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notes politiques

En conscience : barrage à Macron XIV

Publié le par Alexandre Anizy

            Dans un monde tumultueux, il faut cette fois-ci camper sur ses positions politiques.

 

 

            Parce qu'ils ne sont ni atlantistes, ni européistes, ni libéraux, les Transformateurs doivent rejeter le conservateur Bel-Ami Macron.

            S'il est élu, cet individu cynique, amoral ― les journalistes du quotidien Le Monde (n'est-ce pas Adrien de Tricornot ?) le savent mais ne l'écrivent pas pour ne pas se heurter à la volonté de leurs patrons propriétaires ―,

http://www.alexandreanizy.com/2016/04/bel-ami-macron-en-marche-dans-la-cour-des-miracles.html

gouvernera brutalement sans scrupule et sans hésitation au profit de ceux qui l'ont aidé : le bankster remboursera rubis sur le pavé si nécessaire. 

            Il le fera aussi, comme à la Rotonde, parce que tel sera son bon plaisir.

 

            L'Etat, ce sera Macron XIV, la nuisance absolue, le monstre maléfique à la trogne ensorceleuse qui échappera à ses créateurs.

 

            Pour empêcher l'asservissement de la France, les Transformateurs peuvent user de deux armes d'efficacité inégale,

l'abstention, ou le vote tactique

à la personne qui défend modestement l'idée d'un Etat social dans une économie-monde apaisée.

 

 

            Contre le conservateur Bel-Ami Macron XIV, la bourgeoisie de labeur et les gens de peu disposent de deux choix estimables.

 

 

 

Alexandre Anizy

 

Publié dans Notes politiques

De la citoyenneté avec Yves Michaud

Publié le par Alexandre Anizy

            En janvier 2017, le philosophe Yves Michaud développe sa réflexion sur la citoyenneté dans un petit essai faussement audacieux : " Citoyenneté et loyauté " (Kero, 113 pages, 11,90 €). A méditer cependant de toute urgence pour réinitialiser la res publica.

 

            Dans son essai précédent titré " Contre la bienveillance ", dont nous avons déjà parlé ici,

http://www.alexandreanizy.com/2016/10/qu-est-ce-que-le-populisme.html

Yves Michaud amorçait son exposé sur la citoyenneté pour l'achever aujourd'hui dans un nouvel opus, dont les 2 premiers chapitres dressent un réquisitoire contre l'incivisme :

« L'affaiblissement du civisme est déjà moins mou quand il se manifeste sous forme de recours à des cabinets d'optimisation fiscale, à l'expatriation fiscale vers des pays plus accommodants, quand de hauts fonctionnaires font des allers-retours fructueux entre leur corps d'origine dans la fonction publique, le secteur privé et des positions électives ou des charges politiques importantes - pour ne rien dire des fraudes organisées avec l'aide des banques internationales. »

Pour finir par ce constat :

« Depuis plus d'une décennie les gouvernements, de droite comme de gauche, se sont employés à acheter la " paix sociale " à coups de mesures catégorielles en transformant l'Etat-providence en supermarché pour consommateurs de droits. »

Les 2 derniers chapitres esquissent un " projet civique sur la base de la loyauté et du serment ".

 

            Le problème apparent tient à la difficulté de dissocier citoyenneté et nationalité. Pourtant chacun convient qu'être « de telle ou telle nationalité implique beaucoup de choses mais certainement pas le tout de notre identité », dont la citoyenneté est la part politique qui devrait avoir la caractéristique d'être voulue et choisie.

            Avant la Révolution, on appartenait à un ordre de par sa filiation, son activité, sa corporation : impôt, taxes, service militaire, mobilité et résidence dépendaient de son appartenance à tel ou tel ordre. « A partir des [ Révolutions américaine et française], être de quelque part, c'est adhérer du même coup à un régime politique qui fait de vous un citoyen passif protégé par les lois et égal aux autres en même temps qu'un citoyen actif participant selon ses capacités au gouvernement politique de la communauté. » Cette confusion entre nationalité et citoyenneté est dommageable puisque toutes les nations ne sont pas des républiques. « La nationalité est une chose, la citoyenneté en est une autre. »

            Dans les républiques développées, l'Etat-providence a progressé : la citoyenneté est politique, civique, sociale. La part sociale représente un « paquet de bénéfices sans contrepartie coûteuse ».

 

            Yves Michaud propose donc de reconstruire la citoyenneté : revenir « aux idéaux d'engagement citoyen de la République, créer les conditions d'une loyauté, d'une citoyenneté voulue, engagée et non pas passive et consommatrice de droits et bénéfices ».

            Il pose le principe d'une appartenance conditionnelle à la République de tous les enfants nés en France, les conditions étant dans la déclaration des droits de l'homme et du citoyen. Durant leur scolarité (jusqu'à 16 ans), les enfants suivent un enseignement obligatoire, simple, gratuit des dites conditions, autrement dit une formation à la citoyenneté.

            A l'école, jusqu'à 16 ans, les enfants porteront un uniforme simple visant à neutraliser les différences (de classe, d'origine et de religion). Au terme de cette formation de citoyen, un service civique de 3 mois sera instauré, permettant notamment de vérifier que les connaissances civiques et scolaires indispensables sont acquises.

            A la fin de ce service civique, les enfants prêteront " allégeance et loyauté à la république " : ils pourront dès lors voter, et seront par conséquent majeurs.

N.B. : c'est à ce stade que pourrait commencer le revenu de base du citoyen (RBC) dont nous avons parlé ici 

http://www.alexandreanizy.com/article-pour-un-revenu-de-base-du-citoyen-rbc-121943400.html

            Puisqu'il y a serment, le fait de le violer expose le mauvais citoyen à des sanctions qui doivent être graduelles : « Et comme la nationalité est, au bout du compte, inséparable de la citoyenneté, on peut prévoir de déchoir de leur nationalité les citoyens déloyaux pour les manquements les plus graves. »

            La contradiction n'étouffe pas le philosophe : après avoir écrit en introduction que « l'idée de faire reposer la citoyenneté sur les principes de la nationalité au nom d'un droit du sol ou d'un droit du sang est une illusion supposant et engendrant une autre illusion, celle d'une identité nationale substantielle ou naturelle (la France gauloise, la France chrétienne, la France révolutionnaire, la France de l'art de vivre, etc.) », Yves Michaud affirme que nationalité et citoyenneté sont inséparables, plongeant alors son discours dans un marigot juridique trop succinct pour être convaincant.

