy

 

Concorde selon Octavio Paz

Publié le par Alexandre Anizy

 

Concorde

                                                             à Carlos Fuentes

 

L'eau en haut

En bas le bois

Par les chemins le vent

 

Quiétude du puits

Noir le seau Franche l'eau

 

L'eau descend jusqu'aux arbres

Le ciel monte jusqu'aux lèvres

 

 

Octavio Paz

                                                                (Versant Est, Poésie Gallimard)

 

Notule sur le dernier Hannelore Cayre

Publié le par Alexandre Anizy

            Puisqu'on ne prête qu'aux riches...

 

 

            Cayre Hannelore vient de publier Richesse oblige (Métaillé Noir, en livrel). Comme elle a fait des efforts de documentation, que l'architectonique est équilibrée et le rythme soutenu, que les styles furent travaillés, sa lecture est donc possible.

 

 

Alexandre Anizy

 

Pas de soleil pour Dror Mishani

Publié le par Alexandre Anizy

              Que diable fait-il dans la série ?

 

 

              Gallimard vient de publier Dror Mishani (février 2020, en livrel) : on se demande d'une part pourquoi dans la collection Noire, et d'autre part l'intérêt d'un livre laborieux, fade, incolore.

 

              Dans un pays qui finira mal comme tous les États religieux, glissant maintenant vers l'apartheid (1) après avoir érigé un mur de la honte bien avant celui de Donald Trump, l'universitaire médiacrate Mishani montre vaguement  l'exploitation des étrangers dans le système de santé israélien (l'EHPAD à domicile, pour le dire simplement). C'est mince, comme son intrigue. Alors...

 

              Une, deux, trois... poubelle !

 

 

Alexandre Anizy

 

 

(1) « Si nous ne sommes plus démographiquement et culturellement majoritaires dans un seul Etat qui aura annexé les territoires palestiniens entre la Méditerranée et le Jourdain, oui, ce sera un Etat d'apartheid qui entraînera un cycle de violences infini. C'en sera fini des valeurs qui sont à l'origine de notre déclaration d'indépendance.» Ami Ayalon, ancien chef d'état-major de la flotte de l'Etat hébreu, ex-directeur du Shin Bet , dans le JDD du 28 juin 2020.    

La vague pessoenne (et les illusions sur Macron)

Publié le par Alexandre Anizy

            Ah, si seulement la France était au bout du rouleau de la vague pessoenne...  

 

 

Enfin je suis tranquille. Et je n'attends plus rien.

Enfin sur mon coeur vide

Est descendue l'inconscience bénie

De ne pas même désirer une illusion.

 

Fernando Pessoa

(Pléiade, Oeuvres poétiques)

 

Une relecture de Roger Vailland

Publié le par Alexandre Anizy

            C'est un livre sur une époque, mais tellement au-dessus de la mélasse actuelle. Alors respirons un peu et sortons Vailland du placard !  

 

 

            A cette relecture du roman Drôle de jeu de Roger Vailland (éditions Libella, poche Libretto, novembre 2009), toujours le plaisir et le même agacement : lire ici .

 

 

Alexandre Anizy

 

Nicol au rebut (non, pas la Belloubet)

Publié le par Alexandre Anizy

            Juste un auteur sud-africain à éviter.

 

 

            Franchement, la lecture de L'agence (Gallimard série noire, 2019) de Mike Nicol a au moins un mérite :  elle met en lumière Deon Meyer (lire ici ).  

            Echantillons :

            « Ils se retrouvent sur le parking au sommet des Tampon Towers. Conformément aux ordres. Au vu et au su de tous. En fin d'après-midi. Tout en bas. Le Cap transpire dans la fournaise et l'humidité. La chaleur émane des montagnes comme d'un haut-fourneau, par pulsations. » (incipit)

            « Un avion en provenant de Joburg atterrit. Fish reconnaît certains visages : des députés, des PDG, des hommes d'affaires. Des visages souriants. Des personnes de bonne humeur. D'humeur festive. » (p.350/428)  

            Des textes de cet acabit, Jean Esch a pu en traduire 10 par an dans sa carrière.   

 

 

Alexandre Anizy

 

Matignon : le strict superflu de Prévert

Publié le par Alexandre Anizy

            Tout ça pour un casse-tête.    

 

 

Le strict superflu

 

Un beau jour

Les hommes qui fabriquent mangeront à leur faim

Et ce qu'ils mangeront sera bon

très bon

pas bon comme la romaine

ou bon pour le service

mais simplement bon

comme le bon pain

Un beau jour

Les hommes qui fabriquent dormiront leur content

et ils auront de beaux rêves

de belles amours

et des draps blancs

et de grandes orgues de Barbarie

qui marcheront au quart de tour

et qui joueront tous les jours

les plus beaux airs du monde

et

les plus difficiles

Parce qu'un jour

les hommes qui fabriquent

connaîtront enfin la musique

 

Jacques Prévert

(Textes divers, Pléiade, Œuvres complètes, vol. II)