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Comment va la Caisse d'Epargne ?

Publié le par Alexandre Anizy

Son ratio fonds propres / prêts et engagements étant sous les 7 %, la Caisse Nationale des Caisses d’Epargne doit d’ici le 31 mars 2008 le rehausser à 8,5 % : c’est une décision de la Commission bancaire. L’inévitable augmentation de capital de 3 Milliards d’euros devrait être bouclée en mars en puisant dans ses caisses.
En effet, la Caisse Nationale peut aller chercher l’intégralité de cette augmentation dans les fonds des Caisses Régionales qui regorgent de capitaux

 
Pourquoi ce ratio est-il devenu insuffisant ?
Quelques événements ont avarié la santé du groupe dirigé par Charles MILHAUD :

  • Déboursement de 7 Milliards d’euros pour sortir la Caisse des Dépôts de son capital, créer Natixis et se rapprocher de Nexity ;
  • Natixis (banque d’affaires) a perdu 50 % environ de sa valeur depuis son introduction en Bourse ;
  • Nexity a aussi perdu 50 % environ de sa valeur depuis son introduction en Bourse ;
  • En 1ère ligne dans la crise américaine des subprimes avec la filiale CIFG : apport immédiat de 500 millions d’euros.

L’année 2008 risque de prolonger ces déconvenues.

 
Charles MILHAUD aurait-il perdu la main ?
L’idée de constituer un pôle immobilier en 2007 en rachetant au prix fort Nexity ne paraît pas être un coup génial : le concept (si concept il y avait) « bankimmo » est aussi utopique que celui de « bancassurance » des années 80 et il ignore le désastre causé parmi les banques japonaises.

On sait que Charles MILHAUD est un ami d’ Alain MINC (il fut aussi son client). (Laurent MAUDUIT, « petits conseils », stock 2007).  Voir  notre  note du 18 avril  2007  "Alain MINC  un parangon du CAC 40".

On sait aussi que pour évincer Xavier HUILLARD de VINCI, Alain MINC avait imaginé le rachat de Nexity (1,6 Milliard d’euros) pour nommer son PDG Alain DININ (et actionnaire à hauteur de 5 %) à la direction générale de VINCI : son rejet par les administrateurs financiers de VINCI fut sans appel (trop cher ! invendable aux marchés !). Mais Alain DININ essaya aussi de vendre uniquement ses parts de Nexity au Conseil d’Administration de VINCI, ce qui provoqua un tollé. Alain DININ est aussi un ami d’Alain MINC.  (Laurent MAUDUIT, « petits conseils », stock 2007)

Au cas où le rachat de Nexity par la Caisse d’Epargne serait le fruit d’un petit conseil, nous espérons qu’il n’aura pas les mêmes effets que, par exemple, la diversification ratée de SAINT GOBAIN dans les années 80.

 
Nicolas BAVEREZ a une vision peu idyllique de la Caisse d’Epargne.

« (…) les régulateurs français gagneraient à se pencher sur le sinistre annoncé des Caisses d’Epargne, qui présentent nombre de traits communs avec le Crédit Lyonnais de l’ère HABERER : une gouvernance réduite à la cooptation autour d’un dirigeant charismatique ; un système de contrôle des risques lacunaire ; des fonds propres fortement réduits par une croissance externe à marche forcée ; une stratégie de développement agressive axée sur l’industrie financière – Natixis – et surtout la constitution d’un pôle immobilier – à travers le rachat au plus haut de Nexity et de Meilleurtaux.com. Avec les avatars de leur rehausseur de crédit aux Etats-Unis, les Caisses baignent dans les 2 secteurs les plus touchés par la crise. » (le Point 31 janvier 2008)

Comment va la Caisse d’Epargne ? Pas terrible.

 
Alexandre Anizy

Crise : où en sont les pertes ?

Publié le par Alexandre Anizy

En plein scandale de la Société Générale qui prétendait en octobre avoir les choses sous contrôle et n’être délestée que de 500 millions, et qui va inscrire plus de 2 Milliards à son bilan 2007, le moment est opportun de faire le point.
 

Le montant total des subprimes s’élève à 1.200 Milliards de dollars.
 