            Par manque de rigueur, au bout de l'essai le compte n'y est pas, puisqu'il n'a pas dissocié nationalité et citoyenneté.

 

            Où mène alors cette fausse ratiocination ? A la débandade.

            Quels seraient les crimes civiques majeurs ? La fraude fiscale massive et organisée, les actes de barbarie commis en accompagnement de crimes. « Je laisse de côté la suggestion que j'ai faite ailleurs d'étendre la sanction par la déchéance de la nationalité à l'expatriation fiscale. », parce que c'est plus compliqué que ça... qu'il n'y a qu'à poursuivre les fraudeurs devant les tribunaux... vous connaissez la chanson ! Prenons un exemple : le milliardaire Bernard Arnault, qui a sciemment organisé l'expatriation fiscale de LVMH en Belgique et a créé PROTECTINVEST pour échapper aux droits de succession en France (lire Le Monde et L'Humanité du 19 septembre 2012), ne serait donc pas déchu de ses citoyenneté et nationalité, alors qu'il va s'exonérer du paiement d'un impôt - première obligation du citoyen. Très conciliant le Michaud nouveau !

 

            Dans son essai Citoyenneté et loyauté, Yves Michaud pose correctement le problème, donne l'orientation d'un travail qui aurait pu être fructueux s'il avait ouvert le chantier de la dissociation entre citoyenneté et nationalité. Alors beaucoup reste à faire. En l'état, on pressent qu'avec l'auteur les sanctions de la nouvelle citoyenneté vaudraient plus pour les gens de peu et les migrants que les exemptés cités en exemple : beaucoup de bruit pour que rien ne change.

 

Alexandre Anizy

 

Publié dans Notes politiques

Qu'est-ce que le populisme ?

Publié le par Alexandre Anizy

            L'utilisation paroxystique du mot populisme dans les champs politique et médiatique mérite que nous nous interrogions sur ce point asymptote.

 

 

            Le populisme est un mot que beaucoup de monde emploie sans en avoir une idée claire. C'est pourquoi le philosophe Yves Michaud s'est attelé à cette tâche difficile dans son livre Contre la bienveillance (Stock, avril 2016, 180 pages, 18 €). Fait troublant : il commence non pas par définir le concept mais par dire comment il se présente :

            « Le populisme s'exprime aujourd'hui de deux manières : des votes en progrès constant en faveur de partis nouveaux venus qui appellent à en finir avec la caste des partis installés et, dans le même temps, une forte abstention de la part des citoyens qui se désintéressent de la politique et "n'y croient plus". » (p.61)

En France, les votes populistes se portent aussi bien sur le Front National que sur le Front de Gauche, en Espagne sur Podemos et Ciudadanos (2 nouveaux partis "contre la caste"), en Italie sur la Ligue du Nord et le Mouvement 5 étoiles, en Grèce sur Syriza et des micro-partis. Tous ces politiciens misent sur la déception des électeurs à l'encontre des partis de gouvernement (comme ils s'autoproclament) qui ne tiennent pas leurs promesses, et vilipendent leurs confrères établis pour leur corruption supposée ou réelle. Nous sommes dans une situation de dépolitisation puisque, si vous ajoutez l'abstention (souvent de l'ordre de 40 %) au résultat des partis qualifiés de populistes, vous obtenez une large majorité. "Symptôme majeur" de la dépolitisation selon Michaud : les électeurs populistes ont voté pour des programmes qui n'en sont pas (« des programmes d'opposition et de dénonciation, pas des programmes d'exercices du pouvoir »). Malheureusement, comme les autres, le philosophe se contente d'affirmer sans rien démontrer, notamment quand il écrit :

            « En France Front National et Front de Gauche s'opposent à l'Europe, à l'euro, à la supranationalité, aux riches, mais le Front National serait bien en mal d'imposer la préférence nationale, le protectionnisme et la sortie de l'euro. » (p.63) 

Que Juan Carlos Monedero, le numéro 3 de Podemos, qualifie son parti de léninisme aimable nous en dit plus sur la méthode que sur le fond. Au lieu d'ironiser, mieux vaudrait disputer du propos pour disqualifier l'autoritarisme latent dans cette organisation.

            Ajoutons ici qu'il est surprenant d'écrire que « la politique n'a jamais été une chose rationnelle », tout en constatant, sous peine de précipice, qu'on « ne peut en effet faire vivre une démocratie en laissant plus de la moitié des citoyens à un vote protestataire impossible à traduire en politique pratique, ou à l'abstention, en laissant la moitié des citoyens sans représentation et sans prise en compte de leurs revendications (...) » (p.65)

 

            N'ayant toujours pas défini le populisme, Yves Michaud passe à l'explication de son succès, à savoir « une série de fractures qui créent en politique une tectonique des plaques inédite » :

  • la première fracture est entre les jeunes et les vieux ;
  • la seconde entre la population de souche et la population d'origine immigrée : « Ces nouveaux venus vivent le plus souvent dans des ghettos, dans les centres-villes désertés, des centres d'accueil et des campements de fortune pour les plus précaires. Ils sont peu intégrés pour des raisons linguistiques et scolaires. (...) Victimes de ségrégation raciste, ils la renforcent par leur enfermement communautaire, de plus en plus souvent religieux, et une obsession du "respect". » (p.69) (1) ;
  • la troisième fracture est entre les riches et les pauvres : « [elle] se manifeste par le confinement dans les cités, l'abêtissement face aux chaînes de télévision nationales et internationales... (...) Au XIXe et au début du XXe siècle, ces "gens-là" auraient fait partie des classes dangereuses et des "citoyens passifs", exclus du suffrage universel pour manque d'autonomie, d'éducation, et vulnérabilité à la démagogie. » (p.71) (2) ;
  • la quatrième fracture est éducative : « La transmission éducative fonctionne mal, et même pas du tout pour certains... Ils maîtrisent très mal la langue, non seulement écrite mais aussi parlée, avec des vocabulaires réduits, pour ne rien dire des autres apprentissages. » (p.72) ;
  • la cinquième fracture concerne l'insécurité (ceux qui la vivent dans les cités, les zones à risques, et ceux qui sont à l'abri - les beaux quartiers, les résidentiels et la France rurale profonde, pas la France périphérique de Christophe Guilluy) : nous observons ici que l'analyse de Michaud est soit incomplète soit incohérente puisque, lorsqu'il affirme que « Le populisme fait de l'insécurité un de ses chevaux de bataille » (p.74), il ne relève pas que les partis de gouvernement le font aussi... Alors tous populistes en somme ? ;
  • la sixième fracture est entre les personnes à statut protégé et celles exposées à la précarité.

