La fumée selon Charles d'Orléans

Publié le par Alexandre Anizy

Rondeau 35

 

Jamais feu ne fut sans fumée,

Ni douloureux cœur sans souci,

Ni réconfort sans espérance,

Ni joyeux regard sans plaisir,

Ni beau soleil qu'après l'averse.

 

Ma sentence est vite exprimée :

Qu'un plus savant la tourne mieux !

J'invoque ici mon expérience :

Jamais feu ne fut sans fumée,

Ni douloureux cœur sans souci.

 

Il n'y a pas de jeu sans rire,

De soupir sans quelque regret,

De souhait sans désir brûlant,

De soupçon qui ne déconcerte ;

La chose est prouvée par les faits :

Jamais feu ne fut sans fumée.

 

Charles d'Orléans

(En la forêt de longue attente, Poésie/Gallimard, édition bilingue de Gérard Gros, novembre 2001)

  

Publié dans Notes culturelles

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