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KOSOVO (II) : erreur fatale

Publié le par Alexandre Anizy

Pour une fois que le journaliste (mais aussi membre du Conseil de Surveillance de Libération) Bernard GUETTA sort de la vulgate européenne, nous le soulignons. Il commence ainsi son article paru dans « son journal » le 29 janvier et intitulé « Fatale erreur dans les Balkans » :

« Par bêtise, par lâcheté, l’Europe a programmé une crise imminente. Avec sa bénédiction, les Albanais du Kosovo s’apprêtent à proclamer leur indépendance. (…) mais un précédent va se créer, formidablement inquiétant et dangereux. Il le sera d’abord pour les Balkans, car, lorsque les puissances occidentales auront avalisé cette modification des frontières d’un Etat membre de l’ONU, c’est toutes celles de la région qui seront menacées. »

Il oublie néanmoins de préciser que 6 pays refusent de reconnaître un Etat du Kosovo : Espagne, Chypre, Grèce, Bulgarie, Roumanie et Slovaquie.

Il s’accorde avec Jean-Pierre CHEVèNEMENT (voir notre note du 18 février 2008) pour constater le danger de l’instabilité en Europe :

« Pourquoi les Albanais de Macédoine ne se sentiraient-ils pas encouragés à reprendre les armes pour sortir de ce pays où ils sont trop minoritaires à leur goût ? »

 

« (…) puisque les Balkans ont vocation à l’intégrer [l’Union Européenne, ndaa]. Non seulement l’Union se tire une balle dans le pied, mais elle se contredit elle-même, dans la plus totale incohérenceElle s’était attachée, durant toutes les guerres de Yougoslavie, à faire respecter les anciennes frontières intérieures de la Fédération, devenues frontières internationales. Elle s’était battue pour que soit maintenu le pluralisme ethnique des Etats nés de l’éclatement yougoslave. Elle en avait fait un absolu, une exigence morale si essentielle que c’est au nom de cet idéal qu’elle avait prolongé le conflit bosniaque par son refus d’une Grande Serbie et aujourd’hui … les Etats-Nations ? »

 

15 ans d’absolu, d’exigence morale, pour en arriver à cette « (…) stupéfiante légèreté dans ce tête-à-queue si porteur d’une renaissance des tensions (…) » : quelle pitié !

 
On notera au passage la grande souplesse de Bernard GUETTA : « La cohésion ethnique ? C’est alors par là qu’il aurait fallu commencer. Ce n’eût pas été si scandaleux, absolument pas (…) » Il serait temps que Bernard GUETTA arrête de penser absolument : des gens de peu en ont trop souffert.

 
Buvons le calice jusqu’à la lie : les Occidentaux ont manqué à leur parole donnée puisqu’ils s’étaient engagés à Dayton à ne pas rouvrir la question kosovare. Pourquoi ?

« Parce que l’Amérique considérait que l’indépendance du Kosovo était inéluctable, qu’elle l’encourageait (…). Inquiets, les Européens croyaient favoriser une négociation [en agitant le spectre de l’indépendance du Kosovo devant la Serbie, ndaa], mais ils n’ont réussi qu’à la rendre impossible car, dès lors que le Kosovo avait la certitude qu’il n’avait qu’à rejeter tout compromis avec Belgrade pour réaliser son rêve, sa route était tracée. Les Kosovars ont repoussé tout maintien d’un lien avec la Serbie. Ils ont tenu bon, gagné, et l’Europe a perdupar bêtise et lâcheté. »

Tout est dit : dès lors que les Etats-Unis affirmaient publiquement qu’ils reconnaîtraient un futur Etat du Kosovo si celui-ci était autoproclamé, il n’y avait plus d’objet de négociation.
 

Si l’Europe vient de commettre une fatale erreur dans les Balkans, comme l’écrit Bernard GUETTA, il serait bon enfin qu’elle s’interroge sur les raisons de ce « sabotage final » des Etats-Unis et sur leur ambition réelle sur le vieux continent ?

 

 
Pour comprendre ce fiasco européen au Kosovo, dont personne ne peut avec certitude en décrire toutes les conséquences, nous vous suggérons la lecture décapante du livre de Stanko CEROVIC « dans les griffes des humanistes » (éditions Climats 2001, 317 pages, 21,34 €).