« Les populismes prospèrent sur tout ça, piquant ici ou là les revendications catégorielles les plus partagées ou au plus fort impact, leur donnant des atours démagogiques, les rassemblant enfin en une histoire de vaste complot des élites, du système, de la caste... » (p.78)   

           

            Avec Yves Michaud, vous ne connaîtrez pas le populisme (qui parfois devient pluriel), mais vous aurez une analyse de son terreau et une recommandation salvatrice : « En fait, exactement comme le défi qu'introduit le terrorisme fondamentaliste, le succès du populisme commande qu'on envisage autrement la démocratie. » (p.83)

 

  

 

 

            Enfin est arrivé ce mois-ci sur les étalages des librairies l'essai Qu'est-ce que le populisme ? de Jan-Werner Müller (éditions Premier Parallèle, septembre 2016, 183 pages, 18 €). Ça démarre mal puisque dans l'introduction : on parle d'ochlocratie (domination de la foule), on rappelle que le "reproche de populisme serait lui-même un populisme" (selon Ralf Dahrendorf), on affirme qu' « en effet, qui traite du populisme traite forcément de la démocratie et du libéralisme »... et le lecteur en quête d'une définition commence déjà à redouter un énième bavardage de politistes publiant pour leurs cotes universitaires. Heureusement, la thèse est exposée dès le début :

            « Ma thèse (...). Pour le dire autrement, une "attitude anti-establishment" ne suffit pas à définir correctement le populisme. A l'anti-élitisme doit encore s'ajouter un anti-pluralisme. La revendication fondamentale de tous les populistes consiste à affirmer constamment ceci, à peu de choses près : « Nous - et seulement nous - représentons le peuple véritable. » Je l'ai déjà souligné, nous avons là une déclaration de type moral et non pas empirique. » (p.31)

Force est de constater que nous avons là un procès d'intention et non pas une démonstration. Pointons directement la pierre d'achoppement, à savoir l'anti-pluralisme :

            « (...) les populistes considèrent que des élites immorales, corrompues et parasitaires viennent constamment s'opposer à un peuple envisagé comme homogène et moralement pur - ces élites n'ayant rien en commun dans cette vision, avec ce peuple. » (p.52)

Marine Le Pen, que l'on case dans les populistes, ne conteste pas à notre connaissance l'hétérogénéité du peuple français, autrement dit son pluralisme : alors ? Müller donne d'ailleurs lui-même la corde pour étrangler son propos : « Cependant lorsque nous nous penchons sur le cas des Pays-Bas, nous constatons que les populistes de gauche s'y montrent plutôt disposés à prêter attention aux opinions différentes des leurs (...) » (note en bas de page 55). Et lorsque Müller parle de Jobbik (parti d'extrême-droite hongrois), il leur attribue une logique qui veut que, puisqu'ils dénoncent la "criminalité politicienne" et la "criminalité gitane", « non-nationaux et post-nationaux conspirent contre la vraie nation » (p.53). On voit que l'auteur ne craint pas les sauts à l'élastique, lorsqu'il parle du pluralisme ou lorsqu'il passe de la criminalité à l'identité...

            En fait, toute la thèse de Jan-Werner Müller repose sur l'équivalence entre anti-pluraliste et antidémocrate, par le truchement d'une formulation de Jürgen Habermas : point de démocratie sans pluralisme puisque le peuple "ne se manifeste qu'au pluriel" (citée p.23). D'un sophisme, Müller tire une conclusion : les populistes menacent la démocratie.

            Avec les beaux esprits de la presse néoconservatrice française, on en arrive ainsi à dire que la Hongrie sous le joug du populiste Orban est une démocrature. Or, comme ce pays vit en démocratie formelle, c'est dire à cette aune-là que toutes les démocraties représentatives sont des démocratures, ce qui est absurde. Mais les conditionneurs d'opinion ne font jamais dans la dentelle : ils martèlent sans relâche leurs slogans ineptes.

            Si Jan-Werner Müller n'est pas parvenu à définir le populisme, il vient de donner aux médiacrates le nouveau vernis pédant du mot « imprécis, multifacettes et impressionniste » (expression de Hans-Jürgen Puhle citée page 30).

 

 

 

 

            Pour une réflexion aboutie sur le mot populisme et ce qu'il représente, il faut lire Le "populisme du FN" un dangereux contresens d'Annie Collovald (éditions du croquant, septembre 2004, 253 pages, 12 €).

            « En ce sens, le terme de populisme, du moins tel qu'il est employé par ceux qui en font usage à propos du FN n'est pas innocent. Il rend licite le retour d'une vision réactionnaire des plus démunis et de ceux qui s'en font les porte-parole mais déniée par son habillage de vertu démocratique et de science empirique. » (p.18)

            La vision réactionnaire des plus démunis, elle s'exprime librement dans la presse de l'élisphère en mai 2002 lorsqu'elle parle de "virus populiste" (l'électeur FN est un homme malade...), de "croisés de la société fermée" (... un mystique du repli sur soi, premier symptôme autistique), de "largués, paumés, incultes", d' "archaïques et rétrogrades". Ainsi derrière la catégorie d'analyse se grime l'injure politique.

