François Lenglet a réussi sa guerre des empires - Chine vs Etats-Unis (II)

Publié le par Alexandre Anizy

 

(Suite de la note portant le même titre)

Les 5 premiers chapitres du livre de François Lenglet, « la guerre des empires. Chine contre États-Unis » (Fayard, septembre 2010, 243 pages, 17 €), expliquent un moment de l'histoire sino-américaine contemporaine.

 

L'invasion soviétique pour réprimer le "printemps de Prague" a bouleversé le monde et notamment 2 capitales : Washington ne croit plus possible le glissement progressif des pays-satellites vers l'Ouest, Pékin prend acte de l'expansionnisme russe. En 1969, Pékin traduit dans les actes son changement d'analyse : alors que l'URSS augmente ses livraisons d'armes au Vietnam en guerre, les États-Unis constatent un beau jour que les trains qui transitent en Chine sont inexplicablement ralentis. La Chine leur envoie un signal.

François Lenglet raconte bien la valse diplomatique que dansent alors les 3 pays. A la fin du morceau, confortée dans son analyse par les erreurs soviétiques, la Chine entreprend un nouveau pas grâce au ping-pong, ce qui aboutira au voyage secret de Kissinger (mission Marco Polo) entre le 9 et 11 juillet 1971 à Pékin, qui prépare la rencontre entre Mao et Nixon en février 1972, qui marque le commencement d'une ère nouvelle.

En diplomatie, selon la formule de Lord Palmerston, il n'y a "pas d'ennemis éternels, pas d'amis perpétuels, seulement des intérêts éternels et perpétuels" (p.42).

Après quelques années de vicissitudes, le petit timonier Deng Xiaoping annonce les premières réformes économiques le 13 décembre 1978, soit presqu'en même temps que l'échange d'ambassades entre les 2 pays : « (…) dès l'origine, la relation officielle avec l'Amérique et l'ouverture économique sont quasi jumelles. » (p.49)

 

 

Dès 1979, les réformes débutent : décollectivisation des campagnes, création des zones économiques spéciales (avec régimes fiscaux et réglementaires particuliers), création des sociétés d'import-export qui officieront avec les diables étrangers.

Par ailleurs, les services mutuels se poursuivent : la Chine accepte sur son territoire une station commune pour écouter les liaisons russes (projet Chesnut), tandis que les Etats-Unis accepte tacitement l'attaque chinoise au Vietnam qui commence le 17 février 1979. Au prix de lourdes pertes humaines, la Chine administre sa leçon en atteignant son objectif (la ville de Lang Son), en étant bien informée par les Américains des mouvements de troupes russes derrière la frontière, puisque l'URSS envisage une invasion.

Ce raid guerrier a montré le retard de la Chine dans son équipement militaire, validant a posteriori le discours des 4 modernisations de Deng Xiaoping en décembre 1978.

Le coup d'État du général Jaruzelski en Pologne en décembre 1981 pousse le président Reagan à renoncer au soutien de Taïwan : l'administration américaine redoute une attaque soviétique de l'Europe via la Pologne.

L'hypothèque taïwanaise commençant à être levée, l'interdépendance sino-américaine peut se développer.

 

(à suivre)

 

Alexandre Anizy