Féroce récession américaine : la faute à Alan GREENSPAN

Publié le par Alexandre Anizy

Dès le mois de septembre 2007 (lire nos notes du 17 septembre, 20 septembre et 4 octobre), nous pressentions la crise. Dans la note du 10 décembre, nous annoncions les dégâts et les perspectives noires. Les choses se confirment maintenant.

 
Donnons quelques chiffres de l’économie américaine :

  • Le prix des maisons chuterait à un rythme annuel de 11 %,
    • soit une perte virtuelle de 2.200 Milliards,
    • soit une baisse de la consommation de 100 Milliards ;
  • la consommation, c’est 70 % de l’économie : les ventes au détail ont connu leur plus forte baisse depuis 6 mois avec 0,4 % en décembre (y compris hors automobile) ;
  • le chômage passe de 4,7 à 5 % en décembre ;
  • l’inflation s’élève à 4,1 % en 2007 ;
  • les taux d’intérêt à 10 ans sont déjà en dessous du taux d’inflation.

Autrement dit, relancer l’économie par une baisse des taux ne suffira pas.

« Les économistes ne prédisent jamais les récessions. Ils les reconnaissent quand elles sont déjà là. Celle qui se profile sera certainement la plus féroce depuis la Seconde Guerre Mondiale. » Dean BEAKER (économiste américain ; Libération 17 janvier 2008)

 

Pour Alan GREENSPAN, ex patron de la FED (Wall Street Journal du 15 janvier) : « Clairement, les symptômes sont là. Les récessions n’arrivent pas doucement. Elles se signalent généralement par une discontinuité sur le marché, et il est tout à fait possible de décrire ainsi les chiffres des dernières semaines. »
Personne n’aurait vu venir cette crise, si on croit Alan GREENSPAN. Ce qui n’est pas le cas de Dean BEAKER :

« Et qui a lui-même contribué à la laisser arriver en encourageant la bulle : Alan GREENSPAN, l’ex boss de la FED. Il a ignoré les conseils de régulation du marché du crédit, qui aurait pu limiter les abus. Aujourd’hui il réécrit l’histoire en tentant de s’exonérer. Il dit qu’il ignorait le scandale des subprimes ou qu’il n’a pas été prévenu. Il n’a pas d’excuse pour une telle négligence, un tel laisser-faire dicté par le seul souci d’enrichir les plus riches … » (Libération, idem)

Alan GREENSPAN est le digne successeur du monétariste « pur et dur » Paul VOLCKER qui sévissait à la tête de la FED du temps de REAGAN : le voilà rhabillé pour l’hiver !

 

Les fonds d’investissement souverains surgissent de partout pour sauver les plus grandes banques qui n’ont pas le choix.
« Elles sont, dans l’ensemble, dans une situation désespérée. Il leur fallait du cash, des liquidités. » Dean BEAKER (Libération, ibidem)
La Présidence Républicaine et le Congrès Démocrate « (…) ne stopperont pas la récession, tout juste l’édulcoreront-ils. » Dean BEAKER (Libération, ibid.)

 

 
Suite à l’appel à l’aide du patron de la FED Ben BERNANKE, qui reconnaissait que la banque centrale ne pourrait pas à elle seule empêcher le plongeon de l’économie américaine, le Président BUSH vient de présenter un plan de stimulation économique estimé à environ 1 % du PIB, soit 145 Milliards de dollars. Les ¾ seraient alloués aux ménages.

Selon le Secrétaire au Trésor Henry PAULSON, son principal artisan, ce plan de relance fiscale répond à un besoin urgent et il satisfait la règle d’or des « 3 T » : timely, targeted, temporary (bon moment, ciblé, temporaire). Il va même plus loin que la proposition du démocrate SUMMERS (chiffrée à 75 Milliards).

Les réactions à ce plan :

  • Bourse Wall Street clôturait vendredi soir avec un indice DOW JONES en recul de 4,2 % sur la semaine ;
  • Les présidentiables démocrates OBAMA et CLINTON jugent le paquet fiscal  insuffisant.

A notre avis, ce plan ne pourra obtenir qu’une stagnation en 2008.

 

 
Nous tenons à souligner le pragmatisme des Américains : le bon fonctionnement de l’économie de marché est au-dessus des batailles doctrinaires, idéologiques.

L’idée d’une action conjuguée du Gouvernement et de la FED a été émise dans un 1er temps par Martin FELDSTEIN (ancien conseiller économique de REAGAN et inspirateur de BUSH) et dans un 2ème temps par Lawrence SUMMERS (dernier Secrétaire du Trésor de CLINTON).
Ils estiment tous les deux que les taux de la FED pourraient passer de 4,25 % à 3 % en 2008, mais que ce ne sera pas suffisant : l’exemple japonais des années 90 où la politique de taux zéro a grippé les circuits du crédit reste dans les mémoires.
Par ailleurs, ils ne méconnaissent pas les effets sur le taux de change du dollar, qui pourrait chuter suite à une politique d’argent bon marché.

Rappelons ici que l’OCDE, avant même cette relance fiscale, chiffrait déjà le déficit budgétaire américain à 3,4 % du PIB, qu’il faut comparer au déséquilibre de 0,7 % en moyenne de la zone euro.

 
Comme les Américains, les archaïques de la BCE et l’oligarchie européenne devraient abandonner leur dogme libéral pour agir dans leur propre intérêt, qui n’est pas forcément identique à celui des populations.

 
Alexandre Anizy