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notes economiques

François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (I)

Publié le par Alexandre Anizy

 

La sagacité de François Lenglet est une nouvelle fois démontrée dans son nouveau livre consacré à « la guerre des empires. Chine contre États-Unis » (Fayard, septembre 2010, 243 pages, 17 €). En deux parties équilibrées, il expose les faits et présente les thèses en marquant ses préférences.

 

Dès la 2ème page de l'introduction, nous sommes avertis : « La réalité est à la fois plus simple et plus inquiétante : la Chine va entrer en collision avec les États-Unis. » En argumentant, l'auteur balaie la thèse de l'interdépendance pour finir par une comparaison : « L'interdépendance n'est stable que si elle est construite sur une relation inégalitaire (…). Pour la Chine et les États-Unis, cette époque est révolue. Nous sommes en 1899. » (p.20).

 

« Le passé, l'avenir

Comme des chiens jumeaux flairent autour de nous. »

Jules Supervielle

(2 vers de "Prairie" du recueil « Gravitations »)

 

Puisque la période pacifique s'est achevée, est-il possible de contraindre l'essor chinois ? La réponse d'un expert est citée (p.23) : « La contention de la Chine, cela ne marchera pas. » (Henry Kissinger, le 16 juin 2005)

 

François Lenglet explique l'évolution de l'opposition dans les 5 chapitres qui composent la 1ère partie, parce qu'un choc est inéluctable. Pourquoi pas en 2011, puisque, selon le conseiller Li Daokui de la Banque Centrale Chinoise (BCC), la crise des "subprimes" serait une plaisanterie au regard de celle du bourbier immobilier chinois ?

 

(à suivre)

 

Alexandre Anizy

 

 

Publié dans Notes économiques

La guerre des changes ici et maintenant

Publié le par Alexandre Anizy

 

La guerre des changes est en train de s'étendre et le patron du FMI, Dominique Strauss-Kahn l'ami du CAC 40, redoute une guerre des monnaies (un terme imprécis mais néanmoins employé par cet expert : « Je prends très au sérieux la menace d'une guerre des monnaies, même larvée (...) » (le monde du 8 octobre 2010). Toujours en retard le "meilleur économiste" de France … (Dans notre note du 20 décembre 2008, nous l'envisagions déjà).

 

Aujourd'hui, qui est clairement offensif dans la mêlée ? La banque centrale américaine, qui s'apprête à racheter massivement, à partir de novembre (selon les minutes des délibérations de la FED), des bons du Trésor au moyen de la planche à billets, ce qui est en adéquation avec la politique de relance que le président Obama sera obligé de mettre en œuvre s'il veut espérer gagner son 2ème mandat, leur objectif avoué étant de baisser les taux d'intérêt à long terme pour accroître l'activité économique.

Faisons une remarque sur ce point : si la FED et les autres grandes banques centrales ont permis d'éviter la catastrophe après la chute de la banque Lehman Brothers, « personne ne peut prétendre que l'abaissement des taux d'intérêt à court terme ait réellement relancé l'investissement » (Joseph E. Stiglitz, prix Nobel d'économie). De la même façon, les chances de succès du plan d'action (quantitative easing) visant à faire baisser les taux à long terme pour stimuler l'économie sont quasi nulles.

Par contre, ce plan d'action aura un premier effet immédiat : la dépréciation du dollar, conforme aux intérêts politiques du gouvernement américain. Le second effet profitera à Wall Street : la hausse du prix des actifs.

 

La Chine n'est pas en reste. Début octobre, en achetant des obligations japonaises, elle a incité les acteurs financiers à faire monter le yen. Pour riposter, la Banque du Japon s'est manifestée sur les marchés après des années de non-intervention. Le 13 octobre, le premier ministre Naoto Kan a demandé à la Chine et à la Corée du Sud (leurs concurrents commerciaux) de ne pas maintenir sous-évaluées leurs monnaies, tandis que le ministre des finances Yoshihiko Noda pointait les interventions régulières de la Corée du Sud sur le marché des changes. Tokyo brisait ainsi un tabou : pour la 1ère fois, la Corée du Sud est mise en accusation.