Un résumé de la crise des subprimes par Claude BéBéAR, Président du Conseil de Surveillance d’ AXA qu’on présente parfois comme le « pape du capitalisme français », dans son intervention du 17 octobre 2007, cité par Marianne 26 janvier 2008 (savourons le ton ironique) :

« Je trouve que la crise des subprimes frise l’escroquerie. Qu’est-ce, en effet, qu’une subprime ? Un agent, généralement une banque, prête de l’argent sur 30 ou 40 ans à un malheureux client inconscient des risques qu’il prend. (…) Il souscrit et, comme il s’est endetté au maximum de ses possibilités, il ne pourra pas payer si les taux augmentent. Le prêteur cherche alors un gogo suffisamment stupide pour reprendre ce produit trop risqué. Aucune chance de le trouver sur les marchés ! L’agent s’adresse alors à un mathématicien, généralement français, qui va bâtir un produit dit « structuré »… dans lequel une chatte ne retrouverait pas ses petits. Après cette astucieuse construction, on demande à une agence de rating de donner une notation à ce produit. Ladite agence emploie des jeunes gens très sympathiques, parfois même intelligents, mais qui souvent, ne comprennent rien au « produit structuré » qu’on leur offre (je caricature à peine). Ceux-ci notent d’un triple A ou un double A qui va permettre de vendre le produit. On peut le refiler directement au consommateur de base, qui ne comprend pas grand-chose, mais la chose la plus étonnante, c’est qu’on le vend aussi à des institutions comme AXA, par exemple. Nous avons chez nous des gens qui les achètent, peu, j’espère ! D’abord parce qu’ils sont payés pour ça à la commission (il faut donc qu’ils fassent des affaires). Ensuite ils se fient aux avis des sociétés de rating (« rating AAA, rating AA… c’est excellent, je prends ! »). Ils sont jeunes, ça leur passera, ils feront autre chose et d’autres jeunes gens les remplaceront et feront les mêmes erreurs. C’est comme ça que le système fonctionne. Au départ, on a une opération légale mais à la limite de l’honnêteté. On répartit ensuite les risques sur tout le marché. On évite donc le risque systémique, ce n’est pas l’émetteur qui fera faillite, mais le malheureux qui se situe au bout de la chaîne. (…) Chose admirable ! »


Connaissant les statistiques sur les défauts de paiement des ménages en général et sur les crédits immobiliers en particulier, l’agence Standard & Poor’s a chiffré le coût de la crise pour le secteur financier mondial à 265 Milliards de dollars.
 

Au 25 janvier 2008, nous en étions à 130 Milliards :

24,5 pour Merril Lynch
22,1 pour Citigroup
14,4 pour UBS
10,7 pour HSBC
9,4 pour Morgan Stanley
7,9 pour Bank of America
6,5 pour Washington Mutual
4,9 pour Crédit Agricole
4,7 pour Wachovia
3,2 pour JP Morgan Chase
3,2 pour Canadian Imperial Bank of Commerce
2,7 pour Barclays
2,6 pour Bear Stearns
2,5 pour Royal Bank of Scotland
2,3 pour Deutsche Bank
2,0 pour Société Générale
1,7 pour Wells Fargo
1,5 pour Lehman Brothers
1,5 pour Mizuho Financial Japon
1,4 pour National City
1,0 pour Crédit Suisse
0,9 pour Nomura Holding Japon

 
Aux suivants !

 
Un exemple de la contamination : le laboratoire Bristol Myers vient de passer une charge comptable de 275 millions de dollars pour enregistrer la perte de valeur d’obligations adossées à des créances immobilières.
 

De plus, les rehausseurs de crédit comme MBIA, Ambac, SCA ou FGIC, ont assuré 2.400 Milliards de dollars d’obligations de qualité médiocre. Comme les défauts de paiement des emprunteurs augmentent, ces assureurs sont touchés, si bien qu’ils pourraient perdre leur notation AAA, ce qui déclencherait une nouvelle vague de charges comptables dans les banques qui ont des titres imprudemment garantis.

Les autorités américaines planchent sur le sujet : comment sauver les rehausseurs de crédit ?

 

Alexandre Anizy

Société Générale : le doute des praticiens

Publié le par Alexandre Anizy

Qu’est-ce qui cloche dans les explications fournies par la Société Générale ? La partie présentée comme régulière des activités du trader Jérôme KERVIEL pour compte propre de la banque.

