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La crise des années 30 est devant nous selon François LENGLET (I)

Publié le par Alexandre Anizy

En avril 2007, François LENGLET, directeur de la rédaction d’Enjeux-les Echos, publiait « la crise des années 30 est devant nous » (Perrin, 236 pages, 17,50 €).

Dans son introduction, 4 mois avant le déclenchement de la crise, il s’interrogeait : « Aujourd’hui, la crise financière n’est pas encore là. (…) Mais les déséquilibres persistants (…). En 2007 ? Sur l’immobilier ? » (p.15) Il considérait les secousses de mars 2007 comme les premiers craquements financiers, car « la crise est possible sur des marchés financiers largement déréglementés où le prix des actifs a atteint un niveau sans précédent » (p.23). Juillet 2007 confirma le bien-fondé de cette prémonition. Mais François LENGLET veut aussi démontrer que nous allons connaître une crise semblable à celle des années 30 : nous allons présenter son analyse, notamment dans les 3 premiers chapitres.

 
Tout d’abord, il affirme que Francis FUKUYAMA a vu juste dès son article de 1989, qu’il développera dans son livre désormais fameux « la Fin de l’histoire et le dernier homme », quand il observa que « la création d’une culture universelle de la consommation fondée sur les principes économiques du libéralisme, aussi bien pour le tiers monde que pour l’Ancien et le Nouveau» (cité p.28) Avec l’effondrement du Mur de Berlin, le monde rentre dans une phase intensive de la mondialisation, 20 ans après le départ de l’onde libérale.

En 1987, Jacques DELORS plaçait l’Europe sur ce chemin avec la ratification de l’Acte unique qui vise à construire « un espace de libre circulation pour les marchandises, les capitaux et les hommes » (p.30)    

En France, ce sont les socialistes qui vont déréglementer le secteur bancaire, notamment sous Pierre BéRéGOVOY (ministre de l’économie), etc.

Les années 90 sont un peu la réplique des années 20 : « De 1924 à octobre 1929, le Dow Jones, indice des valeurs new-yorkaises, voit son cours progresser de 400 %. Entre 1994 et 2000, il passe de 4.000 points à près de 12.000 points. » (p.31)

Sur une longue période, les indices boursiers suivent grosso modo la croissance économique : le PER (price earning ratio ; rapport entre le cours boursier et le bénéfice d’une entreprise) est constant selon l’économiste Robert J. SCHILLER. 

« Le XXème siècle se caractérise par 2 déformations spectaculaires, l’une dans les années 20, l’autre 70 ans plus tard : les 2 « bulles spéculatives » du siècle. » (p.32)

Le 14 septembre 2006, l’hebdomadaire the economist affirmait que la masse de dollars en circulation progressait maintenant de 18 % par an, soit un rythme jamais observé, ce qui avait alimenté l’envolée du prix de certains actifs, notamment l’immobilier (sur ce point, lire aussi l’analyse de Patrick ARTUS dans nos notes économiques titrées « les archaïques des Banques Centrales »).

 
Alexandre Anizy

A propos de Milorad PAVIC

Publié le par Alexandre Anizy

Il y a des textes littéraires, quand ce n’est pas l’ensemble de l’œuvre d’un auteur, dans lesquels vous n’arrivez pas à pénétrer : le style, la structure de l’ouvrage, la psychologie des personnages, etc., ne vous touchent pas et même parfois vous révulsent. Vous êtes étrangers au monde dépeint, hors d’une citadelle hermétique.

Vous connaissez cette sensation.

Par exemple, Marcel PROUST et sa recherche du temps perdu nous échappèrent longtemps. Mais le 3ème essai fut le bon.

 
« Le dictionnaire khazar » de Milorad PAVIC, que d’aucuns considèrent comme un chef d’œuvre, fait partie de ces forteresses imprenables, à ce jour. Ce n’est pas faute d’avoir essayé à 2 reprises.

 
Par contre, « les chevaux de Saint-Marc » (Belfond, 1995, 150 p., 98 FRF) nous emportèrent sans difficulté : on se souvient du voyage plaisant, mais pas de la destination.

