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notes culturelles

Le couloir de Davodeau

Publié le par Alexandre Anizy

            Pour faire plaisir à Noël par exemple.

 

 

            Etienne Davodeau poursuit sa course en semant régulièrement un album, comme cette année avec Christophe Hermenier et Joub : Les couloirs aériens (Futuropolis, octobre 2019).

            Les  affres de la cinquantaine ne sont pas si déroutantes.

 

Alexandre Anizy

 

La vie tumultueuse selon Nimrod

Publié le par Alexandre Anizy

             

 

 

Semés avec les orages

nous avons grandi avec les éclairs

et le pays a fleuri

dans les ruisseaux ardents

 

 

Nimrod

( J'aurais un royaume en bois flottés, poésie Gallimard)

 

 

Coulon la poétesse

Publié le par Alexandre Anizy

            Cécile Coulon devrait concentrer sa force pour sortir de son confort. En attendant...

 

 

 

Interlude

 

ce visage endormi que tes yeux éclaboussent

de ce bleu si profond où la nuit

je ramasse

ce qu'il faut de trajets de tes lèvres

à ma bouche

pour pouvoir le matin s'arrêter

se suspendre au bord

du temps qui passe

comme deux grands oiseaux

alourdis par la pluie

font sécher au soleil

leurs plumes d'oreillers

 

Cécile Coulon

Les ronces, Le Castor astral, avril 2018

 

Mauvaise querelle de Kevin Lambert

Publié le par Alexandre Anizy

            L'étudiant Kevin Lambert étoffe son apprentissage littéraire en livrant un roman putassier.

 

           

            Querelle (Le Nouvel Attila, 2019) de Kevin Lambert est une fiction syndicale (sic) qui vire guignolesque, avec un prologue conçut pour les chalands des librairies gay. Le commerce y trouve peut-être son compte, pas la littérature, et encore moins la question sociale.

 

Alexandre Anizy

La faute de Michèle Lesbre

Publié le par Alexandre Anizy

            Qui aime bien, critique bien.

 

 

            Le lecteur anizien sait combien nous apprécions le talent de Michèle Lesbre ( lire ici et ici et ici ), et c'est une correspondante qui nous signala cet ouvrage particulier : Victor Dojlida, une vie dans l'ombre ( Sabine Wespieser, 2012, livrel).

            Bien sûr on y retrouve le style de l'autrice, fait d'une langue délicate et d'un rythme doucereux, bien sûr il y a la justesse d'un propos enrobé dans un équilibre sage, mais au point final, on se demande quel était le projet initial, puisque la Camarde a fauché le héros avant la fin de sa dernière mission.

            Le titre est équivoque, parce que le livre ne dépeint pas l'univers carcéral. Ce n'est pas non plus un travail mémoriel sur la Résistance. Ni sur la chute dans le brigandage, comme l'a raconté Alphonse Boudard ( lire ici ). Non, c'est un peu de tout cela, mais surtout le récit d'une écrivaine allant à la rencontre d'un homme qui se tint droit quand tant d'autres se couchaient : Michèle dans le train vers Homécourt, Michèle attendant Victor dans un café au coin de la rue de la Roquette...

           

            Surimposer son nombril sur la trajectoire digne de Victor Dojlida nous paraît inconvenant : c'est la faute de Michèle Lesbre.

 

 

Alexandre Anizy

 

Sonja Delzongle au top

Publié le par Alexandre Anizy

            Sonja à son top balkanique.

 

 

            Suite à un épisode touquettois ( lire ici ), nous plongeâmes dans Cataractes  (éditions de l'épée, avril 2019, livrel), titre du nouveau thriller de Sonja Delzongle, qui ose cette fois-ci localiser son histoire en Serbie ( lire ici ). Ce faisant, elle commet son meilleur ouvrage : la récidive est donc conseillée !

 

            Après la pommade (sincère et gratuite, du moins sur ce blog ), ne résistons pas à une taquinerie innocente. 

« ... les yeux gorgés de cette émotion partagée.

- Et tu as eu à t'en servir ? demande-t-elle, la gorge serrée. » (p.141/325)

Un jour d'inspiration engorgée, peut-être ?

 

 

Alexandre Anizy

 

L'Appanah c'est un placebo familier

Publié le par Alexandre Anizy

            Nathacha Appanah est une journaleuse qui s'adonne aux textes gris, adore la nuance ― c'est mignon comme une photo de David Hamilton ―, admoneste le pointeur cruel, adoucit son phrasé d'un mélange marin, pour émouvoir son lecteur endormi. Et le reste n'est pas littérature.   

 

 

            Dans Le ciel par-dessus le toit (Gallimard, 2019), l'autrice brode une joliesse rythmée d'anaphores accumulées : la dope est adoptée.

            « C'est un vaste monde qui se dessine en dix ans. Il y a des îles qui disparaissent, des collines qui glissent et s'affaissent, il y a le désert qui ronge les villages et les villes qui grignotent la campagne. Il y a la joie et la mort qui emporte, aussi. Il y a les pardons, et les belles choses qu'on se dit à l'aube. Dix ans mais il reste encore des endroits comme celui où se trouve Loup. » (p.64/99)

Encore et encore...

