La question de l'énergie (I)

Publié le par Alexandre Anizy

Il nous semble utile de faire un point statistique sur la question de l’énergie, qui devrait être au cœur de toutes les pensées économiques et politiques. Malheureusement, nous en sommes loin.

La France est le 12ème consommateur de pétrole au monde (presque 2 millions de barils par jour), et donc le 6ème importateur derrière les Etats-Unis, le Japon, la Chine, l’Allemagne et la Corée du Sud. La production française de pétrole, qui a atteint son pic en 1988 avec 67.000 barils par jour, se situe maintenant aux alentours de 20.000 barils. En y ajoutant les agro carburants, le gaz naturel liquéfié, les gains en raffinerie, on arrive à 130.000 barils par jour.

Depuis 2005, la capacité totale d’exportation de pétrole de tous les producteurs baisse, ce qui précède de quelques temps le pic de pétrole. Pour certains pays, la diminution des approvisionnements de pétrole risque d’être rapide.

 
Pour mémoire, la production française de charbon a atteint son pic en 1958 : 60 millions de tonnes avec 300.000 mineurs. La production française de gaz naturel, qui risque de s’arrêter dans la prochaine décennie, a atteint son pic en 1978 avec 6,5 milliards de mètres cubes extraits, soit environ 33 % de la consommation annuelle. La production française d’uranium, qui s’est achevée en 2002, a atteint son pic en 1988 avec environ 3.500 tonnes par an.
D’ici peu, le charbon ne s’exportera plus. La production européenne de gaz naturel a passé son pic en 2004, et les exportations russes n’augmenteront pas. La production mondiale d’uranium en provenance des mines couvre seulement 55 % des besoins du nucléaire civil : la fin du recyclage des stocks militaires russes aura pour conséquence la pénurie.
A partir de 2017, la France doit remplacer  59 réacteurs nucléaires  par 40 réacteurs EPR de 1620 MW, soit un coût de 132 milliards d’euros.

 
En 2006, 6,6 % de la consommation française d’énergie primaire est assurée par les énergies renouvelables : de cet ensemble, le bois représente 55 %, l’hydraulique 29 %, les déchets urbains solides 5 %, les autres filières 11 %.  Mais seul le bois paraît pouvoir apporter des ressources supplémentaires.
Pour la Direction Générale de l’énergie et des matières premières (DGEMP), d’ici à 2030, les capacités de production de l’éolien passeront de 1.500 MW en 2007 à 20.000 MW, soit l’équivalent de 4 réacteurs EPR de 1.620 MW. Pour les agro carburants, 2 millions d’hectares de terre arable (sur 18,3 millions utilisés aujourd’hui pour les cultures végétales) seront nécessaires pour atteindre l’objectif de 2010 : que fait-on contre la famine dans le monde quand les exportations de céréales cesseront ?
Toujours est-il qu’en doublant la production actuelle des énergies renouvelables d’ici à 2030, elle ne représenterait que 12 % de l’énergie primaire totale consommée.

 
Comme le souligne Emmanuel BROTO, « le mésusage des terres, des biens, de l’énergie et du temps pourrait entraîner de graves conséquences pour la survie des plus fragiles ». Dans cette perspective, le droit de propriété évoluera, parce que la structure sociale, économique et politique changera.

 
Alexandre Anizy