 
Alexandre Anizy

EDF et British Energy : Pierre GADONNEIX est-il bon ?

Publié le par Alexandre Anizy

Suite à notre note du 7 juin 2008, nous devons constater que Pierre GADONNEIX, le PDG d’EDF, persiste dans sa fuite anglaise : il valorisait British Energy à 765 pence par action, soit environ 15,5 Milliards d’euros (2 Milliards au-dessus de sa proposition initiale), alors que le titre BE s’échangeait à 572 pence il y a quelques mois (soit une valorisation supérieure de 33,74 % à la valeur boursière du début de l’opération).

 
Rappelons maintenant les choses suivantes :

  • Il n’y a pas d’autres acheteurs ;
  • Les réacteurs nucléaires de BE sont obsolètes et doivent être démantelées, voire sarcophagées.

Pierre GADONNEIX semble convaincu qu’il raflera la mise dans le cas d’une relance du nucléaire britannique grâce à British Energy : a-t-il obtenu une garantie écrite de l’Etat britannique ? (ne jamais oublier que les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent)

Sans doute sûr d’avoir bien appâté le Français, le Conseil d’Administration de British Energy a refusé l’offre exceptionnelle, qu’il juge insuffisante. C’est ce qui s’appelle faire monter les enchères.
Pierre GADONNEIX a annulé in extremis le lancement de l’OPA (il n’aurait pas reçu un mandat de son conseil d’administration qui lui permette d’augmenter à nouveau son offre). Néanmoins, il a pris soin de dire que le contact était maintenu, malgré ce camouflet. Autrement dit, les négociations se poursuivent.

 
Les Anglais réussiront-ils à faire encore cracher au bassinet le Français ? Pour l’instant, cela semble bien parti.
 

EDF a les moyens financiers de ses ambitions et a déjà demandé à l’Etat français l’autorisation d’augmenter ses tarifs de 3 % : les consommateurs français paieront toujours la note.

Comme pour France Télécom.

 
Alexandre Anizy

A bas le futur Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM) (II)

Publié le par Alexandre Anizy

Suite à notre note du 31 juillet 2008 portant le même titre, nous soulignons ici nos points de convergence avec l’article du magistrat Daniel LUDET (ancien conseiller pour la justice au cabinet du Premier Ministre – 1997 / 2002 -, rien de moins), qui ne soumet aucune proposition (Libération 7 août 2008), ce qui n’est pas notre cas.

En affirmant que le Droit dépend du politique, le juriste Carl SCHMITT se bornait à intégrer la réalité sociale dans sa théorie.

C’est ce que rappelle Daniel LUDET, à sa manière bien entendu, dans son introduction qu’il termine par : « Aussi, la maîtrise de la carrière des magistrats a toujours représenté un enjeu essentiel pour les gouvernants. » (Idem)

Depuis sa création sous la IVème République, « l’histoire du CSM est, largement, celle d’une désillusion. » (Ibidem) Et après la loi constitutionnelle qui le modifiera, « le Conseil Supérieur de la Magistrature remanié n’est annonciateur, sur l’essentiel, d’aucun progrès » (Ibid.).

Etant de la « maison », Daniel LUDET est bien placé pour expliquer qu’ « aux influences en provenance du pouvoir, qui savent trouver leurs interprètes au sein du CSM, se sont ajoutées celles de clans ou de réseaux d’obédiences diverses. » (Ibid.) (Les initiés auront compris le message.) Et le prochain changement ne résout rien puisqu’il « sera difficile d’éviter, malgré la qualité des hommes, les phénomènes de cour et le clientélisme attachés à la hiérarchie judiciaire de notre pays. » (Ibid.)

Daniel LUDET conclue par un trait d’esprit en parlant d’un futur « conseil inférieur de la magistrature ».

 
Mais parce qu’il fut Conseiller sous l’ère de Lionel JOSPIN (voir ci-dessus), nous ne sommes pas surpris de constater que Daniel LUDET n’avance aucune proposition : son article est un acte d’opposition formelle, comme sait si bien la mettre en scène l’oligarchie.