            Mais aussi une volonté musicale qui amenuise le précis :

            « Il y a ce regard échangé de loin. C'est la mère qui avance vers la fille parce que cette dernière est pétrifiée ― par cette beauté, par cette vague d'émotions qui l'atteint, par le poids de ces dix années, par la difficulté à être l'enfant de sa mère ― et toujours le cœur qui bat, le ventre qui tourne, l'esprit qui se débat pour trouver les mots qui conviennent, mais en réalité c'est autre chose qui prend le dessus et ça ressemble à un début, à quelque chose qui s'ouvre et qui offre on ne sait pas encore quoi, on ne sait pas encore comment mais on espère que ça ressemblera à de la tendresse et, pour l'instant, ça leur suffit. » (p.85/99)

 

            C'en est trop, comme ce "h" planté au milieu du prénom, comme la cendre inutile d'un rêve de majesté. Pour le coup, amusons-nous avec l'excipit : 

            « Il était une fois un endroit ouvert sur la mer, le ciel et la terre. Dans cet endroit, chaque chose avait une histoire et chaque chose contenait une promesse. Loup les goûte une à une, de son corps, de son visage, de ses mains qu'il ouvre en grand et sa bouche aussi. Il lui semble que ce ne sera jamais assez d'offrandes et qu'une vie entière dans ce vaste monde ne sera pas suffisante pour toutes les dire, toutes les tenir. » (p.93/99)

Et le nôtre :

      Il était une fois un livre ouvert sur l'être, le dedans et le dehors. Dans ce livre, chaque page est une profondeur et de chaque page émane la rémanence d'une discorde. Vuk s'en imprègne, Vuk l'ingère, Vuk la restitue. Il était une fois un être intériorisant la fragilité de l'harmonie, la violence du vaste monde.     

 

 

Alexandre Anizy

 

Cécile Coulon est une bête

Publié le par Alexandre Anizy

            De course évidemment. 

 

 

            Depuis le 4 septembre, L'(im)Monde l'ayant récompensée, Cécile Coulon doit être au paradis des anges blond peroxydé, ce qui n'est pas le cas de ses personnages dans Une bête au paradis (L'iconoclaste, août 2019). Un prix mérité pour cette écrivaine talentueuse. Echantillon pris au hasard.

            « Il ne faisait pas partie de la famille. Il était employé, ici. On ne lui avait rien dit, parce qu'on attendait de lui ce qu'on attendait d'un commis de ferme. Nourrir les poules. Nettoyer la cour. Inspecter la grange. Trier les œufs. Traire les vaches. Il ne faisait pas partie de la ferme. Louis avait oublié ce que c'était d'être du paysage sans être de la photo.

            avant de redescendre, il défit le lit d'Emilienne, tira les draps par terre. au moins, quelle ne revienne pas dormir dans un lit sale. » (p.226)

 

            Bien sûr, en lisant Cécile, on voyage vers Marie-Hélène Lafon (lire ici et ici ), à qui l'autrice rend hommage dans un entretien au quotidien vespéral, où elle évoque aussi L'épervier de Maheux de Jean Carrière (lire ici ). Coulon a de bonnes références. Mais pour nous, c'est plus à Bernard Clavel que le livre renvoie. 

 

 

            En tout cas Cécile, pour le Graal, il faudra changer d'écurie : c'est la loi du commerce.

 

 

Alexandre Anizy

Le ghetto de Santiago Amigorena

Publié le par Alexandre Anizy

            Que penser du roman titré "le ghetto intérieur" ? 

 

 

            Santiago Amigorena n'a rien à dire, et il l'écrit mal (la ponctuation est hasardeuse).  

 

 

Alexandre Anizy

Le bordel d'Emma Becker

Publié le par Alexandre Anizy

            Dans la course aux prix, Flammarion avait misé sur le scandale de l'hyper féministe Emma Becker. Et Moix de Grasset écrasa l'alter-ego.

 

 

            L'écrivaine Emma Becker ajoute du malheur au monde en mal nommant son temporaire lieu de travail berlinois : La maison (Flammarion, 2019, en livrel) est un bordel. Est-ce par pudeur, est-ce pour une touche cucul la praline, est-ce parce que Mme Becker considérerait comme Bakounine « [qu'] il n'y a guère de différence entre le mariage bourgeois et la prostitution », on ne saurait le dire.

 

            En tout cas, comme dans L'éducation sentimentale, on s'ennuie. Comme l'héroïne : « J'en suis réduite à faire des additions mesquines, à calculer mon chiffre d'affaires de la semaine, lequel atteint péniblement cent cinquante euros pour trente heures de néant insondable. » (p.162/321) Emma n'est pas une gagneuse ― mais hormis un mac serbe, qui le lui reprocherait ?― puisque son turbin au bordel n'est qu'une expérience.

            Résumons : Emma Becker livre un documentaire sur les bordels allemands, agrémenté de considérations psychologiques, voire sociales, et d'introspections, beaucoup d'introspections... Du genre : « J'ai toujours cru que j'écrivais sur les hommes. Je ne peux relire mes livres sans m'apercevoir que je n'ai jamais écrit que sur les femmes. Sur le fait d'en être une, et sur les milliers de formes que cela prend. » (p.213/321) Pour finalement avouer : « Que je ne suis pas du tout faite pour être journaliste [le lecteur s'en rend compte d'ailleurs], au fond. Aussi égocentrique que la profession puisse l'être, elle n'arrive pas à la cheville du narcissisme qui boursoufle un écrivain comme moi, incapable d'écrire sur qui que ce soit d'autre que lui-même. J'essaie parfois. » (p.214/321)

           

            Nous pardonnons le nombrilisme à la donzelle, et même nous l'encourageons à tenter un autre essai, parce qu'il y a chez elle un style avec un je ne sais quoi qui fleure bon l'impertinence, comme ici : « Notre coalition tricolore anschlusse copieusement la cuisine [du bordel : ah la bouffe chez les Français !], chassant les germanophones, qui n'osent pas nous demander de parler au moins anglais (et quel plaisir subtil, après des mois d'efforts, que d'être ces immigrées qui ne font rien pour s'intégrer !) » (p.199/321)   

 

 

Alexandre Anizy