Avec le manuel, Velibor Čolić revient à son meilleur niveau.
En ces temps de migration, il est sans doute apparu opportun à Velibor Čolić de livrer son Manuel d'exil (Gallimard, avril 2016, en livrel à n € - Antoine... c'est toujours trop cher) : bonne idée puisqu'il retrouve ainsi sa veine littéraire ! En effet, nous pensons que le croato-bosnien intéresse (1) quand il met sa plume dans l'encrier d'un Patrick Besson par exemple, celui de Tour Jade ou bien 28 boulevard Aristide Briand mais surtout pas celui des Brabant - un navet couronné par le Renaudot, c'est vous dire... Sans déconner, Čolić pourrait devenir un autre Bukowski, en plus balkanique et moins aviné.
Pour commencer, il raconte sa guerre :
« Dans les tranchées je ne porte pas de casque. Je tremble tout le temps, je vomis en cachette, j'écris des épitaphes pour mon pays et je porte un drapeau bosniaque sur la manche de ma chemise. Mes camarades disent : « C'est un bon Croate, regarde : il est pour la Bosnie... » Je suis soldat. Le soir je suis ivre et je chante avec mes compagnons nos belles ballades tristes (...) » (p.6/151)
Putain, quelle connerie la guerre !
Et il nous gratifie de quelques aphorismes délectables :
« Dieu pêche les âmes à la ligne, le diable les pêche au filet. » (p.12/151)
D'une certaine Barbara, il souligne la singularité :
« Son corps est touché par un feu sacré, un swing saugrenu qui fait de ses pas une obscène ritournelle, une cadence jazzy et irrégulière. » (p.128/151)
Même si l'exil ne fait pas partie de votre programme à court terme, courez acheter ou voler Velibor Čolić.
Alexandre Anizy
(1) Lire notre billet :
http://www.alexandreanizy.com/article-ederlezi-a-lazy-story-de-velibor-oli-124094032.html