 

Mais la grande bataille est en Europe. Début octobre, l'euro s'est apprécié de 10 %. Les États-Unis et la Chine ont intérêt à affaiblir l'Europe en dopant l'euro : une opération d'autant plus facile qu'il n'y a pas de défense monétaire européenne.

Le président ubiquiste Sarkozy de Nagy Bocsa, en parlant du problème du yuan, est en retard d'une bataille (comme DSK l'ami du CAC 40). Le vrai sujet, c'est le dollar, dont la chute est une arme de destruction massive.

Les Anglais, quant à eux, ont tiré les premiers en 2008 : c'est une habitude.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Publié dans Notes économiques

Du propagandiste Pierre Briancon

Publié le par Alexandre Anizy

Le quotidien vespéral divulgue chaque jour son lot d'informations sciemment biaisées (voir les notes consacrées à cette "institution").

En économie, il accorde 2 colonnes à des zozos regroupés dans une agence d'informations centrale nommée "Breakingviews" : l'honnêteté intellectuelle n'est pas leur avantage compétitif.

 

Prenons le cas de Pierre Briancon, mardi 17 août 2010.

Sa prose raisonnée :

« La croissance du pays [l'Allemagne] a atteint 2,2 % au deuxième trimestre – son rythme le plus rapide depuis la réunification il y a vingt ans -, au-delà des prévisions les plus optimistes. »

Et comme pendant le même trimestre,

« la croissance française, elle aussi, a été plus forte que prévu, même si, à 0,6 %, elle reste dans le registre poussif. »,

Il faut convenir que,

« ce qui est bon pour l'Allemagne est bon pour le reste de l'Europe. »

 

Si Pierre Briançon était un gars sérieux, il aurait souligné, comme d'aucuns l'ont déjà fait, qu'un examen attentif des données tend à démontrer que cette croissance française de 0,6 % est essentiellement due à un phénomène de stockage. Autrement dit, pour la fameuse reprise, il faudra patienter !

 

Mais Pierre Briançon avait un message à placer ; son omission en est un autre.

 

Pierre Briançon se croit journaliste économique, alors qu'il n'est que propagandiste. Brillant ? Certainement pas. Pour le reste, on ne sait pas.

 

 

Alexandre Anizy

 

 

Publié dans Notes économiques

L'économiste Laurent Cordonnier chez les Toambapiks

Publié le par Alexandre Anizy

On peut être un économiste hétérodoxe et un excellent pédagogue : c'est ce que Laurent Cordonnier vient de prouver avec sa fable titrée « l'économie des Toambapiks » (Raisons d'agir éditions, mars 2010, 232 pages, 8 €).

 

Un jeune professeur assistant de sciences économiques du Massachussetts Institut of Technology (MIT) a accepté une mission chez les Toambapiks : sous son impulsion, d'une économie agraire harmonieuse ils vont passer aux joies et aux affres de l'économie capitaliste avancée.

C'est une fable bien troussée, puisqu'elle réussit le tour de force d'expliquer simplement les principaux mécanismes économiques.

 

Pour ceux qui veulent comprendre les rouages de l'économie sans se coltiner les travaux des maîtres, et même pour les étudiants de 1ère année d'économie politique (nous préférons ce terme plus conforme à la réalité), ce livre constitue une bonne présentation du fonctionnement macroéconomique des sociétés. Par exemple, le concept d'économie monétaire de production, que nous avons déjà évoqué dans des notes précédentes (notamment celles concernant l'économiste Edwin Le Héron), vous deviendra familier.

 

 

Les étudiants de Laurent Cordonnier connaissent-ils leur chance d'avoir un enseignant aussi pédagogue que bien affûté théoriquement ?

 

 

Alexandre Anizy

 

Publié dans Notes économiques

Le concours d'austérité en Europe est une folie

Publié le par Alexandre Anizy

Plongée dans un isolement autistique, l'Allemagne de Mutti Merkel persiste dans la défense de ses intérêts nationaux par-dessus tout en décrétant un plan d'austérité de 80 Milliards d'euros. Aussitôt, elle métastase dans l'Europe vassalisée.