 
Alexandre Anizy

A fond de cale avec Vladimir ARSENIJEVIC

Publié le par Alexandre Anizy

Belgrade en 1991, au temps de la guerre : une jeunesse en suspension dans un monde sans avenir. 
Avec « à fond de cale » (Plon, 1996, 150 pages, 98 FRF), Vladimir ARSENIJEVIC nous offre une vision tragique, avec l’humour et la démesure des Balkans.

« Je me croyais capable de résister à l’émotion et, pourtant, je faillis fondre en larmes quand je sentis son moignon me tapoter l’épaule. Ce moignon, il aurait su quoi en faire si on avait pu lui donner la chance de redevenir un bras.» (p.81)

Un autre talent à découvrir.

Alexandre Anizy

Le jardinier de Sarajevo de Miljenko JERGOVIC

Publié le par Alexandre Anizy

Croate né à Sarajevo en 1966, Miljenko JERGOVIC nous raconte Sarajevo pendant la guerre (la dernière !) à travers de courtes nouvelles.
Le quotidien d’une ville sous les obus et les tirs de « snipers ».
Mais « le jardinier de Sarajevo » (Nil éditions 1995, 180 p., 97 FRF) n’est pas larmoyant.

 « Les gens meurent avec pathétisme, ils veulent que les autres se sentent coupables. Palach s’est arrosé d’essence et immolé par le feu tandis que d’aucuns, à 80 ans, s’acharnent encore à respirer ; (…). A la fin, il se trouve bien sûr un play-boy, adepte de la dolce vita, pour affirmer que le suicide est la seule question philosophique. » (p.105)

Un talent à découvrir.

 
Alexandre Anizy

SOLJENITSYNE : mort d'un homme révolté

Publié le par Alexandre Anizy

Le grand écrivain russe SOLJENITSYNE est mort.

Nous nous souvenons.

C’était au début des années 1970 : la lecture de «une journée d’Ivan Denissovitch » nous vaccinait (mais était-ce vraiment nécessaire ?) contre les mirages du marxisme-léninisme.

SOLJENITSYNE nous paraissait rejoindre à sa manière les révolutionnaires anti-tsaristes de la fin du XIXème, ceux dont parle Albert CAMUS dans son livre « l’homme révolté ».

 

Puis « l’archipel du goulag » sortait, et l’artiste triomphait de la barbarie. Nous nous souvenons d’une émission télévisée où Max-Pol FOUCHET (?) contestait la qualité littéraire de ce livre, des « vieux nouveaux philosophes » qui aboyaient déjà contre la Russie …

 

Après vinrent les honneurs, l’exil, le travail opiniâtre sur le malheur russe, un retour aux sources qui ressemblait par certains côtés à une dérive réactionnaire …

 

Ce que nous retenons avec SOLJENITSYNE, selon la formule de Jean-Paul SARTRE : on a toujours raison de se révolter.

 

Alexandre Anizy

 

 

Richard MILLET vend des mauvaises graines

Publié le par Alexandre Anizy

Richard MILLET est un membre influent du Comité de lecture de Gallimard, qui le publie : d’aucuns ont l’élégance de ne pas s’autoéditer, mais c’est une valeur désuète dans le milieu germanopratin. Bien entendu, c’est ce genre d’individu qui sans vergogne donne des leçons de littérature : s’étant érigé en censeur de la mauvaise, il n’a pas encore compris que ce n’est pas forcément avec des mauvais sentiments qu’on produit de la bonne.

Toujours est-il que nous décidâmes de lire la prose de ce monsieur : pourquoi pas « dévorations » (Gallimard 2006, 220 pages, 16,50 €) ?