Stanko CEROVIC : directeur de la rédaction serbo-croate de Radio France Internationale ; écrivain ; expert des affaires yougoslaves ; originaire du Monténégro ; opposant à MILOSEVIC.

Le chapitre 11 raconte les pourparlers de Rambouillet entre les Albanais de l’UCK et la Serbie. Nous vous laissons découvrir les détails, mais citons quelques points intéressants aujourd’hui.

« Il n’y eut pas de réels pourparlers et l’accord proposé par les Etats-Unis ne fut pas un compromis. (…) Dès Rambouillet, on avait foulé aux pieds toutes les règles de la diplomatie internationale appliquée depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale et de l’époque coloniale. » p. 118

« Les diplomates européens durent à Rambouillet assister à une parodie de pourparlers, cacher leur humiliation et accepter les bombardements qu’ils voulaient empêcher. » p. 119


« Les valets se retrouvent souvent dans une situation qui les obligent à endosser les erreurs de leur maître pour ne pas avoir à subir l’opprobre de s’être mis au service d’un mauvais patron. Je redoute que cela devienne un phénomène très fréquent dans la politique européenne des années à venir (…) » p.119

Cette phrase était prémonitoire. N’est-ce pas, Bernard GUETTA ?

 
Alexandre Anizy

Kosovo (I) : l'équilibre européen miné

Publié le par Alexandre Anizy

Dimanche 17 février 2008, Le KOSOVO a proclamé son indépendance : il souhaite entrer aux Nations Unies, adhérer à l’Union Européenne et obtenir les crédits qui vont de pair.

La Serbie a déjà déclaré que cette sécession était illégale : ses griefs seront présentés au Conseil de Sécurité de l’ONU.

 

Pour comprendre l’antagonisme entre les Albanais du Kosovo et les Serbes, nous vous indiquons 2 ouvrages.

D’abord, un mémoire de l’IEP Grenoble (1995) intitulé « la question du Kosovo » : c’est un travail universitaire de qualité, avec une bibliographie pour ceux qui veulent approfondir le sujet.

Dans cet ouvrage, vous découvrirez que l’Histoire a fait de cette région le creuset de 2 nationalismes antagonistes. Par exemple, « les Albanais ne se joignent pas aux soulèvements des populations contre les Ottomans. Ils luttent contre les avancées des Serbes en Métochie [moitié sud-ouest de ce qu’on appelle le Kosovo, ndaa] et se battront contre eux sur le front de Salonique (1916-1917). La résistance armée persistera jusqu’en 1924. Cette résistance est connue sous le nom de mouvement kacak. (…) Le but du mouvement était de rattacher le Kosovo et la Métochie à l’Albanie. (…) Les Albanais allaient après 1924 se replier sur eux-mêmes, s’enfermer dans leur communauté. Les conflits agraires et les discriminations subies attisaient la haine entre les ethnies. » (Chapitre 1.2.2.)

Durant la Seconde Guerre mondiale, les Albanais se rangèrent du côté des Italiens. « On estime que la milice volontaire albanaise Vulnetari qui groupait à peu près 5.000 hommes, assistée par les diverses formations paramilitaires, aurait exterminé 10.000 Serbes en 4 ans. (…) L’un des leaders albanais les plus influents, Feratbey Draga proclama la purification ethnique triomphalement en 1943 : « L’heure est venue de détruire les serbes … Il n’y en aura plus sous le soleil de Kosovo. » Parallèlement on tenta de recoloniser massivement le Kosovo en installant des familles venues d’Albanie sur les propriétés des Serbes qui avaient été expulsés. Ce processus se fit d’ailleurs selon un plan des autorités italiennes. » (Chapitre 2.1.1.)   

100.000 Serbes chassés, 75.000 colons albanais : le Kosovo a connu pendant la guerre un profond bouleversement ethnique, qui influencera son destin après-guerre.