 

Pour échapper aux contrôles, le trader KERVIEL procédait à des arbitrages entre 2 portefeuilles dont l’un était fictif.
Le portefeuille REEL contenait des opérations sur des « futures », avec son lot de contrôles quotidiens et d’appels de marge vérifiés, réglés ou reçus par la SG.
La position REEL était compensée par des opérations fictives inscrites dans le portefeuille FICTIF du trader : le niveau de risque était quasiment à zéro.
La question des praticiens est la suivante : que le portefeuille REEL reste plusieurs semaines avec une exposition de 50 Milliards semble invraisemblable. On paie ou on reçoit des appels de marge sur des positions énormes sans broncher ?

 
Chaque contrat de « futures » sur indices boursiers (comme ceux du trader KERVIEL) implique un dépôt, et chaque soir en fin de séance, les positions sont examinées par la chambre de compensation qui procèdent aux appels de marge : on aurait rien vu ?
Ni la SG, ni chez le courtier compensateur des contrats, ni le marché Eurex et sa chambre de compensation Eurex Clearing.

Concernant Eurex : elle avait prévenu la SG en novembre 2007 des positions du trader KERVIEL, qui aurait alors produit un faux pour attester de la couverture du risque.

 
La SG a d’abord présenté Jérôme KERVIEL comme un trader de seconde zone. Puis on a appris qu’il avait reçu une promesse de bonus de 300.000 € sur 2007 : à ce niveau, on n’est plus un modeste trader, sans être encore un cador.

 
 

Pour résumer le rapport concocté par les gens de Bercy et remis lundi 4 février par l’incompétent ministre LAGARDE au Premier Ministre FILLON, nous dirons :

  • Les procédures de contrôle ont fonctionné ;
  • mais elles n’ont pas eu le suivi qu’elles exigeaient (autrement dit, des hommes n’ont pas fait leurs boulots) ;

Améliorations suggérées :

  • Muraille de Chine entre le « front office » (les traders) et le « back office » (les soutiers, i.e. ceux qui enregistrent, contrôlent le travail des traders) ;
  • Protection accrue des codes d’accès ;
  • Contrôle de la valeur nominale des transactions (et non plus seulement le solde net) ;
  • Suivi des flux de trésorerie ;
  • Surveillance des comportements atypiques (comme l’absence de vacances d’un trader).

 

Donc la Société Générale est extraordinaire car en un week-end elle a :

  • Démasquer et « livrer » le trader voyou Jérôme KERVIEL ;
  • Virer ses supérieurs hiérarchiques directs qui n’ont pas « suivi les procédures qui ont fonctionné ».

On doit alors considérer que les cadres dirigeants, comme par exemple Daniel BOUTON ou bien Jean-Pierre MUSTIER, ne pouvaient pas savoir.

 

POURTANT, les salariés savaient que les techniques utilisées étaient obsolètes ! A notre connaissance, le rapport de Bercy ne dit rien sur ce sujet …

« Le back et le middle office, c’est la partie faible de la cuirasse de la SG. Nos managers ont beau être des cracks, nous sommes totalement noyés sous les volumes de transaction que nous devons traiter » (salarié cité par Marianne 2 février 2008)

Les 3 failles de la SG pointées :

  • Un back office régulièrement en sous-effectif ;
  • Un système informatique, baptisé Eliot, poussif ;
  • Un département « contrôle des risques » dépassé.

 

Notons que sur ces 3 failles, la responsabilité des cadres dirigeants est engagée. Prenons par exemple Eliot, le système informatique.

  • Il a été conçu en 1992 : depuis ce temps, le volume des transactions a été multiplié par 100 ;
  • En 2004, Daniel BOUTON décidait d’agir : au lieu d’acheter un progiciel de contrôle (comme celui de la société Murex qui équipe la BNP, ce qui veut dire qu’il est 100 % opérationnel à cette date), il privilégie ses troupes en choisissant la création d’un système maison (en 3 ans et pour 50 millions €) … le projet a pris du retard, le budget a explosé, et des sous-programmes d’Eliot tournent encore (le responsable du projet a été viré … et recruté par BNP) ;
  • « lorsque l’activité de la salle des marchés est trop intense, les ordinateurs ne digèrent plus les volumes des transactions. Tout le monde doit alors lever le pied. » (Marianne 2 février 2008)

Ahurissant, n’est-ce pas ?

 
Et dire que le trading de la Société Générale était réputé comme l’un des meilleurs du monde.

