Velibor Čolić (Tcholitj) n'est ni footballeur ni Jésus ni Tito
Dans un pays pas si lointain aujourd'hui disparu, un enfant rêvait d'être footballeur, « noir et brésilien de préférence ». Mais avec une mère croate et un père qui se dit yougoslave, c'était compliqué pour devenir noir et facile d'écrire des poèmes. Ainsi, dès l'enfance, Velibor Čolić est entré en littérature .
Dans « Jésus et Tito » (éditions Gaïa, avril 2010, 190 pages, 17 €), il raconte sa jeunesse dans un village bosniaque.
« Une belle époque. On mange du bon pain et on casse la gueule au fils du boulanger. La preuve, malgré tout, que ce monde peut fonctionner à merveille. » (p.46).
Ce livre est un "bildungsroman", c'est à dire une somme triée et ordonnée de photos, de saynètes, qui rend compte subjectivement de l'environnement de l'auteur. C'est un bijou qui nous fait penser aux « Ritals » de Cavanna (lire notre note sur cet écrivain) : la vie, tout simplement, relatée dans un style sobre, élégant et drôle.
« Notre lycée est un bâtiment flambant neuf, laid et tout en angles, à mi-chemin entre une prison et une caserne. Le matin, nos cours commencent à sept heures, ça sent la sueur douceâtre, les chaussettes sales et les produits désinfectants. » (p.105)
Velibor Čolić a du talent : maintenant, il ne tient qu'à vous de le découvrir.
Alexandre Anizy