En conclusion, les auteurs écrivaient en 1995 : « La « satanisation » des serbes et la simplification à l’extrême du conflit [yougoslave, ndaa] joue contre les intérêts serbes. (…) La question du Kosovo est indissociable de la question de l’éclatement de la Yougoslavie, (…). Il est fort probable que la guerre, qui a commencé au Kosovo, finira au Kosovo. »

 

L’autre source sera le livre d’entretien d’Ibrahim RUGOVA (un leader de la contestation albanaise au  Kosovo) « la question du Kosovo » (Fayard mai 1994, 261 p., 110 FRF)  On sort de ce livre avec le sentiment que rien ne rattache les Albanais du Kosovo (soit environ 90 % de la population) à la Serbie.

 

Dans son livre « l’effondrement de la Yougoslavie » (éditions de L’âge d’homme 1994, 174 p.), Dobrica COSIC (prononcer Dobritsa Tchossitch) écrivait : « Notre politique au Kosovo est dépourvue de perspective. Ce n’est, au fond, qu’une politique policière menée à la manière des communistes monténégrins. La force et la corruption en sont les principaux instruments. » (p. 124)

A Belgrade, a-t-on trouvé une perspective depuis cette année-là ?

 

Dans un article fort intéressant (Figaro 11 décembre 2007), Jean-Pierre CHEVèNEMENT soulignait les dangers de l’indépendance du Kosovo.

« Faut-il indéfiniment encourager au fractionnement, aux divisions, à la scissiparité, célébrer la mise en place de nouvelles frontières, alors qu’au même moment on exalte le dépérissement des identités nationales et l’ensevelissement dans le grand tout ? »

 
Après la chute du mur de Berlin et l’effondrement du bloc communiste, l’ordre en Europe est fondé sur un principe élémentaire : le respect des frontières existantes sauf à les modifier par consentement pacifique.

Ce n’est pas le cas pour le Kosovo.

« Va-t-on tout jeter bas ? (…) Souhaite-t-on vraiment se donner un nouveau prétexte de solide et bonne brouille avec la Russie ? », interrogeait Jean-Pierre CHEVèNEMENT.

 

Alexandre Anizy

Edward LIMONOV et les grands nègres

Publié le par Alexandre Anizy

Edward LIMONOV est un écrivain franco-russe, dont le parcours sinueux est susceptible d’en fasciner quelques uns.

« Le poète russe préfère les grands nègres » (éditions Ramsay 1980, 341 pages) vous donnera un aperçu du lascar : on sent l’influence de Charles BUKOWSKI, au zénith en ce temps-là.

 
Lorsqu’il revint en Russie, c’est pour jouer un rôle politique de 1er plan au sein du mouvement national bolchevique. Après quelques péripéties, LIMONOV et son groupe (le parti national bolchevique ayant fait scission)  concluent un accord électoral avec le parti de Gary KASPAROV, qui vient de renoncer à se présenter aux présidentielles. 

 
De temps en temps, Patrick BESSON nous parle de lui dans ses articles, parce qu’il l’a côtoyé à l’idiot international et qu’il apprécie tous ses livres : ce sont des chefs d’œuvre, selon lui.

 
Alexandre Anizy

Le retour de l'Etat dans l'économie

Publié le par Alexandre Anizy

C’est une tendance longue qui va commencer aux Etats-Unis, selon David FRUM dans le Financial Times : en novembre, les Républicains vont perdre la présidentielle, et ainsi s’achèvera 30 ans de domination du conservatisme.
Autrement dit, la fin du libéralisme est pronostiquée par l’ancienne plume de G. BUSH et l’inspirateur du discours sur l’axe du mal.

Les sondages confirment les signes d’un écroulement des thèmes chers à la révolution conservatrice, comme le rejet de l’impôt ou celui de l’Etat : « un désir d’un plus grand rôle de l’Etat, une perte de sensibilité à la question fiscale et un basculement à gauche sur la plupart des questions de société. »
Selon David FRUM, l’Amérique votera contre BUSH jusqu’en 2060 !
C’est une bonne nouvelle, n’est-ce pas ?

Et nous, et nous, et nous ?