            Le populisme, en tant que catégorie d'analyse, repose sur la certitude d'une corrélation entre fractions populaires et FN. Or à un âge d'or du parti communiste (vers 1970), des études électorales ont pointé un fort contingent d'ouvriers votant à droite (autour de 40 %). Ces travaux montrent que « la classe ouvrière, en tant que groupe socialement homogène, soudé par les mêmes valeurs et cohérent dans sa vision du monde et de l'avenir aussi bien que sa fidélisation à la gauche sont des mythes politiques qui ont réussi. » (p.11) En fait, le populisme, tel qu'il apparaît chez les savants et les commentateurs politiques qui en font usage, se fondent sur une erreur scientifique. Mais cette erreur est d'une redoutable efficacité politique, puisque le populisme autorise la dévaluation des votes populaires : c'est le cas du référendum de 2005. Dix ans plus tard, quasiment les mêmes intellectuels en sont venus à marteler les masses à coups d'articles exposant le remède aux excès de démocratie : la post-démocratie a un arrière-goût de république censitaire.

 

 

            Avant de conclure, il faut évidemment revenir à Pierre-André Taguieff, celui qui a importé le mot des Etats-Unis, pour avoir une définition de référence (3) :

            « Le populisme ne s'incarne ni dans un type défini de régime (une démocratie ou une dictature peuvent présenter une dimension ou une orientation populiste, avoir un style populiste), ni dans des contenus idéologiques déterminés (le "populisme" ne saurait être une grande idéologie parmi d'autres). Nous l'aborderons comme un style politique (...) »

Alors qu'est-ce ?

            « Le "populisme" ne peut conceptualiser qu'un type de mobilisation sociale et politique et, partant, le terme ne peut désigner qu'une dimension de l'action ou du discours politiques. »

Reprenant l'idée de Margaret Canovan, P-A.Taguieff dit que c'est « un style rhétorique qui dépend étroitement des appels au peuple (...) appel au peuple structuré de façon polémique (...) fondé sur l'antagonisme du peuple et du pouvoir ». Ce n'est plus une définition mais un fourre-tout, puisque De Gaulle, Hitler, Mussolini, Peron, le sénateur McCarthy, Khadafi, Castro, etc. sont des populistes... Est-ce que ce monsieur est sérieux, puisqu'on peut grâce à lui paraphraser Léo Ferré en affirmant que "Ton populisme, c'est ton style" ?  

 

 

 

 

 

            Le populisme est un concept vide (4) : si tous les discours démagogiques sont qualifiés de populistes, leur amalgame n'en fait pas une doctrine. Utilisé sans modération par les médiacrates, le mot sert d'anathème : muette devant la réalité du monde ignoble qu'elle a bâti, l'élisphère via ses conditionneurs d'opinion agit comme un croyant : la répétition de l'holocauste est donc possible, comme le soutient Timothy Snyder.

 

 

 

Alexandre Anizy

 

 

 

(1) L'apparition de partis communautaires religieux est à prévoir, précise Yves Michaud.

(2) Aujourd'hui dans la prose des médiacrates qui ont pour mission d'exprimer une opinion pour qu'elle forge une tendance publique, surgissent ces arguments, notamment pour rejeter le principe du référendum.

(3) En 1997, son article paru dans un numéro de Vingtième Siècle consacré aux populismes.

(4) Annie Collovald le dit ainsi : « Le "populisme" est une pure abstraction pour intellectuels politiques affectionnant les "universaux" dépouillés de tout référent concret. » (p.47)

 

Publié dans Notes politiques

De la centralité du contrat social

Publié le par Alexandre Anizy

Pour mieux occulter leur adhésion à la globalisation néolibérale, les questions de l'identité et de la laïcité seront en tête de gondole de tous les néoconservateurs en lice pour la Présidentielle 2017, alors qu'il s'agit tout bonnement du contrat social.

Comme le "prix Nobel d'économie" Joseph Stiglitz découvre tardivement les avantages de l'encadrement du crédit :

« Voici un mécanisme qu'un pays quittant la zone euro, ses restrictions et ses cadres juridiques pourrait utiliser. D'abord la banque centrale (l'Etat) met aux enchères [les "nouveaux keynésiens" adorent le marché et donc les enchères... ] les droits d'émission des nouveaux crédits. Les montants de ce crédit s'ajoutent à "la monnaie" qui se trouve au sein du système financier. L'envergure du crédit net que ce système autorise à ajouter chaque mois sera déterminée par la banque centrale du pays, sur la base de son évaluation de la situation macroéconomique - autrement dit, si l'économie est plutôt faible, elle fournira davantage de crédit pour la stimuler. » Extrait de son livre L'euro : comment la monnaie unique menace l'avenir de l'Europe (éditions Les Liens qui Libèrent, septembre 2016, 25 €), cité par Marianne du 9 septembre 2016 ;

Bienfaits de l'informatisation en plus, l'américain Stiglitz revisite l'encadrement du crédit comme l'apprenaient les étudiants dans le manuel remarquable du professeur Raymond Barre...

« [L'encadrement du crédit] est la forme la plus rigoureuse d'action globale sur le crédit : les autorités monétaires fixent le maximum des concours qui peuvent être accordés par les banques, ou déterminent le taux de progression des encours de crédit pendant une période déterminée. » Raymond Barre, Economie politique, tome 2, chapitre "la politique monétaire" pages 386 à 409 (PUF, 9ème édition, 3ème trimestre 1980) ;

En bref, le retardataire Stiglitz préconise en 2016 (mais mieux vaut tard que jamais, n'est-ce pas ?) ce que nous demandions déjà en 2011 :

http://www.alexandreanizy.com/article-la-creation-de-monnaie-doit-redevenir-une-fonction-regalienne-95827279.html

après avoir contribué à la victoire hégémonique du néolibéralisme dont le Nouveau Keynésianisme n'est qu'une variante, le philosophe empiriste Yves Michaud reformule quant à lui Jean-Jacques Rousseau, avec modération dit-il, dans son livre Contre la bienveillance (Stock, avril 2016, 180 pages, 18 €), parce que :

« Si nous voulons que le mot citoyen garde le sens qu'il a pris depuis les théories du contrat social, il nous faut en finir avec la bienveillance, la compassion et le moralisme, et revenir aux conditions strictes de l'appartenance à une communauté républicaine, revenir aux conditions strictes du contrat politique. » (p.16)

Les événements terroristes qui ont ensanglanté la France montrent « que la communauté politique peut être détruite au nom du fondamentalisme religieux par des membres de cette communauté politique même » (p.19) : le meurtre est un mode d'action assumé. Comme autrefois dans la secte des Assassins (1), les nouveaux fanatiques peuvent recruter sur leurs territoires dans une population conditionnée, policièrement dominée. Mais en France, si on se réfère à l'étude de l'Institut Montaigne (2), ce sont 28 % des musulmans qui « adhèrent à des croyances religieuses directement opposées aux principes démocratiques, à commencer par leur adhésion à la charia, loi religieuse de compétence universelle et non territoriale qui s'opposent de manière catégorique au droit positif des sociétés démocratiques » (p.24), et qui forment un vivier significatif pour les prédateurs.

