Comment va la Caisse d'Epargne ?

Publié le par Alexandre Anizy

Son ratio fonds propres / prêts et engagements étant sous les 7 %, la Caisse Nationale des Caisses d’Epargne doit d’ici le 31 mars 2008 le rehausser à 8,5 % : c’est une décision de la Commission bancaire. L’inévitable augmentation de capital de 3 Milliards d’euros devrait être bouclée en mars en puisant dans ses caisses.
En effet, la Caisse Nationale peut aller chercher l’intégralité de cette augmentation dans les fonds des Caisses Régionales qui regorgent de capitaux

 
Pourquoi ce ratio est-il devenu insuffisant ?
Quelques événements ont avarié la santé du groupe dirigé par Charles MILHAUD :

  • Déboursement de 7 Milliards d’euros pour sortir la Caisse des Dépôts de son capital, créer Natixis et se rapprocher de Nexity ;
  • Natixis (banque d’affaires) a perdu 50 % environ de sa valeur depuis son introduction en Bourse ;
  • Nexity a aussi perdu 50 % environ de sa valeur depuis son introduction en Bourse ;
  • En 1ère ligne dans la crise américaine des subprimes avec la filiale CIFG : apport immédiat de 500 millions d’euros.

L’année 2008 risque de prolonger ces déconvenues.

 
Charles MILHAUD aurait-il perdu la main ?
L’idée de constituer un pôle immobilier en 2007 en rachetant au prix fort Nexity ne paraît pas être un coup génial : le concept (si concept il y avait) « bankimmo » est aussi utopique que celui de « bancassurance » des années 80 et il ignore le désastre causé parmi les banques japonaises.

On sait que Charles MILHAUD est un ami d’ Alain MINC (il fut aussi son client). (Laurent MAUDUIT, « petits conseils », stock 2007).  Voir  notre  note du 18 avril  2007  "Alain MINC  un parangon du CAC 40".

On sait aussi que pour évincer Xavier HUILLARD de VINCI, Alain MINC avait imaginé le rachat de Nexity (1,6 Milliard d’euros) pour nommer son PDG Alain DININ (et actionnaire à hauteur de 5 %) à la direction générale de VINCI : son rejet par les administrateurs financiers de VINCI fut sans appel (trop cher ! invendable aux marchés !). Mais Alain DININ essaya aussi de vendre uniquement ses parts de Nexity au Conseil d’Administration de VINCI, ce qui provoqua un tollé. Alain DININ est aussi un ami d’Alain MINC.  (Laurent MAUDUIT, « petits conseils », stock 2007)

Au cas où le rachat de Nexity par la Caisse d’Epargne serait le fruit d’un petit conseil, nous espérons qu’il n’aura pas les mêmes effets que, par exemple, la diversification ratée de SAINT GOBAIN dans les années 80.

 
Nicolas BAVEREZ a une vision peu idyllique de la Caisse d’Epargne.

« (…) les régulateurs français gagneraient à se pencher sur le sinistre annoncé des Caisses d’Epargne, qui présentent nombre de traits communs avec le Crédit Lyonnais de l’ère HABERER : une gouvernance réduite à la cooptation autour d’un dirigeant charismatique ; un système de contrôle des risques lacunaire ; des fonds propres fortement réduits par une croissance externe à marche forcée ; une stratégie de développement agressive axée sur l’industrie financière – Natixis – et surtout la constitution d’un pôle immobilier – à travers le rachat au plus haut de Nexity et de Meilleurtaux.com. Avec les avatars de leur rehausseur de crédit aux Etats-Unis, les Caisses baignent dans les 2 secteurs les plus touchés par la crise. » (le Point 31 janvier 2008)

Comment va la Caisse d’Epargne ? Pas terrible.

 
Alexandre Anizy