Comme d’habitude, l’oligarchie européenne mettra 10 ans pour comprendre que l’Empire a changé de valeurs … puis elle prônera et appliquera sans pragmatisme le nouveau dogme, comme elle le fait aujourd’hui avec zèle pour l’ancien. (Voir aussi notre note économique « bientôt le protectionnisme ? » du 1 octobre 2007)
 

Le retournement s’opérera quand les classes moyennes, mais aussi une partie des ouvriers et des employés, constateront qu’ils profitaient autrefois de la redistribution et de la protection sociales, alors qu’ils ne voient et ne verront jamais la couleur de l’argent de leurs travaux supplémentaires.

L’engraissement des riches correspond à l’appauvrissement des classes moyennes. Mais pas seulement, évidemment.

 
Pour incarner cette nouvelle donne, en France notamment, il faudra de nouveaux acteurs, puisque toute la classe politique a plus ou moins accompagné cette vague libérale dévastatrice.

 

Alexandre Anizy

Crise : Bernard MARIS pour un retour à la régulation des banques

Publié le par Alexandre Anizy

Bernard MARIS, professeur d’économie à l’université Paris VIII, est aussi l’auteur réputé d’un « antimanuel d’économie » en 2 tomes. Il s’est exprimé le 28 janvier 2008 dans Libération sur l’affaire Société Générale.

« Est-ce le casse d’une personne, ou l’incompétence et l’amateurisme d’une banque ? Ce trader n’a rien d’un Arsène Lupin des temps modernes, plutôt le symbole d’une finance folle. »

En quelques mots, il dresse ensuite un portrait psychologique des jeunes traders : « Les nouveaux traders vivent dans une double bulle : financière et personnelle. Ils n’ont aucune idée de ce qu’ils font, prennent des options sur cours boursiers pour le plaisir de jouer, de spéculer. Ils évoluent dans un autre univers qui loue la mythologie de la finance. (…) Ils vivent dans Second Life (…). »
 

Concernant les hauts dirigeants, Bernard MARIS est sans illusion : « (…) on commence à comprendre ce qu’est une banque avec ses hauts dirigeants. Un mélange d’irresponsabilité et de cupidité. Avec un saupoudrage de vague à l’âme quand les banquiers appellent à la morale. Là on peut commencer à rire… (…) Ils jonglent avec la gestion des comptes, qui pèsent pour la moitié de leurs fonds propres, alors qu’ils devraient se contenter de gérer l’épargne en « bon père de famille ». (…) Et ils ne savent même pas, la plupart du temps, ce qu’il y a dans leurs comptes. La preuve avec les subprimes… Ce qui n’empêche pas le boss de Merril Lynch de partir avec 165 millions de dollars. Cela raconte assez bien un système sans moral, sans contre-feux. »

 
Bien sûr, la crise est possible : « La finance, surréaliste, s’est muée en parasite qui ponctionne de la valeur sur l’économie réelle : le travail. (…) La part des dividendes nets distribués aux actionnaires par les entreprises françaises pesait 5,9 % en 1978. En 2006, elle a bondi à 21,9 %. C’est dans ce monde que prospère l’opacité d’un système bancaire mondial qui ne parle que de transparence et d’efficience. (…) Et les incantations des politiques à plus de régulation sans que cela soit suivi d’effets tout aussi vertigineuses … »

 
Pour Bernard MARIS, il faut « mettre fin à la spéculation avec l’argent des autres » comme le disait déjà ROOSEVELT en 1933. Comme Daniel COHEN (voir notre note économique du 22 janvier 2008), il préconise la purge.

« (…) c’est la pédagogie de la catastrophe. Il faut un krach considérable. Une purge. Il a fallu la crise bancaire de 1929 pour qu’il y ait un New Deal (…) Nationalisation des banques, distinction entre banque de dépôts et banque d’affaire, loi sur les réserves obligatoires. Tout cela a disparu. Et on voit aujourd’hui les banques centrales voler au secours des fautifs … »

Concernant les banques centrales, le constat de Bernard MARIS est sans appel : « (…) à leur tête, on a des banquiers qui refilent de l’essence [des liquidités, ndaa] aux banques à sec et leur disent : « allez-y, repartez à fond » jusqu’au prochain platane. »

 

Les propositions essentielles de Bernard MARIS ?