 
Alexandre Anizy

Société Générale : l'écoeurement du professeur DESSERTINE

Publié le par Alexandre Anizy

Tous les professeurs à l’Université ne montent pas en ligne pour défendre en filigrane des membres de l’establishment bancaire français. Certains, comme Philippe DESSERTINE, campent sur des positions hostiles en se fondant sur des faits et des principes moraux.

« Ecoeurement. Tel est le qualificatif (et faible encore) qui vient à l’esprit à propos de cette affaire [Société Générale] (…). » (Figaro 28 janvier 2008)

 
Philippe DESSERTINE (Directeur de l’Institut de Haute Finance ; professeur à l’université Paris X) pose un postulat :

admettons que toutes les pertes annoncées n’ont rien à voir avec la crise des subprime ;

admettons que la Société Générale ne soit pas surexposée dans cette crise, contrairement à la rumeur qui circule depuis des semaines sur les marchés, ce qui expliquerait la chute du cours en Bourse d’environ 50 % dont environ 13 % le lundi noir ;

admettons que l’augmentation de capital rendue nécessaire ait été préparée depuis plusieurs mois et que le hasard ne fait que sauver la face opportunément ;

admettons que le gouverneur de la Banque de France et que Bercy soient convaincus de tout cela … sinon :

« Parce que si l’on n’admettait pas toutes ces hypothèses, nous ne parlerions plus d’un scandale mais d’une affaire d’Etat. » (Figaro 28 janvier 2008)

 

Donc on aurait un jeune homme de 31 ans qui serait un génie de l’informatique (sans aucune formation ad hoc), et qui aurait réalisé des opérations frauduleuses pour un montant de 50 Milliards d’euros qui se seraient soldées par une perte de 4,9 Milliards € en ne travaillant que sur des produits classiques (les futures) :

« Qui peut croire une chose pareille ! » « Mais alors dans ce cas, la Société Générale est vraiment déconsidérée à un degré inconcevable, et toute son équipe dirigeante doit démissionner dans l’heure ! » (Figaro 28 janvier 2008, idem)

 

Il faut rappeler ici que tout le système bancaire français, en faisant pression sur Jacques CHIRAC, a obtenu une dérogation pour une règle acceptée par toute l’Europe :

« Cette norme, appelée IAS 39, avait justement pour objet d’éviter une catastrophe du type de celle qui se produit aujourd’hui. Elle obligeait les banques à informer au quotidien et en fonction des évolutions du marché de la réalité de leurs positions. » (Figaro 28 janvier 2008, ibidem)

Motif invoqué pour demander cette dérogation : le coût trop élevé de sa mise en œuvre !

Aujourd’hui, nous dit Philippe DESSERTINE, on a une ardoise de 7 Milliards € et le démantèlement probable de la Société Générale reconnue comme un grand spécialiste mondial de produits financiers complexes …

 
Pour conclure, Philippe DESSERTINE se lâche :

« Alors il faut le proclamer dans ce climat délétère : honte à ceux qui érigent le secret en modèle de gestion ! Honte à ceux qui camouflent leurs pertes tant et plus, honte à la désinformation qui domine dans les médias de l’Hexagone quant à la réalité de la crise actuelle ! Qui sont les experts convoqués (…) ? Des chefs économistes de banques, qui, par la nature de leurs fonctions, se doivent d’être optimistes. (…) ce sont leurs déclarations lénifiantes depuis le mois d’août 2007 qui empêchent le pays de se préparer à la réalité qui l’attend. » (Figaro 28 janvier 2008, ibid.)

L’écoeurement nous gagne aussi.

 
Alexandre Anizy

4 Professeurs à l'Université au secours de la Société Générale : une guerre de Bouton ?

Publié le par Alexandre Anizy

Dans le Figaro du 30 janvier, 4 éminents Professeurs d’Université volaient au secours d’une banque ridiculisée avec un article titré « Société Générale : ne nous trompons pas de cible ! ».

L’intention était louable, avec des propositions sérieuses.

 
D’abord, ils rappelaient que l’affaire de la Société Générale ne représentait qu’un scandale financier de 7 Milliards d’euros, quand les spéculations folles de LCTM (Long Term Capital Management) avaient coûté plus de 100 Milliards de dollars en 1998. C’est vrai.

Ensuite, ils affirmaient que les clients de la Société Générale n’étaient pas menacés. « (…) les banques françaises en général, dont la Société Générale, sont des banques parmi les plus solides de la planète. » C’est vrai. En tout cas, avant la crise des subprime et les agissements d’un trader voyou livré à la vindicte populaire par son employeur honorable.