Révélant la déliquescence de l'intégrité républicaine, l'expression faire société fait florès : « cette expression informe et insaisissable qui dit si bien l'absence d'engagement » (p.27). Or, dans une aédie (3) démocratique, c'est à dire un espace historiquement, économiquement et politiquement défini, on ne devrait pas devenir citoyen par le simple fait d'avoir un certain âge : un acte d'adhésion aux principes démocratiques devraient être nécessaire, marquant ainsi le contrat social.

« Comment peut-on trouver normal de persécuter les adeptes de l'église de Scientologie et de tenir sous surveillance les sectes d'allumés (...) et, dans le même temps, tolérer les anathèmes contre les mécréants, les appels au meurtre, la diffusion de la propagande salafiste (...) » (p.32)

Si on s'accorde volontiers avec Yves Michaud pour dire que « quasiment toutes les religions sont obscurantistes, intolérantes et antidémocratiques » (p.30), on admet aussi que :

« C'est en effet un des concepts-clés de notre conception de la vie politique qui est remis en cause par le fondamentalisme islamique : celui du contrat social. » (p.36)

« Les théories du contrat social ne sont pas toutes des théories de la démocratie, mais elles ont un point commun essentiel : elles définissent toutes la souveraineté comme émanant du peuple se constituant en Commenwealth ou Res publica ― quelle que soit la manière dont cette souveraineté est ensuite déléguée et est exercée par un agent souverain effectif. » (p.40) Les atteintes à la souveraineté par les revendications religieuses disent formellement, à des degrés divers, le refus d'adhérer avec une volonté d'autonomie absolue, mais pas de sécession parce qu'il est appréciable de prendre tous les avantages de la Res publica.

Ne pas remédier à cette situation, c'est laisser proliférer les ferments de la discorde : à terme, c'est la guerre de tous contre tous.

« La seule réponse viable est donc de revenir, comme les pensées contractualistes, à un concept fort et rationaliste, à un concept robuste de la souveraineté, et à une conception forte et rationaliste des conditions d'appartenance à la communauté, notamment pour tout ce qui concerne les ferments religieux de dissolution. » (p.50)

Les Transformateurs doivent aussi remettre en chantier le contrat social, pour que le citoyen soit un agent engagé et non pas un bénéficiaire passif de droits. C'est l'expression réelle de la volonté consciente de l'individu qui fait le citoyen, et non pas la nationalité.

N.B. : le concept de nation n'a pas de consistance, puisque le sentiment d'appartenance ne peut être mesuré scientifiquement ; ce concept n'est pas non plus pertinent parce qu'il échappe à toute définition sociale. Sur ce sujet, on peut lire le livret de Gérard Noiriel : Qu'est-ce qu'une nation ? (Bayard, 2015, 105 pages, 14 €).

C'est la centralité du contrat social qui exprime en permanence la volonté générale, condition de la souveraineté.

Alexandre Anizy

(1) Lire le roman de Vladimir Bartol : Alamut (Phébus, 2012, 13,80 €).

(2) Etude publiée dans le Journal Du Dimanche du 18 septembre 2016. Quelques chiffres : les musulmans représentent 5,6 % de la population de la métropole (mais 10 % des moins de 25 ans) ; 75 % des musulmans sont Français (dont 50 % de naissance), 30 % ne vont jamais à la mosquée, et 28 % ont « un système de valeurs clairement opposé aux valeurs de la République » (compte tenu de la méthode employée pour l'enquête, la marge d'erreur pour un sous-ensemble est de l'ordre de 8 points).

(3) Nous préciserons notre concept d'aédie dans un prochain ouvrage.

Publié dans Notes politiques

Démondialisation ou déglobalisation ?

Publié le par Alexandre Anizy

Jacques Nikonoff est candidat à la présidentielle 2017 au titre d'un Rassemblement pour la Démondialisation. Son discours est inintelligible.

Depuis avril 2016, il existe un Parti de la Démondialisation, dont Jacques Nikonoff est le président. A ce titre, il veut faire campagne pour la présidentielle 2017, comme il l'explique dans une tribune médiatique (1), parce que notre pays est atteint d'une maladie chronique et dégénérative :

« (...) une explication majeure apparaît pourtant en pleine lumière : la mondialisation. Pas n'importe quelle mondialisation, mais la mondialisation néolibérale. »

L'analyse par Nikonoff du projet néolibéral, qui repose sur 3 piliers (libéralisation financière, libre-échange, traités internationaux et institutions multilatérales), est correcte, sauf que les néolibéraux visent la globalisation du monde et non pas la mondialisation, parce qu'en soi les particularités locales ne les gênent pas tant qu'elles ne s'opposent pas à leurs règles cardinales. En fait, axer un projet politique sur le concept de démondialisation est une double erreur.

La première erreur, c'est d'apparaître comme des opposants au comportement naturel de l'humanité : l'histoire de l'Homme et de ses déplacements montrent qu'il a pris la planète entière pour son terrain de vie. Sous cet angle anthropologique, vouloir démondialiser, c'est d'abord heurter le bon sens des citoyens, et ensuite suggérer la délimitation d'espaces qui finiront par rivaliser. Sous l'angle économique, l'historien Fernand Braudel a montré la pertinence du concept d'économie-monde :

« En résumé, si on la compare aux économies du reste du monde, l'économie européenne semble avoir dû son développement plus avancé à la supériorité de ses instruments et de ses institutions : les Bourses et les diverses formes de crédit. Mais, sans exception aucune, tous les mécanismes et artifices de l'échange se retrouvent en dehors de l'Europe, développés et utilisés à des degrés divers, et l'on peut y discerner une hiérarchie : à l'étage presque supérieur, le Japon ; peut-être l'Insulinde, et l'Islam ; sûrement l'Inde, avec son réseau de crédit développé par ses marchands banyans, sa pratique des prêts d'argent aux entreprises hasardées, ses assurances maritimes ; à l'étage au-dessous, habituée à vivre sur elle-même, la Chine ; et finalement, juste au-dessous d'elle, des milliers d'économies encore primitives. » (2)

Si la mondialisation existait bien avant la formalisation du projet néolibéral à la fin de la Seconde Guerre mondiale, ce que reconnaît Nikonoff, alors c'est l'ambition de cette doctrine qu'il convient de nommer.