  • Régulation des banques ;
  • Distinction stricte entre banques d’affaires et banques d’épargne ;
  • Encadrement du crédit.

Le dernier point mériterait d’être développé pour permettre d’en juger la pertinence.

 
Alexandre Anizy

Société Générale : le pare-feu pour Daniel BOUTON

Publié le par Alexandre Anizy

Nous savons que, dès la découverte de la gigantesque fraude du trader Jérôme KERVIEL, la Société Générale a élaboré durant le week-end un plan de sauvetage, qu’elle mit en œuvre dès le lundi matin sur les marchés.

Une partie du plan consistait à préparer une augmentation de capital. Lorsque Daniel BOUTON annonça le jeudi ce que la Société Générale avait découvert le samedi précédent, ce qu’elle avait entrepris sur les marchés durant 3 jours, il ne manqua de préciser que la Société Générale allait augmenter son capital et que cette opération était déjà assurée, ce qui prouvait la confiance accordée par le milieu bancaire à la banque française, puisqu’elle était garantie par 2 grandes banques internationales.

 

Or il apparaît maintenant que Morgan Stanley et JP Morgan auraient exigé le maintien de Daniel BOUTON à la tête de la banque pour mener l’augmentation de capital : forcément, ce type d’opération prend du temps, un temps précieux durant lequel le soufflé de l’indignation retombera inéluctablement.

 

Nous posons quelques questions (apparemment les médias ne le font pas) :

  • Daniel BOUTON a-t-il conduit seul la négociation avec les 2 banques ?
  • Le maintien de Daniel BOUTON est-il réellement une clause sine qua none pour avoir la garantie bancaire, si clause il y a ?
  • Qui a réellement demandé cette clause, si elle existe ?

Vous trouverez en filigrane un début de réponse dans notre note économique du 4 février 2008.  

Quoi qu’il en soit, au jour d’aujourd’hui, nous constatons qu’objectivement un pare-feu est aménagé pour maintenir Daniel BOUTON à la tête de la Société Générale.

 

Alexandre Anizy

Le philosophe Alain BADIOU dérange

Publié le par Alexandre Anizy

Un certain Jacques de SAINT VICTOR écrivait le 17 janvier 2008 dans le journal de la famille DASSAULT que le philosophe marxiste Alain BADIOU « (…) défend des positions qui seraient considérées dans n’importe quel autre pays européen comme l’œuvre d’un esprit dérangé. »

Remarquez le conditionnel, estimez le courage du bonhomme.

« Il y a désormais un phénomène BADIOU qui témoigne d’une crise chez ceux qui s’en délectent. Régression infantile, nostalgie stalinienne ? »

« La pensée totalitaire fait-elle son retour en France ? (…) Il y a parfois des succès qui servent de symptômes. »

On le pressent : pour Jacques de SAINT VICTOR, les lecteurs de BADIOU sont presque des malades …  et l’hôpital psychiatrique devrait être leur destination.

 

Sieur Geoffroy de LAGASNERIE faisait quant à lui une critique gauchiste du pamphlet « de quoi Sarkozy est-il le nom ? » dans le journal de monsieur de ROTSCHILD et accessoirement du milliardaire philosophe Bernard Henri LEVY : c’est un article plus consistant.

Sieur Geoffroy de LAGASNERIE prolonge en quelque sorte la thèse de son livre « L’Empire de l’Université. Sur BOURDIEU, les intellectuels et le journalisme », éditions Amsterdam, 2007, 112 p., 8,5 €) : les mêmes intellectuels (DERRIDA, FOUCAULT, DELEUZE, BOURDIEU), qui auraient été les chantres d’un anti-académisme universitaire dans les années 60, seraient devenus les apôtres du savoir et de l’institution universitaire à la fin des années 70 pour s’opposer au pouvoir médiatique. D’une certaine manière, on peut dire que c’est un livre qui encourage la pensée loin de toutes les chapelles. On précisera les choses en disant que le sieur Geoffroy de LAGASNERIE ne doit pas être un ennemi irréductible de la pensée de Toni NEGRI. 