De plus, ils pointaient un risque zéro qui n’existe pas, même avec la sophistication de l’informatique et la complexité de la finance moderne. C’est vrai.

Enfin ils soulignaient que surtout « (…) il convient de s’inquiéter des 2 Milliards d’euros de pertes annoncées sur le marché des subprime (alors que les estimations précédentes étaient de 500 millions d’euros). (…). Nous assistons, en effet, aujourd’hui à l’enclenchement d’une crise bancaire qui va bien au-delà du marché hypothécaire américain et qu’il est urgent d’enrayer. Car sinon, c’est une très grave crise économique qui pourrait éclater. » C’est absolument vrai.

 
Mais quand ils enchaînaient aussitôt sur :

  • Pas de victimes expiatoires (mais acceptent-t-ils le bouc émissaire Jérôme KERVIEL ?) : Daniel BOUTON est bien placé pour gérer la crise ;
  • Pas de nouvelles réglementations réclamées à cor et à cri ;

Nous sommes déjà moins convaincus de la pertinence de ce genre de propos.

 
Quand ils demandaient qu’au niveau microéconomique :

  • On veille à ce que la Société Générale ne soit pas rachetée à vil prix ;
  • On renforce le contrôle interne de toutes les banques de la planète ;

Nous constatons que leur appel microéconomique a aussi les allures d’un film dont le titre serait « il faut sauver le Maréchal BOUTON » et d’une vaine exhortation, comme les réclamations à cor et à cri …

 
Quand ils proposaient pour le niveau mésoéconomique :

Une augmentation des fonds propres de toutes les banques pour enrayer la crise de confiance ;

Un examen des modes de régulation des acteurs de la globalisation financière ;

Force est de constater qu’ils doivent songer à de nouvelles réglementations, à moins qu’ils ne croient aux opérations du Saint Esprit … ou à la main invisible pour mettre en œuvre ces 2 propositions.

 
Quand enfin, au niveau macroéconomique, ils invitaient à « (…) réfléchir au rôle que jouent les autorités de contrôle bancaires et les banques centrales et aux limites que présentent certaines réglementations comptables (IFRS) ou prudentielles (Bâle II) », nous applaudissons des 2 mains.

 
Alors, où est le gag ?

Cet article, fort intéressant sur le fond, qui vise à améliorer le fonctionnement de la sphère financière notamment par le biais d’un meilleur gouvernement d’entreprise et d’une transparence accrue, est signé par des « Professeurs à l’Université ».

Ce qui est vrai, mais :

  • Olivier PASTRé est aussi banquier depuis plus de 20 ans ;
  • Patrick ARTUS est aussi directeur des études économiques de Natixis (banque d’affaires) ;
  • Bertrand JACQUILLAT est aussi co-fondateur et Président Directeur Général d’Associés en Finance, société de conseil en économie financière, administrateur de sociétés comme Total, Klépierre, Presse Universitaire de France ;
  • Jean-Hervé LORENZI est aussi conseiller du directoire de La Compagnie financière Edmond de Rothschild.

 
Décidément, pour la transparence, le monde de la Finance a d’énormes progrès à faire.

 
Alexandre Anizy

Ce que cache la pseudo démission de Daniel BOUTON

Publié le par Alexandre Anizy

Comme vous le savez, il paraît que le Président de la Société Générale Daniel BOUTON a remis sa démission au Conseil d’Administration, mais ni vous, ni nous, n’avons vu une copie de cette « démission ».

Quelles questions pouvons-nous alors poser ?
 

Sommes-nous en esclavage ?

Il nous semble que la France est un Etat de Droit où, par exemple, les personnes morales (comme la Société Générale) établit des relations contractuelles avec des personnes physiques (comme Daniel BOUTON, ses salariés). Dans ce cadre-là, si une démission en bonne et due forme est remise, elle ne peut pas être refusée, car sinon, cela signifierait qu’une personne morale peut contraindre une personne physique à travailler pour elle contre son gré : cette situation s’appelle de l’esclavage.

Comme la Société Générale respecte le droit et qu’elle n’a jamais fait l’apologie de l’esclavagisme à notre connaissance, il faut en déduire que son Conseil d’Administration a refusé une proposition de démission de la part de Daniel BOUTON.  