La seconde erreur, c'est de confondre démondialisation et déglobalisation. Car quel est le but des néolibéraux ? Ce qui leur importe est l'application globale, c'est à dire sur la Terre entière, des règles de gouvernance fondées sur leurs principes. La globalisation, c'est le processus qu'ils ont mis en branle dès le début des années 1960. La globalisation, c'est le culte du libre-échange qui nécessite le rabougrissement des Etats, ce qui favorise le capitalisme puisque comme l'écrivait Fernand Braudel :

« ― Le capitalisme reste fondé sur une exploitation des ressources et des possibilités internationales, autrement dit il existe aux dimensions du monde, pour le moins il tend vers le monde entier. Sa grosse affaire présente : reconstituer cet universalisme.

― Il s'appuie toujours, obstinément, sur des monopoles de droit ou de fait (...).

― Plus encore, malgré ce que l'on dit d'ordinaire, le capitalisme ne recouvre pas toute l'économie, toute la société au travail ; il ne les enferme jamais l'une et l'autre dans un système, le sien, et qui serait parfait : la tripartition dont je vous ai parlé - vie matérielle, économie de marché, économie capitaliste (celle-ci avec d'énormes adjonctions) - conserve encore une étonnante valeur présente de discrimination et d'explication. »(3)

Dans la globalisation néolibérale en cours, force est de constater que les systèmes sociaux et fiscaux sont mis maintenant ouvertement en concurrence pour un nivellement par le bas : ce sont donc la vie matérielle et l'économie de marché des différentes sociétés qui sont attaqués, comme le dit à sa manière Nikonoff.

Soulignons au passage la contradiction du néolibéralisme : visant à réduire l'Etat à son strict minimum, il favorise le développement du capitalisme, alors que « [celui-ci] ne triomphe que lorsqu'il s'identifie avec l'Etat, qu'il est l'Etat. » (4)

Vers la fin de la globalisation, on assisterait à des explosions sociales dans toutes les sociétés : pour les éviter, les hommes responsables et de bonne volonté doivent prôner la déglobalisation.

Le Brexit n'en est-il pas la deuxième manifestation, la première étant le rejet de la Constitution européenne par le peuple français en mai 2005 ?

La déglobalisation doit être la priorité politique des Transformateurs, parce qu'elle est la condition sine qua none de la réussite des autres. Malheureusement, en choisissant le concept inintelligible de démondialisation, Jacques Nikonoff et ses amis ont mal engagé leur combat politique. Or comme dit Albert Camus : « Mal nommer les choses, c'est ajouter au malheur du monde. »

Alexandre Anizy

(1) Marianne du 26 août 2016.

(2) Fernand Braudel, La dynamique du capitalisme, pages 38-39 (Arthaud, avril 1985, 121 pages).

(3) Ibidem, page 115.

(4) Idem, page 68.

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Rêve frontalier de Michel Foucher

Publié le par Alexandre Anizy

Quand le diplomate chevronné Michel Foucher est abruti par les vieilles chimères eurofédéralistes.

Il faut s'étonner du titre de l'opuscule que vient de publier Michel Foucher, à savoir Le retour des frontières (CNRS éditions, mai 2016, 56 pages, 5 €), quand on y lit dans le premier chapitre qu'elles n'ont jamais disparues, notamment dans la version "mur" comme en Corée, Chypre, Israël.

Dans le chapitre suivant, l'auteur rappelle que l'empire américain a décidé en 2003 de redessiner le Moyen-Orient, avec l'Irak devant être "décentralisé à l'extrême" (position exprimée dès 2006 par le vice-président Joe Biden et réaffirmée en 2016) comme ils l'ont voulu et réalisé en Bosnie avec l'accord de Dayton, ainsi que de reconfigurer le continent européen, avec notamment la volonté d'arrimer l'Ukraine à l'Europe occidentale via l'OTAN et l'UE au mépris de l'histoire russe et des réalités économiques et sociales de ce pays.

Dans le dernier chapitre, Michel Foucher regrette que des contrôles frontaliers internes à l'espace européen aient été réintroduit en 2015 à Vintimille (frontière franco-italienne), puisqu'il prône quant à lui « la construction d'une citoyenneté européenne, d'un sentiment d'appartenance politique à une fédération stato-nationale ». Vaste programme flou.

Qui donc ira mourir pour l'Ukraine, par exemple, ce pays sous la férule de crapules comme Piotr Porochenko, Ioulia Timochenko, etc., aujourd'hui sous la coupe yankee, hier sous celle des Russes, quant à demain ? En tout cas, l'histoire nous enseigne que ce ne sont jamais des nantis ou des intellectuels comme Michel Foucher qui risquent leurs peaux dans ce genre d'aventure.

Alexandre Anizy

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Après Nice, complétons le philosophe Jean-Luc Nancy

Publié le par Alexandre Anizy

Puisqu'il est relancé, complétons le philosophe Jean-Luc Nancy qui parle stérilement.