Le Royaume-Uni a déclaré une cure d'austérité de 106 Milliards d'euros.

En France, le gouvernement ne dit encore rien et les médias dociles n'informent pas. Pourtant, Claude Guéant, qui agit parfois comme un grand chambellan de la Maison Élyséenne, s'est exprimé lundi 21 juin dans le Financial Times (quotidien économique anglais) pour dire que « nous devons faire plus, bien sûr. Beaucoup plus. », que le programme de réduction présenté par François Fillon. Les marchés ayant bien compris et accueilli cette nouvelle (l'écart de taux entre l'Allemagne et la France, qui était de 50 points de base il y a 10 jours, est revenu à 35 points le jour même), Claude Guéant a pu ensuite évoquer une sur-interprétation de son propos par les Anglais, comme Bercy de son côté démentait l'existence d'un plan bis d'austérité.


L'enfumage ne peut se pratiquer qu'avec la complaisance des relais d'informations.


L'austérité budgétaire décrétée en Europe peut miner toute l'économie mondiale, toutes choses égales par ailleurs. Cette décision de l'Union Allemande devrait être « considérée comme un acte de guerre mercantiliste contre les Etats-Unis », comme l'écrit Martin Wolf. Par conséquent, l'administration américaine ne devrait pas tarder à répliquer en adoptant par exemple des mesures protectionnistes.

« Europe 2010 : en route vers les années trente », écrivions-nous le 9 juin : http://www.alexandreanizy.com/article-europe-en-route-vers-la-crise-des-annees-trente-51986795.html

Pour Martin Wolf, les choses sont claires aussi : « Toute stabilisation budgétaire qui soutient la croissance est la bienvenue. Une stabilisation budgétaire prématurée qui saperait cette croissance serait une nouvelle folie. » [ndAA : c'est nous qui soulignons]


 

Alexandre Anizy

 

Publié dans Notes économiques

Les vieilles recettes de Nouriel Roubini

Publié le par Alexandre Anizy

Depuis le commencement de la crise en 2007, la renommée de l'américain Nouriel Roubini est à son zénith. En effet, il fut l'un des rares économistes à entrevoir la "crise des subprimes". Depuis cette date, la pertinence de ses analyses ne s'est pas émoussée.


Alors que pense-t-il des perturbations dans la zone euro ?


« Le problème principal de l'Union monétaire, au-delà des déficits excessifs, est que certains pays ont perdu en compétitivité. »

C'est incontestable.

« In fine, la seule option pour éviter un éclatement de la zone euro et regagner en compétitivité est de faire plonger l'euro. »

C'est une proposition insuffisante, puisqu'elle ne règle pas le problème de la compétitivité à l'intérieur de la dite zone.

Si l'éclatement de l'euro se produit, il ne résulterait que de la perte d'un ou deux membres, ce qui ne poserait pas de problèmes majeurs dans la mesure où le processus serait ordonné. Si plusieurs pays abandonnent l'euro, l'Europe se reconfigurerait autour d'un noyau dur de quelques pays.


Que pense-t-il des plans de rigueur ?


« Augmenter les impôts et réduire les dépenses est socialement douloureux. Mais quelle est l'alternative ? (…) Quant à la solution qui consisterait à "imprimer de l'argent", cela conduirait à créer une inflation galopante. L'austérité n'est pas une option facultative. »


Dans un cadre théorique qui a démontré ses limites, Nouriel Roubini pense sans se voiler la face. C'est pourquoi son analyse de la situation mérite notre attention. Mais dès qu'il s'agit de remédier aux dysfonctionnements du système, ou encore plus modestement de sortir de la "zone dangereuse", comme il dit, il rabâche les vieilles recettes en oubliant les leçons du passé, comme tant d'autres.

Il nous fait penser à Jacques Attali, l'imagination en moins.