Aux Etats-Unis, le Président placé dans la situation de Daniel BOUTON aurait démissionné ou aurait été viré de suite par le Conseil d’Administration ; au Japon, le Président aurait démissionné et se serait flagellé moralement en public voire imposé un hara-kiri (pour les cas les plus imprégnés d’absolu) ; en Chine, le Président, étant aussi membre de la Direction du PC chinois, aurait été démis sur le champ de ses fonctions et exécuté dans les plus brefs délais pour exonérer le Parti, en vertu de la justice expéditive, que Marie-Ségolène ROYAL la madone Déate trouve efficace, qui sévit dans l’Empire du Milieu ; en France, le Président Daniel BOUTON a sans doute proposé sa démission, ce qui n’est pas du tout la même chose.

Ce que pense Jacques ATTALI de « l’affaire SG » ? « (…) un trader trop audacieux, un patron protégé par un conseil d’administration où certains sont suspectés de délits d’initiés (…). (…). Elle [la crise ouverte par l’affaire de la Générale] jette l’opprobre sur un système capitaliste où les patrons sont rémunérés de façon exorbitante, sous prétexte des risques qu’ils courent, et qui s’accrochent à leurs fauteuils malgré des erreurs pour lesquelles ils auraient licencié en dix minutes n’importe lequel de leurs subordonnés. » (Express 31 janvier 2008)

Bien dit, monsieur ATTALI.

 

Pourquoi le Conseil d’ Administration de la Société Générale a-t-il refusé ce qu’il faut appeler la proposition de démission de Daniel BOUTON ?

Si le conseil avait accepté cette proposition, il lui aurait fallu nommer sur le champ un nouveau Président pour gérer la crise. Comme il ne l’a pas fait, nous pouvons avancer quelques hypothèses :

  • Aucun administrateur ne se sentait à la hauteur d’une telle situation ;
  • Aucun administrateur ne pouvait se libérer immédiatement de ses autres obligations ;
  • Aucun administrateur n’avait la compétence et l’expérience de banquier pour être adoubé par ses pairs comme par l’ensemble de la communauté financière.   

D’autres hypothèses sont sans doute plausibles.

Mais ces 3 hypothèses formulées ne sont peut-être pas dues au hasard : dans le « capitalisme des copains » qui règne en France, le Président a le Conseil d’ Administration qu’il mérite et qui lui sied. La Société Générale ne doit pas faire exception à cette loi d’airain. 

 

Le Conseil d’ Administration de la Société Générale pratique-t-il la bonne gouvernance ?

Dans une banque de cette envergure, le conseil d’administration doit mettre en place un dispositif : un collège alternatif au Président, capable de se substituer à lui en cas de pépin (et pas seulement boursier).
Les grandes banques américaines se sont dotées de ce dispositif.

La Société Générale a failli à son obligation de bonne gouvernance.

Quant à Daniel BOUTON, il aurait commis une sorte de péché, puisqu’il est l’auteur du fameux rapport « Pour un meilleur gouvernement des entreprises cotées ».

Un bel exemple du « Faites ce que je dis, etc. ».

 

Alexandre Anizy

Philip LE ROY n'a pas dit son dernier mot

Publié le par Alexandre Anizy

Philip LE ROY est né à Toulouse en 1962 : il a été scénariste dans la publicité et le cinéma. C’est un auteur ambitieux (ou son éditeur ?) car il vise le marché américain, ce que nous déduisons de l’orthographe de son prénom.

 
En tout cas, « le dernier testament » (point n°1477, mai 2006, 615 pages) est un bon boulot: une intrigue foisonnante avec rebondissements permanents.
Un héros empreint de culture japonaise (zen, arts martiaux) bosse pour le FBI dans une lutte contre la secte la plus puissante (le Vatican).

 
Pour l’été, à la plage ou dans un hamac, ou bien l’hiver, près de la cheminée où un feu crépite.