De temps en temps, les néoconservateurs de Libération ouvrent leurs colonnes à une pensée dissonante, comme celle de Jean-Luc Nancy (le 19 juillet 2016) :

« Le monde est à un tournant. Il a un nouvel avenir à inventer. Tuer les enfants (et les autres), c'est tuer l'avenir sans même faire exister un présent. Il ne suffit pas de hausser le ton : il faut aussi penser ce qu'exister peut vouloir dire d'autre que faire rouler des camions, des machines et des entreprises. Un homme politique, une femme politique aujourd'hui ne peut plus éviter de parler du sens de notre monde. Et pas seulement en récitant la devise de la République française. Car chacun de ces mots est écrasé par les camions, les machines et les entreprises. Et par l'insuffisance ou la négligence de nos pensées. »

Nous prenons acte de son mea culpa :

« En 1981, avec Philippe Lacoue-Labarthe à l'invitation de Derrida, nous avions fondé un Centre de recherches politiques à l'Ecole Normale de la rue d'Ulm. Le thème directeur était le "retrait du politique" (...). Tout le monde était intéressé : Lefort, Badiou, Ferry, Balibar, Rancière, Lyotard, etc. (...) [3 ou 4 ans plus tard, ils arrivent à ce découpage du politique : l'Etat dont on ne s'occupe pas, la société civile tant choyée... Résumé de AA] Cette coupure, c'était déjà un repli et, même entre nous, qui n'étions pas un parti ni un club, mais seulement un centre de recherches, personne n'avait de véritables propositions à faire. Nous avons fini par dissoudre ce centre. » (Libération du 4 juin 2009, déjà)

Il nous faut donc compléter le propos opportuniste d'aujourd'hui, digne d'un prêche dominical, car avec ça le monde possible est sérieusement conditionné.

Le discrédit et l'opprobre enveloppent maintenant la caste républicaine qui dirige depuis 46 ans la France au profit de son oligarchie endogamique : il n'y a plus rien à attendre ni de ces gens-là, ni de leurs clercs. C'est pourquoi penser la transformation est une tâche dont les hommes libres doivent s'acquitter au plus vite.

Alexandre Anizy

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Après l'attentat de Nice : contre l'opération Sentinelle et pour la détention en prison militaire

Publié le par Alexandre Anizy

L'opération Sentinelle est à notre sens une aberration, comme l'a dit le général Vincent Desportes, et le gouvernement n'apporte pas de réponse satisfaisante au problème de la contamination en milieu carcéral.

Sur son territoire, la France n'est pas en guerre. Elle fait face au terrorisme, qui est un mode d'action. Pour assurer la protection des résidents, l'Etat dispose de moyens spécifiques : police, CRS, gendarmerie. Alors pourquoi l'armée ? Rappelons d'abord des faits en donnant des chiffres, grâce à l'amiral Hervé de Bonnaventure (1).

En janvier 2015, au moment des assassinats à Charlie Hebdo, le plan Vigipirates était activé et employait déjà 1010 militaires. Suite aux décisions immédiates du gouvernement, l'effectif militaire est porté à 3.000 en 2 jours, et il atteindra 10.000 hommes le 14 janvier. Comment a-t-on réussi ce tour de force ? En novembre, l'exercice pour le plan Neptune, conçu pour les catastrophes naturelles et prévoyant le déploiement de 10.000 militaires, venait d'avoir lieu : l'Etat-major, notamment en Ile-de-France, était donc particulièrement préparé. Mais la durée normale du plan Neptune est de 1 à 2 mois...

En avril, le Conseil de Défense décide de descendre à 7.000 hommes l'effectif militaire, dans la durée (il sera remonté à 10.000 pour l'événement sportif de l'Euro), et de recruter 11.000 militaires d'ici la fin 2017 parce que, compte tenu de certaines règles, il faut une force opérationnelle de 77.000 hommes pour atteindre cet objectif.

Avec l'opération Sentinelle, que se passe-t-il concrètement pour les forces opérationnelles ? Selon Vincent Desportes, l'emploi du temps du soldat opérationnel se décompose ainsi, en moyenne : avant Sentinelle, 15 % en opérations extérieures et 5 % en opérations intérieures ; avec Sentinelle, toujours 15 % pour les opex, mais entre 40 et 50 % en opérations intérieures. Il y a donc une baisse importante de son entraînement individuel, mais aussi collectif.

De plus, pour monter Sentinelle il a fallu restreindre les forces de souveraineté (i.e. celles en territoires outre-mer) et, quoi qu'on en dise, accélérer la fin de l'opération Sangaris.

In fine, l'opération Sentinelle ne permet pas de régénérer correctement les forces opérationnelles et elle diminue les forces de souveraineté ; elle a un impact négatif sur le moral des troupes, qui se sentent comme des supplétifs utilisés par défaut.

« Cette utilisation des forces armées n'apporte pas de plus-value sécuritaire. (...) Face à une rupture stratégique, parce qu'il s'agit bien de cela, on utilise une solution, qui n'en est pas une d'ailleurs, mais du niveau cosmétique. » (V. Desportes)

Le terrorisme doit être combattu dans le cadre d'un système global de sécurité - défense, qui fait cruellement défaut aujourd'hui.

Concluons sur ce premier point avec François Géré :

« Dans son principe même, l'opération Sentinelle constitue un contresens stratégique complet qui n'apporte rien d'autre que de distraire des forces dont nous aurions besoin sur les véritables théâtres de guerre. »

Un examen attentif des faits montre l'importance de la contamination idéologique en prison : entrés en petits délinquants, ils en sont sortis en terroristes. A ce jour, force est de constater que les réponses apportées pour la stopper sont d'ordre curatif (la déradicalisation) : la prolifération va donc perdurer, ce qui n'est pas acceptable.

Pour nous, les terroristes doivent être séparés du reste de la population carcérale. Si on ne peut pas leur accorder pleinement le statut de combattants, puisqu'ils ne font pas partie d'une armée régulière, on ne peut pas non plus les traiter comme de simples délinquants, puisqu'ils revendiquent eux-mêmes le caractère politique de leurs actions. C'est pourquoi nous proposons qu'ils soient détenus dans des prisons militaires.

Cette mesure présentent 2 avantages :

  • arrêt de la contamination ;
  • solution immédiate et à moindre coût du débat entre "prison spécifique" et "quartiers réservés au sein des prisons".

Après l'attentat de Nice, il convient d'inscrire la lutte contre le terrorisme dans un continuum sécurité - défense : l'arrêt de l'opération Sentinelle et l'enfermement des terroristes dans des prisons militaires en sont les 2 premières mesures concrètes.

Alexandre Anizy

(1) Toutes les citations et informations de ce billet proviennent du Colloque "Quelle mobilisation de la Nation face au terrorisme international" (20 juin 2016 à l'Assemblée Nationale)

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L'illusion de Mélenchon

Publié le par Alexandre Anizy

Jean-Luc Mélenchon dit qu'il a évolué depuis 2012, mais la lecture de ses collaborateurs l'infirme.