Alexandre Anizy

 

Publié dans Notes économiques

Europe 2010 : en route vers la crise des années trente

Publié le par Alexandre Anizy

 

Si l'économie politique n'est pas une science exacte, elle a quand même dégagé quelques lois vérifiées dans les faits. Par exemple, en macroéconomie, la théorie dit qu'une union monétaire ne peut pas fonctionner sans mécanisme de coordination budgétaire. Les dogmatiques allemands sous la férule du chancelier Helmut Kohl, par intérêt national, ont substitué à cette nécessaire coordination l'utopique pacte de stabilité, qui est un instrument arbitraire et insensible aux conjonctures économiques.

Suite aux secousses financières et monétaires déclenchées par la crise grecque, les ministres des Finances des 27 ont durci les règles de ce pacte inopérant, ce qui prouvent qu'ils n'ont rien appris des erreurs passées. A leur décharge, force est de constater que bien des économistes patentés sont dans le même bateau ivre.


En 1982, les créanciers souverains du Mexique ont refusé de voir le problème de solvabilité, arguant d'un simple problème transitoire de liquidité. Résultat : 10 ans perdus pour l'Amérique Latine, à qui le Fonds Monétaire International (FMI, déjà dirigé à l'époque par un Français, Jacques de Larosière, qui ne se prétendait pas socialiste comme aujourd'hui Dominique Strauss-Kahn l'ami du CAC 40) a imposé des plans d'austérité stériles. Leur calvaire a pris fin à partir de l'initiative Brady, quand les dettes ont été restructurées … et quand les banques ont pu solder leurs créances.

Pour la Grèce, cette solution pleine de sagesse n'a pas été retenue en 2009. Grâce à la complicité des agences de notation, les titres de la dette publique des pays comme le Portugal et l'Espagne ont été contaminés.


Le durcissement du pacte de stabilité et les différents plans d'austérité annoncés constitueront une compression extraordinaire des dépenses publiques dont le résultat sera la déflation compétitive. C'est à dire la reproduction de la politique économique instaurée en Allemagne par le chancelier Schröder (un socialiste, paraît-il). Or l'Allemagne n'a survécu à ces saignées que grâce à ses exportations mirobolantes … dont 75 % des excédents étaient réalisées sur le dos de l'Europe !

Aujourd'hui, compte tenu de son niveau élevé d'endettement, le secteur privé européen ne pourra pas suppléer la baisse de la composante publique de la demande. En conséquence, toutes choses égales par ailleurs, nous allons entrer dans le cercle infernal de la déflation, de la récession et de l'augmentation de la valeur réelle des dettes. C'est à dire la situation du bloc-or en 1932-1936, après la dévaluation de la livre sterling en septembre 1931.


L'Europe est en route vers le passé : les années trente précisément (1).



Alexandre Anizy


  1. : même si nous répétons nos critiques par rapport à son livre, nous disons aussi à nouveau combien François Lenglet était bien seul en 2007 lorsqu'il publia son livre. Nous vous renvoyons à l'ensemble de nos notes concernant cet ouvrage :

    http://www.alexandreanizy.com/article-21885743.html

    http://www.alexandreanizy.com/article-22073809.html

    http://www.alexandreanizy.com/article-22126004.html

    http://www.alexandreanizy.com/article-22151045.html

     


 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Publié dans Notes économiques

Mutti Merkel impose sa loi économique à l'Europe

Publié le par Alexandre Anizy

 

Peu à peu, inexorablement, l'Allemagne enferme l'union monétaire européenne dans son dogme monétariste pour son plus grand profit. Redoutable négociatrice focalisée sur son intérêt national, Mutti Merkel n'a rien lâché en acceptant le plan de sauvetage de la Grèce, bien au contraire.


Pour obtenir le feu vert allemand, les Européens ont dû s'engager à durcir le pacte de stabilité (qui limite les déficits et les dettes des États membres) avec de nouvelles sanctions, et à nommer en 2011 Axel Weber comme Président de la BCE (le charme relatif des circonlocutions de l'euro imperator Trichet disparaîtra au profit d'une litanie monétariste monotone : mais après tout, il n'était qu'une marionnette envoûtée par les ayatollahs germaniques, si l'on en croit Yves de Kerdrel du Figaro).