 
Alexandre Anizy

L'Europe à la mode HAYEK est une économie communiste de marché

Publié le par Alexandre Anizy

Nous avons vu hier avec Alain SUPIOT que la Cour de Justice Européenne apportait sa contribution à l’esprit anti-social des dirigeants politiques européens et nous plaçait elle aussi sur « la route de la servitude » (titre d’un livre fameux mais médiocre de Friedrich HAYEK) 

 
« Le blocage progressif de tous les mécanismes politiques et sociaux susceptibles de métaboliser les ressources de la violence sociale ne pourra bien sûr engendrer à terme que de la violence, mais ce sont les Etats membres et non les institutions communautaires qui devront y faire face. » (Alain SUPIOT, le Monde 25 janvier 2008)

Ainsi subrepticement, nous entrons dans la « démocratie limitée » chère au fondamentaliste libéral HAYEK, où la répartition du travail et des richesses, la monnaie, sont hors de portée des décisions politiques : une sélection naturelle s’opérera entre les différentes règles et pratiques sociales des Etats à travers leur mise en concurrence.

 
La conversion de la Chine à l’économie de marché est interprétée en Occident comme une victoire de leur modèle. Les Chinois quant à eux préfèrent employer un concept baroque, l’économie communiste de marché, qui donne un éclairage blafard à la globalisation.

Que recouvre-t-il ?
« Edifié sur la base de ce que le capitalisme et le communisme avaient en commun (l’économisme et l’universalisme abstrait), ce système hybride emprunte au marché la compétition de tous contre tous, le libre échange et la maximisation des utilités individuelles, et au communisme la « démocratie limitée », l’instrumentalisation et la déconnection totale du sort des dirigeants et des dirigés. Il offre aux classes dirigeantes la possibilité de s’enrichir de façon colossale (ce que ne permettait pas le communisme) tout en se désolidarisant du sort des classes moyennes et populaires (ce que ne permettait pas la démocratie politique ou sociale des Etats providence). » (Alain SUPIOT, idem)

C’est une sécession des élites (expression de Christopher LASH), dont l’objectif avoué en France est de « défaire méthodiquement le programme du Conseil National de la Résistance, parce qu’il est incompatible avec l’économie communiste de marché.

 
Alexandre Anizy

Sur la route de la servitude avec la Cour de Justice Européenne

Publié le par Alexandre Anizy

Alain SUPIOT, que d’aucuns présentent comme l'un des auteurs les plus importants du droit du travail français, a écrit récemment un article important dans un journal vespéral :

« Par deux arrêts, capitaux pour le devenir de « l’Europe sociale », elle [la Cour de Justice Européenne] vient de trancher la question de savoir si les syndicats ont le droit d’agir contre des entreprises qui utilisent les libertés économiques garanties par le traité de Rome pour abaisser les salaires ou les conditions de travail. »

 

L’arrêt Laval interdit aux syndicats toute action collective pour obtenir l’égalité de traitement entre les salariés expatriés et les salariés de l’Etat où ils travaillent réellement, parce que c’est une entrave à la libre prestation de services.

Dit autrement : le plombier polonais payés au barème polonais bosseront en toute légalité européenne.

Quand la fameuse Directive BOLKENSTEIN se fait jeter par la porte du Parlement européen, elle revient par la fenêtre de la Cour de Justice.

 

L’arrêt Viking dit que le recours à des pavillons de complaisance procède de la liberté d’établissement garantie par le droit communautaire.


Si la Cour reconnaît que le droit de grève fait « partie intégrante des principes généraux du droit communautaire », elle interdit de s’en servir pour contraindre les entreprises du pays A qui agissent dans un pays B à respecter toutes les obligations sociales du pays B.

Sauf « raison impérieuse d’intérêt général ». Qui les définit ? La Cour de Justice Européenne s’octroie ce privilège.


De même, cette Cour de Justice Européenne s’est affirmée elle-même compétente pour traiter d’affaires sociales liées au droit de grève, alors que le droit de grève est explicitement exclu du champ des compétences sociales communautaires.

Mais dans ce cas sensible (vous comprenez bien l’enjeu politique), la lettre des traités n’est pas un obstacle pour les euro juristes suprêmes.

Le député DUPONT-AIGNAN n’a-t-il pas dit autre chose à l’Assemblée : « La Cour de justice européenne va devenir le juge suprême des droits et libertés. Que diront les Français quand, au nom de la liberté religieuse, cette instance non élue condamnera la loi sur le voile, imposera la reconnaissance de l’Eglise de Scientologie, contraindra le gouvernement à abroger la loi de 1905 sur la laïcité ou à reconnaître un « peuple corse » ? ».

 
La dérive anti-sociale de l’Europe est aussi concrétisée par les verrous posés par des euro juristes irresponsables (dans l’exercice de leur fonction).

Nous sommes sur la route de la servitude.

 
Alexandre Anizy

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