Le point crucial d'une autre politique économique, c'est poser la sortie de l'euro comme pierre angulaire du programme de transformation. Force est de constater que Jean-Luc Mélenchon et ses partisans ne le font toujours pas, puisqu'ils persistent à croire que la France étant incontournable dans l'Union allemande (i.e. l'Union Européenne), sa demande de renégociation des traités sera acceptée, etc. C'est pourquoi Eric Coquerel dit :

« Avec le "Brexit", les Anglais font exactement ce que nous pourrions faire pour des raisons inverses : imposer un rapport de forces. Eux veulent plus de libéralisme, et nous, c'est au nom d'une vision opposée à l'austérité, au néolibéralisme. La méthode est intéressante. »

Comme il s'agit de l'avenir de la France et du bien-être de sa population, nous aimerions voir Mr Coquerel traiter la question autrement que par l'appréciation d'une méthode.

Et l'économiste Jacques Généreux de compléter l'analyse mélenchonnesque :

« Le "Brexit" est une bonne stratégie pour obtenir des concessions économiques. C'est ce que la France aurait dû faire et c'est ce qu'elle ferait avec nous pour renégocier les traités ».

Obtenir des concessions du maître allemand, c'est la pierre angulaire du programme de Mélenchon, alors qu'il faudrait le bâtir en ne comptant que sur ses propres forces autonomes.

Plus grave, ces deux affirmations de Mr Généreux :

« L'UE ne peut pas exister sans la France et la BCE ne pourrait pas imposer un blocus monétaire à la France. Soyons sérieux ! »

D'une part, sans la France l'Union allemande s'appellerait autrement - nous sommes d'accord sur ce point -, et l'hypothèse a déjà été étudiée ; d'autre part la BCE, aux mains des néoconservateurs et du bankster Mario Draghi, ne manquerait pas de contrecarrer les mesures financières d'un pays négociateur pusillanime. Soyez sérieux Mr Généreux !

Jean-Luc Mélenchon poursuit comme d'autres son rêve de conquête élyséenne en misant sur la compréhension et la générosité des partenaires de la France, comme les falots Tsipras et Varoufakis avaient parié sur l'intelligence économique des créanciers de la Grèce...

http://www.alexandreanizy.com/article-la-grece-dirigee-par-des-falots-tsipras-et-varoufakis-125559005.html

Le coup de dés de Mélenchon n'abolirait pas la logique en œuvre.

Alexandre Anizy

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Face à Alain Juppé, la démesure du général Vincent Desportes

Publié le par Alexandre Anizy

Si le général Vincent Desportes a quelques bonnes idées, son emportement et le cas qu'il défend aujourd'hui dans le journal Le Monde en atténuent la portée.

Indigné par les propos badins du candidat Alain Juppé à l'encontre des militaires ( « Un militaire, c'est comme un ministre : ça ferme sa gueule ou ça s'en va. » ; « Certes, tous les militaires ont le droit de penser, mais il y a quand même des limites à ne pas dépasser. »), l'ex-général Vincent Desportes s'est emporté dans une tribune que le journal Le Monde lui a octroyée, enfourchant ses dadas

http://www.alexandreanizy.com/2015/11/la-juste-bataille-du-general-vincent-desportes.html

et dérapant dans la démesure. Certes, Alain Juppé n'a jamais brillé en politique ni par son originalité ni par sa fécondité, mais est-il bien raisonnable de l'élever au rang de Coluche ? Non, car on peut dauber un vieux politicien sans être désobligeant.

Sur le fond, Vincent Desportes assène une idée forte : « Les responsables militaires sont les mieux placés pour réfléchir aux conditions d'emploi des armées, pour apprécier les menaces, élaborer les solutions militaires propres à l'atteinte des buts politiques. Experts en leur domaine, les militaires ont, vis-à-vis de la nation, un devoir d'alerte. » Pour ce faire, il nous semble que les militaires ont leur Ecole, et surtout des revues plus ou moins spécialisées et accessibles aux citoyens où il leur est permis et même vivement recommandé de penser, parce que « Celui qui ne pense plus est condamné à la défaite. » : si "la grande muette" baigne dans le conformisme depuis 50 ans, il nous semble que les militaires, y compris le général Desportes, en sont aussi pour quelque chose, puisque « Inhibé par des années de stricte obéissance silencieuse, le militaire, facilement bon élève, s'est autocensuré. ».

Et maladroitement, Vincent Desportes diminue la portée de son propos lorsqu'il prend la défense du général Soubelet qui vient d'être sanctionné : la dernière action solitaire de ce gendarme paraît plus relever du ressentiment que "l'éthique de conviction".

Mais sur le fond, Vincent Desportes se trompe quand il écrit : « Son devoir [au militaire] est de penser la défense pour l'immédiat et pour le temps long, au-delà des horizons politiciens. » En effet, la patrie ne demande pas au militaire de penser la défense en-dehors de tous les futurs envisageables et autrement qu'en expert technique, car comme disait Georges Clemenceau : « La guerre ! C'est une chose trop grave pour la confier à des militaires. »

Et Desportes ne dérape-t-il pas quand il dit que l'honneur du militaire tient « dans la loyauté sans le renoncement, la loyauté sans le reniement, la fidélité à la nation », parce que cela sonne comme "la politique d'abandon" des putschistes d'Alger ?

Sur le fond toujours, si on ne peut que valider cette proposition : « Selon la formule américaine, il faut penser "out of the box", libérer la pensée critique, en admettre la nécessité et les débordements éventuels (...) », force est de constater que si le jeune lieutenant Desportes en 1976 ne supportait pas l'expression d'une pensée critique au sein de son peloton à Tübingen, le professeur Desportes réclame aujourd'hui ce droit d'expression... qu'il semble réserver aux officiers. Ne désespérons pas : compte tenu du rythme de son évolution, dans 40 ans nous pourrons débattre démocratiquement de la chose militaire avec Vincent Desportes.

Dans la tribune interpellant Alain Juppé, Vincent Desportes adosse quelques idées intéressantes à un cas affligeant d'irresponsabilité. Son emportement nuit à sa cause.

Alexandre Anizy

Publié dans Notes politiques

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