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notes culturelles

N'oubliez pas votre autre chose selon Prévert

Publié le par Alexandre Anizy

            Bien sûr il faut essayer de changer le monde, mais chacun sans oublier son autre chose.  

 

 

Malgré moi...

 

Embauché malgré moi dans l'usine à idées

j'ai refusé de pointer

Mobilisé de même dans l'armée des idées

j'ai déserté

Je n'ai jamais compris grand-chose

Il n'y a jamais grand-chose

ni petite chose

Il y a autre chose.

 

Autre chose

c'est ce que j'aime qui me plaît

et que je fais.

 

Jacques Prévert

(Choses et autres, Pléiade, Oeuvres complètes, vol. II) 

 

Connelly en béton

Publié le par Alexandre Anizy

            De temps en temps, il est agréable de picorer chez Michaël Connelly.   

 

 

            La vie est courte et le monde foisonnant, si bien qu'il est judicieux de ne pas suivre la production métronomique d'un stakhanoviste. Mais le dernier opus, Nuit sombre et sacrée (Calmann-Lévy, 2020, en livrel), qui rassemble Bosh et Ballard, incitait au détour. Aucune déception puisque l'auteur est un bon artisan.

 

Alexandre Anizy

 

Facétie d'André Velter

Publié le par Alexandre Anizy

            Valable pour les dieux et les maîtres en toc ?

 

 

Extrait de La vie en dansant (Poésie/Gallimard, janvier 2000)

 

 

Renaître ou ne pas renaître

C'est assez de facéties

    

Dieux de tous les pays

Oubliez-nous

 

 

André Velter

   

Considérations sur la loi d'André Velter

Publié le par Alexandre Anizy

            A méditer pour les temps qui viennent.

 

 

 

(Extrait du texte Le lieu et la formule)   

 

            La loi est une illusion bien-pensante. Code des valeurs frelatées. Garant de la grille sociale.

            Elle congédie le réel. Cadre le désir. Sauve les apparences.

            Elle nomme le juste en désignant le rentable. Le beau en exilant la beauté.

            Elle est le gage principal du spectacle qui a soumis le monde.

 

André Velter

La vie en dansant (Poésie/Gallimard, janvier 2000)

 

Pelecanos libéré, mais nous ?

Publié le par Alexandre Anizy

            On sent que l'écrivain George Pelecanos se fait plaisir lorsqu'il commente un John Steinbeck (et d'autres), et par capillarité il touche le lecteur.  

 

 

            Le roman A peine libéré, qui vient de paraître (Calmann-Lévy, 2020, en livrel), vaut pour les digressions littéraires puisque l'architectonique est impeccable. Voilà un polar pour une plage qui ne serait pas "dynamique", mais est-ce possible ?    

 

 

Alexandre Anizy

 

Le vieil ordre selon Jean-Marie Barnaud

Publié le par Alexandre Anizy

            Sans titre.

 

 

Tu vois partout

qui domine

dans les grandes capitales

l'austérité des pierres

dressée comme la lenteur même

sur un fleuve inévitable et glauque

où le vieil ordre agite ses reflets

 

Jean-Marie Barnaud

(Poésie/Gallimard, septembre 2019)

 

Suite et fin de trilogie de Zygmunt Miloszewski

Publié le par Alexandre Anizy

            Une fin difficile. 

 

 

            Avec le deuxième opus titré Un fond de vérité, Miloszewski maintenait la barre au niveau d'excellence qu'il avait atteint avec Les impliqués. Mais le troisième, La rage, a épuisé la niaque de Zygmunt puisqu'il bâcle son affaire.

 

Alexandre Anizy

 

Le fantôme de Richard Brautigan

Publié le par Alexandre Anizy

            Il y a le ciel, le soleil et la mer, mais tout passe, tout casse, tout lasse. Pourtant, que la montagne est belle !

 

 

Sonnet  

 

La mer est comme

un vieux poète bucolique

mort d'une

crise cardiaque dans

des latrines publiques.

Son fantôme hante

encore les urinoirs.

La nuit, on peut

l'entendre qui tourne

en rond pieds nus

dans le noir.

Quelqu'un a volé

ses chaussures.

 

 

Richard Brautigan

(C'est tout ce que j'ai à déclarer, Le Castor astral, édition bilingue, novembre 2016)

 

De la bande à Macron selon Cavafis

Publié le par Alexandre Anizy

            Le recrutement sur curriculum vitae d'une troupe de godillots n'augurait rien de bon, et dans quelques années, d'aucuns s'étonneront des affaires. En attendant les barbares, la mytholepsie * du monarque de cabaret en devient risible.  

 

 

 

A l'enseigne du célèbre philosophe

 

Il suivit pendant deux ans les cours d'Ammonios Sakkas ;

puis il en eut assez de la philosophie et de Sakkas.

 

Sur quoi il est entré en politique

Mais pour l'abandonner. Le Sous-préfet était stupide ;

et son entourage, des bûches solennelles et compassées ;

c'est peu dire que leur grec était barbare, les misérables.

 

Un temps, sa curiosité fut attirée

par l'Eglise ; se faire baptiser

et devenir Chrétien. Mais bien vite,

il changea d'avis. Il se fâcherait certainement

avec ses parents, traditionalistes notoires,

et ceux-ci lui couperaient ― chose affreuse ―

sur-le-champ leurs généreux subsides.

 

Il lui fallait pourtant bien faire quelque chose. Il devint

l'habitué des mauvais lieux d'Alexandrie, le pilier

des repaires les plus inavouables de la débauche.

 

En cela, la destinée s'était montrée favorable ;

elle lui avait donné un visage des plus agréables.

Et lui, profitait de ce don du ciel.

 

Sa beauté durerait bien pendant

une dizaine d'années encore. Mais après ―

peut-être irait-il à nouveau chez Sakkas.

Et si entre-temps le vieillard venait à mourir,

il irait chez un autre philosophe ou sophiste ;

ce ne sont pas les gens compétents qui manquent.

 

Ou pour finir, il n'est pas impossible qu'il se remette

à la politique ― se souvenant méritoirement

de ses traditions familiales, du devoir

envers la patrie, et d'autres clichés tapageurs de ce genre.

 

Constantin Cavafis   

 (En attendant les barbares et autres poèmes, Poésie/Gallimard)

 

 

* Lire l'excellent article de Christian Salmon :

https://www.mediapart.fr/journal/france/140420/emmanuel-macron-met-la-france-sous-hypnose

 

Post-scriptum

            Hier après-midi à l'Assemblée Nationale, les soudards macronistes ont profité du texte sénatorial (2) visant à la protection juridique des maires et des employeurs... pour l'élargir (1) aux membres du gouvernement etc. : le parapluie géant de l'impunité générale est ouvert.

            Après le capitaine de pédalo, la France est dirigée par un moussaillon mytholepse, assisté par un quartier-maître sournois qui, en énacrate briscard de la politicaillerie, prend soin de protéger d'abord ses fesses.

 

(1) Bruno Retailleau chez Jean-Jacques Bourdin sur BFM-RMC, jeudi 7 mai 2020 à 8h30.

(2) Cf. L'imMonde du 7 mai 2020.

 

L'humanisme de Pessoa

Publié le par Alexandre Anizy

             Ah, si tous les gars du monde suivent le précepte de Fernando...   

 

 

Ne dis aucun mal de personne :

C'est de toi que tu dis du mal

Lorsque contre autrui tu bougonnes.

Chacun à chacun est égal.

 

Fernando Pessoa

(Pléiade, Oeuvres poétiques)