EADS est déjà allemand
La semaine dernière, les médias ont révélé l’existence de 2 documents qui dénoncent le déséquilibre croissant entre l’Allemagne et la France dans Airbus et EADS. Nous avions annoncé cette évolution dans notre note du 20 juillet 2007 « EADS la sourde lutte continue », après la réorganisation de juillet 2007.
Louis GALLOIS, le patron officiel d’EADS, a répliqué que le document rédigé par des cadres toulousains était « habile, avec ce qu’il faut de vérité pour rendre crédible ce qui est faux ». (le Point du 29 mai 2008) Mais qu’est-ce qui est faux dans le document ? Louis GALLOIS ne le précise pas. Pour la réduction des effectifs, la France a déjà donné avec 1.815 postes supprimés, tandis que l’Allemagne débute à peine le processus. Louis GALLOIS a demandé de rattraper ce retard dû à une législation sociale différente : « Ce retard doit être rattrapé ; je l’ai dit à Airbus ». Ah ! S’il l’a dit …
Airbus avait décidé d’envoyer une équipe de câbleurs français à Ham bourg pour récupérer les informations nécessaires : le 10 mars, ils ont été virés de l’atelier allemand par les salariés et leur syndicat IG Metall. Le patron d’Airbus, l’allemand Thomas ENDERS a-t-il pris des sanctions pour ce refus de coopération des hambourgeois, comme l’aurait fait un patron d’une société normalement constituée et correctement dirigée ?
Mais comme le disait déjà Thomas ENDERS en 2007, « nous ne sommes pas dans une entreprise normale »
On sait que les retards de l’A380 sont dus aux problèmes de câblage à Hambourg, que Thomas ENDERS a longtemps niés (voir note du 20 juillet). Dans une entreprise normale, les mesures correctrices et les réformes nécessaires auraient été mises en application sur le champ. Il s’avère aujourd’hui que c’est encore Airbus Allemagne qui est coresponsable (avec les motoristes) du retard de l’A400M : un problème de câblage à l’usine de Brême …
Que fait le patron officiel d’EADS Louis GALLOIS face à ces problèmes industriels allemands à répétition ?
Nous rappelons ici l’avis d’un homme du métier en 2007 (voir note du 20 juillet), Jean-François KNEPPER, coprésident du comité européen d’AIRBUS (FO) : « A force de négociations politiques depuis 35 ans qu’existe AIRBUS et 7 ans qu’existe EADS, les Allemands grignotent petit à petit de l’influence, du pouvoir, du management, et sont en train de s’approprier ni plus ni moins que l’industrie aéronautique, d’espace et de défense européenne. »
Ce que confirme un 3ème document, au sein même d’EADS, qui vient de revenir sur « la volonté allemande d’hégémonie » et « les transferts massifs, et sur une longue période, d’emplois et de compétences de la France vers l’Allemagne. »
Alexandre Anizy