L'échec du rail (RFF) : un aveuglement des eurocrates
Pour satisfaire aux conditions du grand marché intérieur européen, une œuvre présentée par le social traître Jacques DELORS assisté d’un certain Pascal LAMY qui sévit aujourd’hui à la tête de l’OMC selon le bon vouloir des Etats-Unis, la Commission émit une Directive en vue de l’ouverture à la concurrence et la réforme fut votée en 1997 : pour simplifier, disons que les infrastructures ferroviaires furent logées dans la société créée Réseau Ferroviaire de France (RFF) et que l’exploitation commerciale fut attribuée à la SNCF.
La Cour des Comptes vient de publier un rapport de 170 pages.
« La séparation des rôles entre le gestionnaire des infrastructures RFF et la SNCF a créé de sérieux dysfonctionnements. »
D’emblée, soulignons que dès sa création, RFF a reçu une grosse partie de la dette de la SNCF (20 Milliards d’euros) alors que ses revenus ne couvrent pas la charge de cette dette, à laquelle s’ajouteront 7 Milliards d’euros en 10 ans pour les nouvelles lignes de TGV : les frais financiers de RFF s’élèvent à 1,4 Milliard d’euros. En 2007, RFF a perdu 800 millions quand la SNCF afficha un bénéfice de 1 milliard d’euros.
Vous avez bien lu : on peut dire que dès 1997 des hauts fonctionnaires (énarques sans doute) ont préparé pour le gouvernement de l’époque un plan de développement pour RFF, où les recettes n’équilibraient pas les dépenses.
Grâce à ce rapport de la Cour des Comptes, le Président de RFF Hubert du MESNIL peut parler sans fard : « (…) l’organisation du système ferroviaire français n’a pas trouvé son équilibre économique (…) son avenir n’est pas assuré. Il faut trouver les moyens pour que le réseau soit mieux entretenu, plus performant et mieux utilisé. »
Concrètement, que se passe-t-il sur le terrain pour RFF ?
Sur 30.000 km de voies ferrées, les 1.800 km des lignes TGV sont impeccables ; ailleurs, sur 1.300 km, la dégradation est telle que la SNCF a limité la vitesse des trains ; ailleurs, 13.600 km sur lesquels circulent 6 % du trafic, l’état est mauvais.
Comme dit la Cour des Comptes, il va falloir rénover lourdement et rapidement.
Comment un RFF démuni peut-il entreprendre ces travaux ?
En augmentant ses péages ? Surtout pas, nous dit la Cour des Comptes : « La solution n’est pas d’augmenter les péages jusqu’au point d’équilibre pour RFF (…) », puisque la SNCF répercute automatiquement le coût dans ses prix de vente, ce qui feraient fuir des clients !
Non, il existe un moyen plus indolore, plus discret (si on peut dire) : si l’Etat retire 13 Milliards de dette à RFF, on peut commencer à entrevoir un équilibre pour cette société … Le contribuable paiera.
Mais la question de fond est la suivante : soit la société RFF est réintégrée dans la SNCF, en tant que filiale autonome, comme c’est le cas dans la DB allemande, soit elle devient un vrai gestionnaire d’infrastructure en récupérant les 55.000 cheminots chargés de l’entretien des voies et de la circulation des trains.
Se bercerait-on encore d’illusions, rue Cambon ?
Nous ne le pensons pas. Mais il faut bien maintenir le cap européen …
D’aucuns comme Stéphane LEBLANC du syndicat Sud-Rail préconisent carrément l’abrogation du démantèlement de 1997 : on peut toujours demander, mais fonder une action syndicale sur cette revendication serait une aberration.
(Sur le même thème, puisqu’il existe un Réseau de Transport d’Electricité (RTE), nous vous rappelons notre note du 3 juillet 2007 « Boycotter les distributeurs privés d’électricité »)
Alexandre Anizy