« Puisque BADIOU veut ranger tous les mouvements sous une règle commune (« l’hypothèse communiste »), il est inéluctablement conduit à rejeter dans le non-politique , et donc à vouloir réduire au silence, bien des prises de parole et des théorisations qui ont émergé au cours des 40 dernières années (…). (…). BADIOU affirme que, dans l’action collective, les identités (de genre, de race, de classe, de sexualité) doivent subordonner leur dimension négative (l’affirmation de leur singularité, leur opposition aux autres) à leur dimension dite positive (le développement du même et leur appartenance à un seul monde. A cette différence près que, l’unité à préserver (…) celle d’un autre type de société à venir et d’un idéal politique. »

Et alors : « BADIOU restaure une philosophie d’institution, qui entend dicter aux mouvements leur signification et leur vérité, et prétend connaître ce qui les sous-tend. Il est celui qui sait ce qu’ils devraient être pour être vraiment ce qu’ils sont. »

« L’époque favorise les pensées d’ordre (…) d’un ordre communiste qualifié de révolutionnaire ou d’un ordre réactionnaire qualifié de démocratique (…) » « (…) phantasmes despotiques de régulation et d’ordonnancement dont le symptôme BADIOU n’est que le nom. »

Il nous semble que le sieur Geoffroy de LAGASNERIE s’égare lui aussi dans la simplification, forcément réductrice. Aurait-il oublié que c’est la loi du genre ?

Usons de la méthode, digne d’un COHN BENDIT version 68 (mais a-t-il vraiment changé, ce monsieur, sur cette question de méthode ?) : en appuyant les social-traîtres dans la campagne pour le « oui » à la Constitution européenne, Toni NEGRI s’est objectivement rangé du côté de l’ordre réactionnaire. Et lui, le sieur Geoffroy de LAGASNERIE ?

Heureusement, le sieur Geoffroy de LAGASNERIE conclue son article par : « C'est-à-dire une nouvelle philosophie du désordre, produisant des effets d’émancipation et de libération (…) ». Tout n’est donc pas … définitif.
 

La réponse d’Alain BADIOU (Libération du 14 janvier 2008) est savoureuse de par son ironie caustique : « (…) faire donner la nouvelle extrême gauche, celle qui voit partout dans l’agitation moderne et la technologie du capitalisme contemporain la fontaine de Jouvence de l’intelligence collective, celle qui est antiautoritaire pour deux, celle en somme pour qui le capital donne partout le la de sa propre contestation. (…) Badiou est un homme de l’institution, un installé, un faiseur d’oukases qui méprise la légèreté dionysiaque des innombrables « mouvements » dont notre monde s’enchante. »
 

La réponse du sieur Geoffroy de LAGASNERIE est drôle :

·        dans le genre « je ne vous réponds pas, mais je vous dis 2 mots… »;

·        ou bien « Lui est-il vraiment impossible d’imaginer qu’un jeune chercheur ne s’autorise que de lui-même pour penser et écrire ? » (Libération 18 janvier 2008).

Certes, jeune chercheur Geoffroy de LAGASNERIE, mais pourquoi avez-vous choisi Libération ? Pourquoi Libération accepte-t-il votre article ?

Comme dit le poète, « (…) nous entrerons dans la carrière quand nous aurons cassé la gueule à nos aînés (…) » : encore faut-il assumer le job !

 

Le journaliste et essayiste Patrice BOLLON a bien analysé cette polémique dans son article « Alain BADIOU et les autruches » (Marianne 2 février 2008) :

« On ne se trouve plus dans le jeu normal du débat, mais dans une pure fin de non-recevoir de thèses ou de propositions. Et c’est bien ce que montre cet acharnement envers BADIOU : ce qui lui est dénié, c’est qu’il puisse s’interroger aussi bien sur Israël que sur ce qu’il appelle l’hypothèse communiste. »

« (…) ce dont l’acharnement contre BADIOU est le nom, c’est (…) le refus de penser et, avant cela, de voir tout simplement les dysfonctionnements du monde où nous vivons … »

 

Alexandre Anizy

Les invectives de Rama YADE la conteuse

Publié le par Alexandre Anizy

Dans notre note du 25 juin 2007, nous avons dit notre perplexité devant la biographie au ton misérabiliste de Rama YADE.
C’est une belle histoire …

 
Ah ! Il fallait voir dimanche soir au journal télévisé de France 2 la tête de Rama YADE figée face à la caméra, quasiment sans un regard pour sa voisine néerlandaise Ayaan Hirsi Ali, cherchant la bonne expression faciale pour mettre en valeur son minois, sans dénaturer le propos grave de la femme pourchassée.