Mieux que ça : lundi 7 juin, la soumission des budgets des États membres à l'examen de la Commission avant le vote des parlements nationaux est adoptée par l'Eurogroupe. Si le principe de la souveraineté nationale n'est pas encore violé dans la lettre, il l'est déjà dans la forme.


Lundi soir toujours, en bonne élève appliquée, Mutti Merkel a avancé un nouveau pion sur l'échiquier en annonçant une cure d'austérité historique . Son exemple sera suivi.

Nous vous donnons la prochaine étape : forte d'une démonstration douteuse, l'Allemagne reviendra à la charge pour que les États membres inscrivent dans leurs Constitutions un frein à la dette, comme elle l'a fait en 2009.


Mais en décidant de sauver la Grèce, Mutti Merkel a-t-elle pris un risque politique pour son pays ? Non, bien au contraire. Faire semblant de tergiverser, pour finalement passer outre à l'opposition de son peuple pour toute opération de secours, lui permettait de masquer la réalité : en aidant la Grèce, ce sont les banques allemandes (28 milliards d'euros de dette grecque sont inscrits dans leurs bilans : à elle seule, Hypo Real Estate, une banque sauvée par le contribuable allemand en 2009, en détient 30 %) qu'elle a sorties d'un nouveau cataclysme. Pour Mutti Merkel, mieux valait désigner un bouc émissaire grec que de reconnaître l'échec de son plan de sauvetage du système bancaire allemand en 2009.

Soyons juste : pour comprendre l'agitation française dans le dossier grec, il faut savoir que les banques françaises seraient engagées à hauteur de 50 milliards d'euros, selon un rapport de la Barclay's Capital.


Il apparaît ainsi que la crise de l'euro n'est qu'un nouvel épisode de la crise bancaire. Une crise à laquelle le dernier G20 n'a pas apporté de solutions concrètes et sérieuses.


Néanmoins, en réponse aux stimuli des financiers (i.e. les banques), les gouvernements européens prônent et préparent toujours plus d'austérité. La descente en Enfer paradisiaque de la pureté monétaire achèvera la construction chimérique de l'Europe technocratique au service exclusif de l'oligarchie.



Alexandre Anizy

 

Publié dans Notes économiques

L'oracle Jacques Attali comme un cabri

Publié le par Alexandre Anizy

 

En 2007, Jacques Attali n'a pas vu venir la crise systémique de l'économie mondiale, mais il en a perçu la gravité quasiment depuis son déclenchement, contrairement au "prétentieux meilleur économiste de gauche" Dominique Strauss-Kahn, l'ami du CAC 40, qui faisait la leçon en petit maître infatué : (re)lire la note http://www.alexandreanizy.com/article-15723746.html .


Conscient qu'il faut « remettre en question la définition marchande du mieux-être », Attali comprend qu'il s'agira « bien d'une mutation radicale de la nature même des biens matériels produits et de leur rapport avec le temps, les sensations et les sentiments. » (Express du 17 décembre 2009) Il forge alors le concept de l'adéqroissance, en affirmant que « cette mutation exigera d'énormes investissements qui se traduiront, longtemps encore, par une forte croissance de la production matérielle, devenue adéquate, c'est-à-dire de plus en plus économe en énergie et (…) tournée vers des réalisations immatérielles, faites de gratuité et d'altruisme, de spiritualité et de plénitude. » (idem).

C'est encore une proposition transcendantale, voire eschatologique.


Mais, dédouané par son espérance d'un mieux-être spirituel sans indigence, il peut répondre aux questions présentes par des recettes fortement teintées de libéralisme (voir par exemple les recommandations de sa Commission pour la croissance), conformes finalement à l'état d'esprit général. En janvier 2008, c'était la croissance (chopée avec les dents s'il le faut … souvenez-vous de 2007), et en 2010, c'est l'évitement d'une « impasse économique, financière et sociale à l'horizon 2020 », grâce à l'assainissement des finances publiques (autrement dit, la réduction des dépenses de l'Etat dans un environnement économique de stagnation …).

