Un objectif de la Fed : sauver les banques !

Publié le par Alexandre Anizy

Les Etats-Unis sont entrés dans une récession : une majorité d’économistes le dit maintenant.

Comme l’avait prédit Bernard MARIS (voir notre note du 15 février 2008) :
« Il a fallu la crise bancaire de 1929 pour qu’il y ait un New Deal (…) Nationalisation des banques, distinction entre banque de dépôts et banque d’affaire, loi sur les réserves obligatoires. Tout cela a disparu. Et on voit aujourd’hui les banques centrales voler au secours des fautifs … »

Concernant les banques centrales, le constat de Bernard MARIS est sans appel : « (…) à leur tête, on a des banquiers qui refilent de l’essence [des liquidités, ndaa] aux banques à sec et leur disent : « allez-y, repartez à fond » jusqu’au prochain platane. »

C’est bien ce qui se passe.

Pour débloquer le marché du crédit, la Fed (banque centrale américaine) annonçait la semaine dernière qu’elle apportait 200 Milliards USD de titres du Trésor à un nombre limité de banques, en contrepartie de titres illiquides (i.e. tellement pourris que personne n’en veut sur le marché, fragilisant ce nombre limité de banques), pour leur permettre de relancer leur activité de crédit (c’est l’objectif officielle).

Déclaration de Raymond Mc DANIEL, Président de l’agence de notation Moody’s : « Nous assistons à une contagion plus marquée dans certains secteurs du marché obligataire. (…) Nous assistons à un gel complet du marché sur certains types de titres … nous voyons les prix chuter, la liquidité s’épuiser et la confiance disparaître. »

Parce que la psychose de nouvelles dévalorisations d’actifs à haut risque par de grandes banques s’est emparée de Wall Street, des pans entiers du marché obligataire ne fonctionnent toujours pas.

 
Et Wall Street a bien raison de s’inquiéter. Un exemple ?

Le fonds Carlyle Capital Corporation, créé par le géant américain Carlyle, s’est effondré en Bourse d’Amsterdam de 90 % et se trouve au bord de la faillite. Ce fonds oeuvrait en particulier sur les créances immobilières de banques.  Carlyle Capital Corporation refuse de donner l’identité de ses actionnaires, qui ont perdu au moins perdu leur mise de départ de 510 millions USD.

Le géant Carlyle, qui a prêté récemment 150 millions USD à C.C.C., a déjà dit qu’il n’avait aucune responsabilité juridique dans cette affaire !
Mais Carlyle n’est le seul fonds d’investissement à avoir spéculé sur le marché de la dette immobilière : Blackstone et KKR en sont.
De quoi inquiéter les professionnels si ces fonds sont obligés à des cessions massives d’actifs …

Un autre exemple ?
Vendredi 14 mars, la Bear Stearns, 5ème banque d’affaires américaine, a obtenu de la Fed une ligne de crédit d’un montant non précisé sur 28 jours pour lui éviter la cessation de paiement : l’urgence était telle que cette banque ne pouvait pas attendre le 27 mars, date à laquelle elle aurait pu emprunter normalement à la Fed !

Pour ce sauvetage, la Fed a fait référence à une clause de la loi sur la banque centrale adoptée en 1932 : elle y a recours pour la 1ère fois depuis 40 ans !

Bien entendu, 2 jours avant, Alan SCHWARTZ, le P-DG de Bear Stearns, niait publiquement le problème de liquidités. 

 
Force est de constater que depuis août 2007 les dirigeants des grandes banques n’ont pas cessé de sous-évaluer publiquement (ou n’ont pas été capables d’évaluer, ce qui plus grave pour leur « expertise ») l’ampleur réelle de leurs pertes.

 
Dans cette « grande glissade » qui s’annonce, à qui le tour ?

 
Alexandre Anizy