 
Devenue Secrétaire d’Etat aux Droits de l’Homme, nous constatons que Rama YADE ne peut exister sur la scène politique qu’en profitant de cas d’expulsion en Seine - St Denis (93) pour vitupérer contre la gauche municipale qui ne ferait rien pour « ses » pauvres immigrés, qu’en soignant sa garde-robe pour rivaliser avec le ministre Rachida DATI dans les magazines pipole, qu’en dénonçant les « charognards » qui s’acharne sur le pauvre Président ubiquiste SARKOZY DE NAGY BOCSA, qu’en soutenant le combat de Ayaan Hirsi Ali qui recherche une nouvelle protection d’Etat.  
On le voit bien : rien que des causes de grand intérêt.

 
Dans une France où les gouvernants se pipolisent, il n’est pas surprenant que l’invective devienne le mode de communication politique des courtisan(e) s.

 

Alexandre Anizy

Ayaan Hirsi Ali : le milliardaire philosophe Bernard Henri LEVY généreux avec l'argent des contribuables

Publié le par Alexandre Anizy

Ayaan Hirsi Ali est néerlandaise, et vous la connaissez.

Cette jeune femme a renié l’islam après les attentas du 11 septembre 2001. Puis, comme elle se battait contre l’excision, elle devint députée du parti libéral. En 2004, elle participait au combat anti-islamique du cinéaste Théo VAN GOGH qui fut assassiné : menacée de mort, les autorités néerlandaises l’exfiltraient aux Etats-Unis.

En 2006, une enquête révélait qu’elle avait menti sur son passé pour obtenir la nationalité néerlandaise : en 1992, lorsqu’elle demanda l’asile aux Pays-Bas, elle ne venait pas directement de Somalie mais du Kenya et de l’Allemagne où elle aurait dû déposer une demande de droit d’asile. De même, son âge, son identité et son mariage forcée seraient faux …

Pour nous, plus que les mots, les actes caractérisent les Hommes.

 
Aujourd’hui, elle n’est plus député et elle vit aux Etats-Unis où elle collabore à un « think tank » proche de George W. BUSH.

En octobre 2007, les autorités néerlandaises lui ont retiré sa protection rapprochée, puisqu’elle ne vit plus dans ce pays.

En décembre 2007, Ayaan Hirsi Ali rencontrait le Garde des Sceaux Rachida DATI : au cours de l’entretien, elle aurait exprimé sa volonté d’obtenir la nationalité française (pour avoir une garde rapprochée publique ?). Depuis octobre 2007, la protection rapprochée est financée par des fonds privés.

 
Fidèle à sa doctrine, le milliardaire philosophe Bernard Henri LEVY, preux chevalier des temps modernes, accourait pour défendre Ayaan Hirsi Ali. Pour lui, bien entendu, « la solution la plus simple et la plus logique est celle d’une protection française ».

Le milliardaire philosophe Bernard Henri LEVY est un homme généreux … avec l’argent des contribuables.
C’est une habitude.
Au temps de guerre yougoslave, le milliardaire philosophe Bernard Henri LEVY prit héroïquement partie en faveur de la Bosnie, en se rendant à Sarajevo grâce aux moyens de transport de l’Etat.

L’engagement, c’est bien. Quand ce sont les autres qui paient, c’est encore mieux.

 

Alexandre Anizy

La maladie de Martin WINCKLER

Publié le par Alexandre Anizy

Martin WINCKLER a connu le succès avec son roman « la maladie de Sachs » (éditions P.O.L. 1998, 474 pages, 130 francs)

 
Pour nous, c’est un mauvais livre pour 3 raisons :

Le parti pris de la construction ;

Le style rêche ;

La longueur du livre.

Pour le lecteur, l’ennui est à proscrire.

C’est un avis très subjectif.

 

Alexandre Anizy

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