En économie, l'oracle Attali suit en fait la tendance dominante.



Et puis concernant l'Union Allemande, Attali se berce d'illusions, comme tant d'autres. « L'arrogance allemande n'est que le reflet de notre incapacité à proposer une stratégie européenne, faite d'équilibre national et de relance collective. » (express 26 mai 2010).

Une analyse bizarre, puisque c'est bien Mutti Merkel qui a bloqué, tergiversé sur le plan de sauvetage des banques, qui a feint d'hésiter (pour cause d'élection régionale, de toute évidence : un comportement "populiste", comme disent d'ordinaire les politologues à l'encontre de tout homme politique qui flatte les "mauvais penchants" de l'opinion – selon le politiquement correct) dans la crise grecque pour finalement imposer le FMI américain dans le sirtaki financier, annihilant du même coup l'espoir d'une autonomie politique et économique de l'Union Allemande (i.e. L'UE), qui refuse toute idée de relance en Allemagne et le prouve concrètement en exposant ces jours-ci un programme d'augmentation de la TVA et des impôts …

Que faut-il de plus pour ouvrir les yeux de Jacques Attali ?


Par ailleurs, nous précisons que le terme d'arrogance allemande ne correspond pas à la réalité : que Mutti Merkel défende prioritairement les intérêts de son peuple, comme les chanceliers précédents l'ont fait, non sans brio (Helmut KOHL n'a-t-il pas roulé dans la farine diplomatique le francisquain Mitterrand lors de la réunification allemande et la création de l'euro ?), nous semble une bonne chose, du point de vue démocratique, qui n'a strictement aucun rapport avec une quelconque attitude déplaisante.

Non, ce qui est vraiment affligeant dans cette affaire, c'est que l'oracle Attali se comporte comme les autres cabris français.



Alexandre Anizy


 

Publié dans Notes économiques

La crise de l'euro Land n'est pas finie

Publié le par Alexandre Anizy

Le plan européen de 750 Milliards d'euros répond momentanément au déchaînement de la spéculation financière, en levant 2 tabous d'importances inégales : la levée mineure est la garantie offerte notamment par l'Allemagne aux emprunteurs en délicatesse avec le marché ; l'achat sans limite par la BCE de dettes publiques sur le marché secondaire constitue la levée majeure, parce qu'elle signifie que les banques engluées dans la dette grecque pourront se défaire de ces actifs pourris (selon les critères du marché). Autrement dit, les spéculateurs sachant désormais qu'il y a un acheteur en dernier ressort dans l'euro land, ils vont pouvoir reprendre les petites affaires et les grandes manoeuvres : « business as usal », comme ils disent.

Ayant été très sollicité dans les médias pour commenter l'événement, l'écono-globish Daniel Cohen usa d'un euphémisme fort imagé : « Parmi les banques, ce sont surtout les banques grecques qui bénéficieront du plan, car le risque de faillite est écarté. Les autres banques de la zone euro seront aussi soulagées. »


A moyen terme, le problème financier de la Grèce n'est pas résolu, car « il est difficile de croire que la Grèce puisse échapper à la restructuration de sa dette », écrit Martin Wolf dans son article "Grèce : pourquoi le plan échouera". A moyen terme, « sans signe de constitution rapide d'Etats-Unis d'Europe, hurlent aujourd'hui les marchés, mais aussi Stiglitz, l'euro ne survivra pas. » martèle le dogmatique Pierre-Antoine Delhommais dans le quotidien vespéral.



En conclusion, nous soulignons l'euphorie des marchés dès l'ouverture lundi matin, parce qu'elle montre concrètement leur satisfaction d'avoir obtenu la garantie du remboursement des dettes des Etats et acquis la certitude d'une purge généralisée en Europe. Autrement dit, on va « pomper la richesse des salariés et des contribuables vers les actionnaires et les financiers », comme le résume bien Thomas Coutrot.



Alexandre Anizy

 

Publié dans Notes économiques

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