(Titre à chanter sur l’air du jour, sauce GAINSBOURG)
Un petit malin dénommé Julian TEMPLE vient de concocter un film avec les fonds de tiroir où apparaît le leader charismatique du groupe CLASH : il semble que ce soit sa spécialité (voir SEX PISTOLS).
Il se trouve qu’un certain Caryl FéREY a sorti en mai un polar sans prétention dont le titre est « la jambe gauche de Joe Strummer » (folio policier n° 467). Nous ne dévoilerons absolument (comme dirait TEMPLE) rien ni sur le héros déglingué et improbable Mc Cash ni sur l’intrigue, si ce n’est que le titre des chapitres fait référence aux chansons de CLASH (Daniel RENé, dont nous parlerons prochainement, a utilisé aussi ce procédé).
Pour un trajet Paris – Lyon, le livre de Caryl FéREY est recommandé, parce qu’il reproduit l’énergie brute et le monde sans fioriture de CLASH : si la conscience politique de Joe STRUMMER était éveillée, on ne peut pas dire qu’elle reposait sur une connaissance approfondie de l’histoire politique ou de la géopolitique.
Et pourtant, nous nous souvenons du concert de CLASH au théâtre Mogador (en 80 ? 81 ?) : il régnait une ambiance exceptionnelle, et lorsque la barrière de chantier (c’était « le décor » de scène) se leva, tous les spectateurs comprirent qu’ils allaient vivre un moment suspendu. La vie des hommes est façonnée par ces bulles temporelles.
Par la suite, disons 84 ou 85, nous revîmes CLASH à Balard. Ce soir-là, un groupe d’adolescent (14 ans maxi) jouait ( ?) quelques morceaux de rock 100 % punk juste avant leurs idoles. Avec le recul, on se dit que le contraste entre les bambins et les vedettes accentuait le caractère crépusculaire du concert.
Parce que chaque concert de CLASH était une catharsis, ce groupe ne pouvait pas durer.
Le temps a passé, mais le souvenir des bulles temporelles est bien vivace : les marchands du temple l’ont d’ailleurs toujours compris.
Alexandre Anizy