« Il avait écrit une trentaine de livres et il refusait d’en entendre parler, non plus que de l’étrange passion qu’avait été l’écriture, pendant si longtemps, peut-être depuis toujours, et qui l’avait conduit jusque chez nous, ayant laissé derrière lui des terres incendiées et continuant à brûler tout ce qui se rapportait à son passé, comme ce mercredi de novembre où je l’avais trouvé non pas dans la salle de classe ni dans sa cuisine mais dans le petit pré de derrière, en train de mettre le feu à des papiers, des lettres, des cartes postales, des coupures de presse, tout ce qui avait trait à ce qu’il appelait, avec l’air de cracher dans l’eau, sa « vie littéraire ». » (p.111)   

 
Autant le dire simplement : Richard MILLET est un grammairien qui rédige des fiches indigestes ; avec lui, la littérature vous reste sur l’estomac. En tant que flic de la syntaxe, ce corrézien a sans doute des compétences, mais en tant que romancier, nous l’encourageons à persévérer.  

 
Alexandre Anizy

"Les années" d'Annie ERNAUX

Publié le par Alexandre Anizy

En janvier 2008, Annie ERNAUX revenait sur les tables des libraires avec « les années » (Gallimard, 242 pages, 17 €). Bien que nous ayons lu un ou deux articles réservés, nous décidâmes de feuilleter l’album tamisé d’un passé récent, parce que cet écrivain n’était pas une inconnue, parce qu’il nous avait intéressés autrefois avec « une place » et « passion simple » (en poche Folio). 

« La distance qui sépare le passé du présent se mesure peut-être à la lumière répandue sur le sol entre les ombres, glissant sur les visages, dessinant les plis d’une robe, à la clarté crépusculaire, quelle que soit l’heure de la pose, d’une photo en noir et blanc. » (p.65)

Sous une ligne mélodique fluide, nous retrouvons la précision qui parfois confine à la sécheresse. C’est du moins le souvenir que nous gardons des anciens textes d’Annie ERNAUX. Malheureusement, ce livre n’apparaît que comme la collation furtive d’instantanés fugaces qui, parce qu’elle émane de cet auteur, ne peut être ni anodine ni ennuyeuse.  

Qu’on ne se méprenne pas : un seul texte d’Annie ERNAUX vaut plus que toutes les foutaises narcissiques d’une Christine ANGOT, par exemple.

 
Mais pour cet auteur talentueux, « les années » ne seraient-elles pas de trop, comme on le dit d’un combat pour un boxeur ? 

 
Alexandre Anizy


Yann QUEFFELEC et les "noces barbares" facultatives

Publié le par Alexandre Anizy

Parce que nous venions de lire le dernier polar de Gérard LAVEAU, « nocturne barbare » (voir notre note du 27 avril 2008), nous eûmes la curiosité de revoir LE livre qui permit à Yann QUEFFéLEC de s’installer sur la scène littéraire française : « les noces barbares » (Gallimard, 309 pages) qui obtint le prix Goncourt 1985.

Et puis, dans le Figaro du 31 juillet 2008, nous lisons l’article de Jean-Claude LAMY titré « Yann QUEFFéLEC, une gueule d’écrivain ». Encore une fois reprise, l’anecdote, selon laquelle la directrice littéraire Françoise VERNY aurait dit « Vous avez une gueule d’écrivain, il faut que vous écriviez », est une belle histoire racontée depuis plus de 20 ans maintenant, mais comme cette papesse de l’édition ne dédaignait pas les méthodes triviales du marketing pour « lancer » un jeune auteur, nous la prenons pour ce qu’elle est. Nous remarquons cependant que, pour un homme qui découvre sa vocation d’écrivain au contact de cette dame, la révélation nous paraît tardive et incongrue, puisque sa profession de journaliste littéraire au Nouvel Observateur ne pouvait pas être le fruit du hasard pour le fils de l’écrivain Henri QUEFFéLEC.    

Nous nous souvenons. A l’époque, on glosait sur la scène du viol dans le premier chapitre : il a résisté à la patine du temps.
Pour le reste, beaucoup de dialogues accentuant l’ambiance glauque de cette histoire. De ce point de vue, il est toujours dans le coup.

 
Depuis ce succès, Yann QUEFFéLEC a dû progresser : moins de tirets, plus de matériaux.

 
Alexandre Anizy

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